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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 11:27

Affaire Flora

par Jean-Marie Guillon

Extrait du Dictionnaire historique de la Résistance

(chapitre Evènements et actions, face à la répession, p.771)

Sous la direction de François Marcot

Coll. Bouquins, Robert Laffont

 

Le rapport «Flora» daté du 19 juillet 1943, dresse le bilan de l’une des opérations de répression de la Résistanceles plus importantes menées par la Gestapo en zone sud. Etabli par Ernest Dunker, Delage, agent de la Sipo-SD (Sicherheitspolizei-Sicherheistsdients, police de sécurité et service de sécurité) de Marseillen section IV, sa désignation dérive du premier nom prté sur une liste de 2410 résistants ou résistantes, souvent de premier plan : celui de l’épouse du radio Auguste Floiras (réseau Jockey du Special Operations Executive). La liste énumère d’abord les 122 personnes arrêtées dans la région R2 (Marseille) entre le 14 mars et le 4 juillet 1943 (dont 17 relâchées faute de charges suffisantes), puis les 10 arrêtées ou identifiées dans le cadre d’une autre affaire et les 108 identifiées et parfois déjà aux mains de la police française (3), de l’Organisation de vigilance et de répression de l’antifascisme (5) ou des Allemands hors de R2 (10). Les états-majors de Mouvements unis de Résistance (MUR) à Marseille, Toulon, et Nice sont décapités. A part le colonel Duboin, chef régional de l’Armée secrète qui choisit de se suicider, la plupart des résistants arrêtés seront déportés. Parmi eux, l’écrivain Benjamin Crémieux, ancien président du Pen Club, chef régional NAP et SR (Noyautage des administrations publiques et Service de renseignements), le chef régional maquis Wexler, le chef régional du réseau Gallia, Verviers, le leader syndicaliste marin Ferri-Pisani. Maurice Chevance-Bertin, chef-régional MUR qui est parvenu à s’échapper, est identifié, ainsi que d’autres responsables, et doit changer de région.

L’ampleur de l’affaire est due au retournement de cinq résistants arrêtés et passés au service de la Gestapo. La trahison la plus grave est celle de Jean Multon, Lunel, secrétaire de Chevance ? «Prêté» le 24 mai au SD de Lyon, il permet de faire arrêter Berty Albrecht, René Hardy, le général Delestraint et le colonel Gastaldo, Jean-Pierre Levy, Henri Frenay, Henri Aubry et Raymond Aubrac sont identifiés, tout comme Jean Moulin qui porte le n° 54. Le rapport Flora découvert au siège du SD marseillais en septembre 1944 sera l’une des pièces à charge majeures dans les procédures intentées contre René Hardy qui, avec le n° 106, est présenté comme «agent double de l’Einsatz Kommando de Lyon». Par ailleurs, me rapport, après avoir fait un état du matériel saisi et présenté un tableau assez précis de l’organisation nationale des Mouvements unis de Résistance, conclut que ceux-ci «restent sans direction» et que «leur activité est paralysée pour les temps prochains». Il pronostique même leur «mise en pièces» après l’arrestation de résistants identifiés (ce qui se produira pour treize d’entre eux). Sur tous ces derniers points, il se trompait.

 

                                                                                  Jean-Marie Guillon

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 11:26

 

 

Rapport Flora

 

S'il venait, venait un homme, venait un homme,

au monde, aujourd'hui, avec la barbe de clarté des patriarches:

il devrait, s'il parlait de ce temps, il devrait bégayer seulement,

bégayer, toutoutoujours, bégayer.

Paul Celan


Nous reproduisons ci-dessous la copie du document connu sous le nom de rapport Flora. Il s’agit de la version traduite de l'allemand, figurant aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône sous la cote 56 W 14. Quelques notes explicatives seront ajoutées par la suite, provenant de l’édition critique du rapport traduit et publié par Madeleine Baudoin (Témoins de la Résistance en R2, Aix-en-Provence, thèse Université de Provence, tome 2, p. 67-118)

Jean Pétré figure dans ce rapport au numéro 84.

 

 

Rapport Flora

 

Première page de la traduction du rapport Flora figurant aux archives départementales des Bouches-du-Rhône

 

+

 

 

ANTENNE SIPO DE MARSEILLE

SA – IV E 3 – 899/43 g

SECRET                                                                                                 Marseille, le 19 juillet 1943

 

 

 

RAPPORT FINAL DE L’ENQUÊTE SUR L’AFFAIRE «FLORA»,

CONCERNANT LES MOUVEMENTS DE RÉSISTANCE GAULLISTE

OU «MOUVEMENTS UNIS DE RÉSISTANCE »

EN FRANCE

 

AFFAIRE «FLORA»

 

S’étend à 18 régions, désignées par l’Organisation de Résistance sous le nom de Région Memphis, avec ses départements :

Memphis 1 – Marseille

Memphis 2 – Bouches-du-Rhône

Memphis 3 – Var

Memphis 4 – Alpes-Maritimes

Memphis 5 – Vaucluse

Memphis 6 – Basses-Alpes

Memphis 7 – Hautes-Alpes

Memphis 8 – Gard

 

Cette région est l’ancienne «Région R 2 Combat». Les 3 départements, Bouches-du-Rhône, Var et Alpes-Maritimes, ont été nommés «Région Azur» par la Libération. L’affaire «Flora» s’étend de plus à la région désignée sous le nom de «Région théâtre» par la Libération, à cause du célèbre théâtre romain d’Orange. Cette Région théâtre comprend : départements Ardèche, Drôme, Vaucluse.

Du 14 mars au 4 juillet 1943, 120 personnes ont été appréhendées. Après accord, 2 se sont présentées volontairement, soit un total de 122 personnes.

 

Ont été relaxées ………………………………………………………….        17 individus

Ont été utilisés comme contre-agents ……………………………………       5

Passé à une autre affaire …………………………………………………       1

Décédé …………………………………………………………………..                     1

Se trouvent à l’hôpital ……………………………………………………       3

Remis à la Police italienne pour suite d’enquête …………………………     18

Pour confrontations ………………………………………………………

Gardés au Service ………………………………………………………..        2

Transporté à Fresnes, le 14 juin 1943, Crémieux, ……………………….      1

Transportés à Fresnes en groupe le 28 juin ……………………………….     35

Seront transportés en groupe à Fresnes …………………………………..      39

                                  

                                   Total …………………………………………….         122

 

L’Affaire «Flora» a débuté le 14 avril 1943, par un renseignement découvert par hasard le 10 mars 1943 dans une boîte aux lettres de l’affaire «Acropolis» et qui parlait de 7000 recruts dont 4000 étaient sûrs et portant l’adresse : Floiras, 9 rue Vitalis, Marseille. L’interrogatoire des personnes arrêtées, l’utilisation de cinq contre-agents et de deux boîtes aux lettres de l’Organisation ont permis de poursuivre les arrêtés les uns après les autres ; cependant, le travail a été rendu difficile par le fait que la plupart des membres de l’Organisation n’étaient connus que par leurs alias et que ce n’est que rarement que l’on savait leurs adresses. Des 122 inculpés, 105 ont été convaincus d’être des membres actifs, des auxiliaires, ou d’être au courant de l’Organisation.

 

I- Femme Floiras, née Matteo, Thérèse, française, mariée, catholique, née le 24 juin 1898 à Marseille, ménagère, domiciliée 9 rue Vitalis à Marseille. Arrêtée le 17 mars 1943 dans l’affaire «Acropolis». Mise à la disposition de cette affaire. Femme du radio-télégraphiste, formé à Londres et enfui, Floiras, alias Dechamp et mère de Floiras Lucien, alias Dartois. Connue dans l’affaire Grössfurst au BdS Paris. Cette femme connaît plusieurs agents et a pu pendant les deux heures de liberté qui lui ont été laissés avertir toutes les organisations. Transférée le 28 juin 1943 à Fresnes dans un convoi.

 

2- Sa fille Floiras Paulette, célibataire, catholique, née le 27 juin 1917 à Marseille, sans profession, domiciliée 9 rue Vitalis à Marseille. Arrêtée le 14 avril 1943. A reconnu avoir intentionnellement attiré la police allemande sur une fausse piste. De plus, aide à avertir l’Organisation. C’est par elle que nous avons obtenu l’adresse de Castelli. En rapport avec l’affaire «Grossfürst» Paris. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

3- Simon, Marcel, français, marié, catholique, né le 30 juillet 1910 à Amiens, inspecteur de police et secrétaire du chef de la police judiciaire de Marseille, domicilié 2 rue des Forges, La Capelette à Marseille. Arrêté le 15 avril 1943. A falsifié les papiers d’identité de collègues d’organisations. En rapport avec l’affaire «Grossfürst» Paris. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

4- Pappert, Georges, français, marié, catholique, né le 30 décembre 1892 à Paris, architecte de la préfecture de Marseille, employé au ministère de la Guerre, domicilié 86 boulevard de la Madeleine à Marseille. Arrêté le 15 avril 1943. Membre influent de plusieurs organisations. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

5- Spiridigliozzi, née Essette, Suzanne, née le 12 avril 1909 à Mureaux, française, mariée, catholique, vendeuse, domiciliée 38 rue des Trois Mages à Marseille. Arrêtée la 15 avril 1943 chez Castelli. Femme du radio-télégraphiste Spiridigliozzi, actuellement en fuite. En rapport avec l’affaire «Grossfürst» Paris. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

6- Arnoux, Albert, français, marié, catholique, né le 28 janvier 1903 à Aix-en-Provence, radio-électricien, domicilié 13 rue François Donzel et 36 boulevard Lamartine à La Ciotat (B. du R.). Arrêté le 15 avril 1943 chez Castelli. Chef des Mouvements Unis de La Ciotat, courrier. A donné des renseignements ou a fait des déclarations sur un chef important de Saint Joriot (Haute-Savoie). Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

7- Beaujard, Louis, Alexandre, français, marié, catholique, né le 18 décembre 1877 à Paris, commandant en retraite, ingénieur, domicilié 85 rue des Moines à Paris XVIIe et 6 boulevard National à Marseille. Arrêté le 16 mars 1943 chez Castelli. Alias Monsieur le colonel, alias Lambert. Selon ses propres déclarations, chef de 10 recruts de l’Armée secrète. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

8- Femme Di Meglio, Blanche, française, célibataire, catholique, née le 30 octobre 1919 à Marseille, secrétaire chez Amphoux, domiciliée 32 rue Fortune Jourdan à Marseille. Arrêtée le 17 avril 1943. Au début, secrétaire et collaboratrice de Franc-Tireur. Devenue notre contre-agent sous le numéro ME 127 et relaxée le 21 avril 1943.

 

9- Amphoux, Léonce, Raoul, français, marié, catholique, né le 26 janvier 1888 à Saint-Joseph, Ile de la Réunion, domicilié 115 boulevard Notre-Dame à Marseille. Arrêté le 17 avril 1943 chez Castelli. Alias Renaud, chef départemental du Franc-Tireur dans les Bouches-du-Rhône. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

10- Castelli André, Joseph, français, marié, catholique, né le 17 janvier 1904 à Constantine (Algérie), tailleur, domicilié 31 rue Saint Bazile à Marseille. Arrêté le 15 avril 1943 dans le train Marseille-Paris. Agent boîte aux lettres. Centre de rassemblement de l’Organisation. En rapport avec l’affaire «Grossfürst» Paris. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

11- Femme Castelli, née Vachier, Marcelle, française, mariée, catholique, née le 20 janvier 1892 à Marseille, domiciliée 31 rue Saint Bazile à Marseille. Arrêtée le 15 avril 1943 dans le train Marseille-Paris. Femme de Castellli. Au courant de l’Organisation. En rapport avec l’affaire «Grossfürst» Paris.

 

12- Anfriani, Mathieu, français, marié, catholique, né le 14 novembre 1903 à Marseille, employé à la mairie, domicilié 26 boulevard Balthazar Blanc à Marseille. Arrêté le 19 avril 1943. Ancien membre du parti SFIO. Connu seulement jusqu’à présent comme étant au courant de l’organisation Franc-Tireur. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

13- Ferri-Pisani, Pierre, français, marié, catholique, né le 30 novembre 1903 à Marseille, secrétaire de la Navigation, politicien, journaliste, secrétaire du Syndicat des Alpes-Maritimes, domicilié 47 boulevard des Dames à Marseille. Arrêté le  19 avril 1943. Ancien chef du groupe SFIO des Bouches-du-Rhône. Fournisseur d’armes pour les Rouges espagnols. Chef politique de franc-Tireur des Bouches-du-Rhône. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

14- Secco, Jean, français, marié, catholique, né le 7 décembre 1902 à Marseille, employé à la mairie, commis de tramway, domicilié 46 rue Puvis de Chavannes à Marseille. Arrêté le 19 avril 1943. Ancien leader du groupe SFIO. Adjoint au chef de Franc-Tireur à Marseille Leca. Alias Laffont. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

15- Leca, Jean-François, français, célibataire, catholique, né le 29 septembre 1875 à Calenza (Corse), ancien conseiller municipal, domicilié 87 rue de la République à Marseille. Ancien leader du groupe SFIO. Franc-maçon de haut grade. Chef de Franc-Tireur à Marseille. Arrêté le 19 avril 1943. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

16- Colombani, Jean, français, marié, catholique, né le 9 février 1905 à Marseille, employé de mairie, domicilié 87 rue de la République à Marseille. Arrêté le 19 avril 1943. N’est connu jusqu’à présent que comme étant au courant de l’Organisation Franc-Tireur. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

17- Femme Colombani, Marie, française, célibataire, catholique, née le 31 janvier 1895 à Calenza, employée de mairie, directrice du Foyer d’enfants, domiciliée 87 rue de la République à Marseille. Arrêtée le 19 avril 1943. Au courant de l’Organisation Franc-Tireur. Transférée le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

18- Colombani, Antoinette, française, célibataire, catholique, née le 23 décembre 1901 à Calenza, employée de mairie, domiciliée 87 rue de la République à Marseille. Arrêtée le 19 avril 1943. Au courant de l’Organisation Franc-Tireur. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

19- Melidès, Constantin, naturalisé français, né le 21 mai 1915 à Samsounda en Turquie, marié, catholique, commerçant, domicilié 46 boulevard Rabateau à Marseille. Arrêté le 19 avril 1943. Chef de Groupe Franc à Marseille. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

20- Michel, Lucien, français, marié, catholique, né le 24 février 1905 à Marseille, représentant de commerce, domicilié 3 rue Lucien Rollmer à Marseille. Arrêté le 19 avril 1943. Alias Racine. Reconnu comme Franc-Tireur. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

21- Casta Antoine, René, français, marié, catholique, né le 26 septembre 1908 à Bastia (Corse), employé de mairie, domicilié 10 rue des Muettes à Marseille. Arrêté le 19 avril 1943. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

22-Cuzin Charles, français, marié, catholique, né le 5 août 1897 à Marseille, mécanicien, propriétaire d’une grande entreprise de serrurerie, domicilié 13 Montée-Montplaisir à Marseille. Arrêté le 20 avril 1943. Agent de l’Armée Secrète. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

23- Petit Roger, français, célibataire, catholique, né le 10 juillet 1921 à Marseille, employé à la préfecture de Marseille, domicilié 31 rue du Jardin des Plantes à Marseille. Arrêté le 20 avril 1943. Membre de l’Armées secrète. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

24- Pedot, Julien, Louis, français, marié, catholique, né le 24 janvier 1907 à Tourcoing (Nord), ancien adjudant-chef, domicilié 53 rue Parocel à Marseille. Arrêté le 22 avril 1943. Alias Louis. Il devait occuper les fonctions d’agent COPA. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

25- Femme Fabius, née Schmoll, Odette, française, catholique (?), née le 2 novembre 1910 à Paris, mariée, séparée de son mari, sans profession, domiciliée 4 Traverse Cas, quartier des Ecuries Decanis Saint Barnabé à Marseille. Arrêtée le 22 avril 1943. Auxiliaire de Franc-Tireur. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

26- Femme Depaillet, Marie, Henriette, française, célibataire, née le 21 mai 1914 à Ambert (Puy-de-Dôme), catholique, couturière, domiciliée 19 avenue Chabrier à Ambert (Puy-de-Dôme). Arrêtée le 22 avril 1943.Alias Henriette, courrier de COPA. Auxiliaire de Franc-Tireur. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

27- Vidal, Jean-Pierre, français (?), célibataire, catholique, né le 20 mai 1915 à Alger, navigateur, domicilié Hôtel Sainte Marie, 50 cours de Belzunce à Marseille. Identité jusqu’alors connue probablement fausse étant donné qu’il est officier anglais. Arrêté le 23 avril 1943. En rapport avec l’affaire «Grossfurst» Paris. Alias Jean-Pierre. Alias Gilles. Agent anglais de l’IS. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

28- Femme Experton, Yvonne, célibataire, catholique, française, née le 20 octobre 1901 à Le Puy (Haute-Loire), sans profession, domiciliée Hôtel Sainte Marie, 50 cours de Belzunce à Marseille. Après vérification, cette identité a été reconnue exacte. Arrêtée le 23 avril 1943. Agent de l’IS. En rapport avec l’affaire «Grossfurst» Paris. Transférée le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

29- Thiallier, Pierre, Antonin, français, marié (pendant sa détention le 22 juin 1943), catholique, né le 30 septembre 1912 à Paris, lieutenant d’aviation, domicilié 17 bis avenue Frédéric Mistral à Orange (Vaucluse). Arrêté le 24 avril 1943. Alias Robert. Chef régional de COPA (Région Théâtre et région Azur). Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

30- Morel, Roger, Léon, français, marié, catholique, né le 14 juillet 1905 à la Grand Luse (Sarthe), inspecteur de l’armée de l’Air avec rang de lieutenant, domicilié 1 rue des Tanneurs à Orange (Vaucluse). Arrêté le 24 avril 1943. Collaborateur du chef régional de COPA. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

31- Fontenaille, Jean, Emmanuel, français, marié, né le 30 novembre 1896 à Cahors (Lot), catholique, ingénieur des Ponts-et-Chaussées à Aix, domicilié 98 boulevarde Gambetta à Aix-en-Provence. Arrêté le 25 avril 1943 à Aix. Chef de COPA pour Aix et les environs. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

32- Plantier, Maurice, Paul, Max, français, marié, catholique, né le 8 mai 1913 à Venelles (B. du R.), infirmier dans un asile d’aliénés. Arrêté le 27 avril 1943 à Aix. Boîte aux lettres et agent de liaison de COPA et Combat. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

33- Frégier, Cyrille, français, marié, catholique, né le 28 novembre 1903 à Peynier, sans travail, domicilié 16 rue de Beaume à Marseille. Arrêté le 27 avril 1943 alors qu’il vidait la boîte aux lettres de l’Armée secrète. Courrier de l’Armée secrète. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

34- Femme Dorange, née le Coutey, Marie, Rose, française, née le 3 juillet 1911 à Saint Vaast-la-Houge, épouse divorcée, catholique, sans travail, domiciliée 15 boulevard Barnabé à Marseille. Arrêtée le 27 avril 1943 à la boîte aux lettres de l’Armée secrète. Transférée le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

35- Clavet, née Thomas, Jeanne, Marie, française, veuve, née le 2 mars 1895 à Marseille, catholique, employée de bureau, domiciliée 32 rue des Petites Maries à Marseille. Arrêtée le 28 avril 1943 à la boîte aux lettres de l’Armée secrète. Alias Zaza. Transférée le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

36- Donati, Fernand, Lucien, Charles, français, célibataire, catholique, né le 17 janvier 1900 à Marseille, chef docker, domicilié 7 rue Fortia à Marseille. Arrêté le 28 avril 1943. Alias Gateau. Courrier des Mouvements Unis. Transféré le 28 juin 1943 en convoi à Fresnes.

 

37- Duboin, Léon, Camille, français, marié, catholique, né le 14 mai 1882 à Nimes, colonel de réserve, domicilié 13 boulevard de Strasbourg à Toulon. Alias Camille. Chef régional de l’Armée secrète. Décédé le 28 avril 1943 dans nos services.

 

38- Femme Duboin, née Jaubert, Yvonne, Marie, française, mariée, né le 22 juin 1888 à Toulon, sans profession, catholique, domiciliée 13 boulevard de Strasbourg à Toulon. Arrêtée le 28 avril 1943 à Toulon. Complice et malgré ses dénégations, probablement auxiliaire du chef régional de l’Armée secrète. Sera transférée en convoi à Fresnes.

 

39- Brown, Léon, Charles, français, marié, catholique, né le 28 avril 1920 à Nice, ingénieur-radio, domicilié 74 boulevard de Cessole à Nice. Arrêté le 28 avril 1943 à Toulon. Alias Leroy, alias Brunet. Chef régional des Groupes Francs. Engagé le 24 ami 1943 comme contre-agent.

 

40- Arnoux, Robert, Paul, français, célibataire, catholique, né le 17 octobre 1907 à Marseille, représentant, domicilié 6 Vallon de la Baudille à Marseille. Arrêté le 28 avril 1943 à Toulon. Complice et probablement de l’Armée secrète. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

41- Multon, Jean, André, français, marié, catholique, né le 3 juillet 1908 à Preuilly-sur-Claise, dessinateur, domicilié à Civray (Vienne) et 103 rue Kleber à Marseille chez Madame Cochet. Arrêté le 28 avril 1943. Alias Lunel. Adjoint au chef régions de Combat, plus tard des Mouvements Unis. Employé depuis le 30 avril 1943 comme contre-agent par nos services et par la section de Lyon EK.

 

42- Salducci, Jean, Dominique, français, marié, catholique, né le 17 mai 1892 à Marseille, instituteur, domicilié 3 rue Urbain V à Marseille. Arrêté le 28 avril 1943. Editeur et distributeur du journal «Combat universitaire». Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

43-Crémieux (Père), Benjamin, marié, juif, né le 1er décembre 1888 à Narbonne, écrivain, domicilié 68 boulevard Notre-Dame à Marseille. Arrêté le 28 avril 1943. Alias Combe, alias Lamy. Chef régional du NAP et du SR. Transféré par erreur dans un convoi de Juifs. Son transfert à Fresnes pour BDS de Paris, IV E a été demandé le 14 juin 1943.

 

44- Michel, François, Barthélémy, français, marié, catholique, né le 12 octobre 1904 à Allauch-Marseille, coiffeur, domicilié 5 rue Antic à Marseille. Arrêté le 30 avril 1943. Boîte aux lettres et auxiliaire d’une organisation gaulliste. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

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«C’est comme une fatalité inévitable dans un groupe d’hommes qui se dévouent à la cause générale, que de voir surgir en leur sein l’un d’eux pareil aux autres et qui trahit. Judas était parmi nous, mais avant de trahir, il était pareil à nous. (…) C’est devant le dénouement d’une affaire comme celle-ci qu’on apprend à quel point fut atroce notre combat. Si pendant quatre ans, Chauvy [Hardy] était resté paisible et égoïste, peut-être que sa mère ne serait pas morte de chagrin, peut-être qu’il eût échappé à la torture physique ou morale à laquelle il a succombé, et aujourd’hui, il ne serait pas hors du monde comme il l’est déjà. Il s’est offert, il a lutté et parce qu’une fois, il a failli, il est perdu. Il n’avait que nous au monde. C’est tellement vrai qu’il n’a pas pu nous quitter, nous, dont il savait qu’un jour nous serions ses juges et quels juges, Seigneur ! qui frissonnons devant le gouffre où l’un de nous est tombé, l’un de nous pareil à nous».

 

  • P. Guillain de Bénouvile, Le sacrifice du matin, 1946, pp. 602-604

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 11:26

45- Femme Michel, née Salvatori, Assomption, française, mariée, née me 10 août 1901 à Sarramige d’Alba, catholique, coiffeuse, domiciliée 5 rue Antic à Marseille. Arrêtée le 30 avril 1943. Complice et gaulliste. Sera transférée en convoi à Fresnes.

 

46- Femme Delorme, née Romani, Agnès, Jeanne, française, née le 20 juillet 1890 à Bastia (Corse), veuve, catholique, employée de chemin de fer, domiciliée 5 rue Antic à Marseille. Arrêtée le 30 avril 1943. Distributrice de journaux gaullistes, fanatique. Condamnée à trois mois de prison par la police française pour activité gaulliste. A été transférée le 27 juin 1943 comme agent de renseignement à l’affaire Richard Kerken, IVE-PA II.42 43 g.

 

47- Calvelli, Jean, français, marié, catholique, né le 25 janvier 1895 à Bocognano (Corse), chef de bureau à la mairie de Marseille, domicilié 69 boulevard Camille Flammarion à Marseille. Arrêté le 3 mai 1943. Propagandiste et distributeur de journaux de Franc-Tireur. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

48- Bardini Amédée, Antoine, Louis, français, marié, catholique, né le 16 mars 1908 à Sartène (Corse), employé à la Défense passive, domicilié 20 rue Puvis de Chavannes à Marseille. Arrêté le 6 mai 1943. Membre actif de Franc-Tireur. Ancien socialiste SFIO. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

49- Koch, Marcel, Charles, français, marié, catholique, né le 30 mars 1902 à Paris, employé de la police, domicilié depuis le 9 février 1943 à Marseille. Arrêté le 11 mai 1943. A aidé Chevance, chef régional des Mouvements unis, à prendre la fuite et l’a soustrait à son arrestation par la police allemande. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

50- Berheim, Pierre, français, célibataire, demi-juif, né le 24 décembre 1912 à Epinal (Vosges), représentant de commerce, domicilié 81 avenue des Roches à Marseille, chez Monsieur Besson. Arrêté le 11 mai 1943. Alias Bernier, alias Lancien, alias Duparc. Adjoint au chef régional de NAP et de SR. Son interrogatoire occasionnera de nombreuses arrestations, aussi, Bernheim reste-t-il provisoirement à ma maison d’arrêt militaire de Marseille, en vue d’éventuelles confrontations.

 

51- Bouchon, René, français, marié, catholique, né le 15 octobre 1888 à Bône (Algérie), chef de bureau à la préfecture de Marseille, domicilié 219 rue Paradis à Marseille. Arrêté le 11 mai 1943. Chef principal du NAP de la préfecture de Marseille. Arrêté le 11 mai 1943. Sera transféré en convoi à

Fresnes.

 

52- Verviers, Maurice, français, marié, catholique, né le 15 décembre 1910 à Paris, dessinateur d’appareils de tirs de la Marine française, domicilié 1 rue de la Vigie à Toulon-La Mitre. Arrêté le 11 mai 1943 à Toulon. Alias Auclair, alias Muret. Chef régional du mouvement Libération et depuis la réorganisation, chargé du secrétariat MUR. Verviers a fait volontairement des déclarations sur le service de renseignements polonais de Toulon et reste à notre disposition pour contrôle de ses déclarations et éventuellement confrontation.

 

53- Baron, Marc, Charles, français, marié, catholique, né le 23 février 1892 à Marseille, adjoint au maire de Saint-Mandrier (Var), domicilié 4 rue Lieutaud à Toulon. Arrêté le 11 mai 1943 à Toulon. Secrétaire au secrétariat des Mouvements Unis (MUR). Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

54- Femme Baron, née de l’Echel-Pignouy, Yvonne, française, née la 21 octobre 1898 à Paris, mariée, catholique, s’intéressait à la Croix-Rouge française, domiciliée 4 rue Lieutaud à Toulon. Arrêtée le 11 mai 1943 à Toulon. Au courant du secrétariat des MURS. Sera transférée en convoi à Fresnes.

 

55- Femme Del-Fa, Yolonde, française depuis 3 ans, italienne de naissance, célibataire, catholique, sténotypiste, née le 24 décembre 1906 à Lyon, domiciliée 53 avenue Ortolan à Toulon. Arrêtée le 11 mai 1943 à Toulon. Alias Hélène. Secrétaire au secrétariat des Mouvements Unis. Sera transférée en convoi à Fresnes.

 

56- Gey, Gabriel, français, marié , catholique, né le 8 décembre 1915 à Vaugneray (Rhône), avant guerre étudiant, pendant la guerre officier d’aviation, puis représentant, domicilié 47 boulevard Saint Luois à Toulon-Le Mourillon. Arrêté le 11 mai 1943 à Toulon. Courrier entre Toulon et Lyon pour le secrétariat des MURS. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

57- Clary, Auguste, Baptistin, français, marié, catholique, né le 25 juin 1901 à Marseille, commissaire principal de police à Marseille, domicilié 178 rue d’Andioume à Marseille. Arrêté le 12 mai 1943. Alias Bertrand. Membre de Combat. Agent principal du NAP et du SR pour la police française. Protégeait l’organisation contre les arrestations. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

58- Le Couster, Charles, Paul, français, marié, catholique, né le 9 février 1902 au Havre, chef d’équipe docker, domicilié 20 boulevard Theodor Turner à Marseille. Arrêté le 15 mai 1943. Alias Le Normand. Alias Février. Chef courrier des Mouvements Unis. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

59- Wexler, Wolf, émigré russe jusqu’en 1933, juif, français par naturalisation, né le 21 décembre 1916 à Alexandrie (Egypte), célibataire, depuis le 5 février 1941 sans travail, domicilié 22 rue Longue des Capucines à Marseille. Arrêté le 13 mai 1943. Alias Manuel. Alias Verdet. Chef régional de guérillas dans le Maquis. Sera transféré à Fresnes par le prochain convoi.

 

60- Ziller, Pierre, Joseph, français, marié, juif, né le 9 février 1909 à Haguenau, juif-alsacien, domicilié Villa La Pergola avenue des Amandiers à Aix-en-Provence. Arrêté le 13 mai 1943. Alias Gauthier. Chef responsable de faux papiers. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

61- Donati, Félix, Louis, français, marié, catholique, né le 18 décembre 1921 à Marseille, cultivateur, domicilié Campagne Luc, Traverse de la Rose à Marseille. Arrêté le 17 mai 1943. Alias Félix. Courrier Mouvements Unis. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

62- Docteur Klotz, Boris, français, grands-parents alsaciens, né le 22 avril 1906 à Paris, célibataire, catholique, lieutenant jusqu’en février 1943, domicilié Villa Navet, rue Antoine Arthaud à Orange (Vaucluse). Arrêté le 13 mai 1943 chez Verviers à Toulon. Alias Boris. Alias Boyer. Chef régional de Libération, région Théâtre. Devait devenir inspecteur des Mouvements Unis pour le Vaucluse, les Hautes-Alpes et le Gard.

 

63- Curetti, Joseph, Raphaël, français, marié, catholique, né le 16 ami 1905 à Marseille, directeur de la maison Radium (affaire de charbon), domicilié 24 rue Masséna à Toulon. Arrêté le 13 mai 1943 par section de Toulon. Agent Franc-Tireur. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

64- Jaubert Jean, Louis, français, marié, catholique, né le 12 avril 1886 à Montevideo (Uruguay), propriétaire d’une imprimerie, domicilié 1 rue des Bons Voisins à Marseille. Arrêté le 17 mai 1943. Propriétaire de l’imprimerie où était imprimé le journal Combat et les documents nécessaires à l’établissement de faux papiers. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

65- Maisons, René, Louis, français, marié, catholique, né le 21 septembre 1916 à Montmort (Marne), comptable journalier, domicilié 39 rue Liandier à marseille. Arrêté le 18 mai 1943. Alias Neuville, Pierre. Alias Marcelle, Jacques. Alias Martineau, Raymond. Adjoint au chef régional de Groupe Franc, communiste, membre des Brigades internationales en Espagne. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

66- Riback, Henri, français, marié, catholique (?), né le 31 mars 1915 à Paris, mécanicien depuis longtemps sans travail, domicilié 33 rue Vitruve à Paris 20e. Arrêté le 20 mai 1943. Membre de l’Armée secrète, probablement courrier. Sera transféré  convoi à Fresnes.

 

67- Sourdeau, Jean, Louis, français, marié, catholique, né le 23 septembre 1889 à Raismes (Nord), domicilié boulevard des Dames à Marseille. Arrêté le 25 mai 1943. Alias Vinci. Chef de secteur ROP (Recrutement organisation propagande). Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

68- Collomb, René, Félix, Henri, français, marié, catholique, né le 27 mars 1899 à Grenoble (Isère), encaisseur d’assurance, domicilié 40 rue Alphonse Daudet à Marseille. Arrêté le 25 mai 1943. Membre de Combat. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

69- Valor, Vincent, Joseph, français, marié, catholique, né le 21 novembre 1898 à Alger, contre-maître mécanicien, domicilié 6 rue Dejean à Marseille. Arrêté le 25 mai 1943. Agent ROP. Sera transféré en convoi à Rennes.

 

70- Fiorillo, Louis, français, célibataire, catholique, né le 9 février 1921 à Marseille, laqueur, domicilié 37 rue Chateaubriand à Marseille. Arrêté le 25 mai 1943. Membre de Combat. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

71- Tatillon, Hughes, français, marié, catholique, né le 16 novembre 1909 à Marseille, employé à la mairie de Marseille, domicilié 36 rue Chaix à Marseille, arrêté le 25 mai 1943, chef de secteur de Combat. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

72- Crouzet, Docteur (père), Gaston, Jean, français, marié, catholique, né le 25 décembre 1881 à Saint Félix de Lodez (Hérault), médecin, domicilié 61 cours de Villiers à Marseille. Arrêté le 25 mai 1943. Chef de district ROP et adjoint au chef ROP de Marseille. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

73- Crouzet (fils), Robert, français, célibataire, catholique, n é le 21 avril 1910 à Aigues-Vives (Gard), employé de bureau dans une entreprise de construction, avant militaire, domicilié 61 cours de Villiers à Marseille. Arrêté le 25 mai 1943. Alias Bob. Membre de l’Armée secrète. Secrétaire de son père pour ROP. Serait chef de bataillon dans l’Armée secrète.

 

(Erreur de numérotation sur le tapuscrit)

 

74- Domino, Louis, Sidney, français, marié, catholique, né le 25 juin 1905 à Smyrne, Turquie, naturalisé depuis 1925, mécanicien et industriel, domicilié 5 rue Rougier à Marseille. Arrêté le 25 mai 1943. Agent de ROP. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

75- Beltrami, Francis, français, marié, catholique, né le 22 novembre 1914 à Bordeaux, étudiant en médecine, domicilié 44 rue Port-Saïd à Marseille. Arrêté le 26 mai 1943. Agent de ROP. Centre de rassemblement pour NAP. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

76- Trubelle, Marcel, Emile, français, marié, catholique, né le 9 août 1894 à Tunis, professeur d’anglais à l’Ecole supérieure de commerce de Marseille, domicilié 42 rue Jaubert à Marseille, Arrêté le 25 mai 1943. Agent de ROP. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

77- Trubelle (fille), Marcelle, Gisèle, française, née le 10 janvier 1920 à Tunis, célibataire, catholique, sans profession, domiciliée 42 rue Jaubert à Marseille. Arrêtée le 26 mai 1943. Agent de recrutement pour Combat. Sera transférée en convoi à Fresnes.

 

78- Femme Marenco, née Ghiande, Angèle, Marguerite, née la 11 juillet 1905 à Toulon, française, mariée, catholique, fruitière, domiciliée Villa les Treilles, route du Cap Brun à Toulon. Arrêtée à Toulon le 25 mai 1943. Femme du chef départemental de Groupe France, a opposé de la résistance à nos hommes et ainsi permis la fuite de son mari. Sera transférée en convoi à Fresnes.

 

79- Baroso, Roger, français, célibataire, catholique, né le 6 juillet 1926 à Toulon, étudiant, domicilié villa de Treilles, route du Cap Brun à Toulon. Arrêté le 25 mai 1943 à Toulon. Beau-fils de la femme Marenco, complice de l’Organisation. A tiré sur un de nos interprètes qui s’était présenté comme policier allemand. Alias Morano. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

80- Ullmann, Jean, Félix, français, veuf, catholique, né le 21 janvier 1900 à Mulhouse, Jude (?), employé au bureau du ravitaillement à Toulon, domicilié 5 clos Fleuri à Toulon. Arrêté le 26 mai 1943 à Toulon. Chef départemental Franc-Tireur (Var). Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

81- Femme Hérivaux, (Mère), née Vidalhan, Alice, Marie, née le 5 mai 1905 à Astafford (Lot-et-Garonne), française, mariée, catholique, domiciliée 2 place du 4 Septembre à Marseille. Arrêtée le 15 mai 1943. Membre actif des Mouvements Unis. Lieu de rassemblement des MURS. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

82- Zenatti, André, Marcel, Léon, français, marié, né le 31 mars 1912 à Paris, catholique, ingénieur électricien, domicilié 20 rue Daniel Guillebert à Carpentras (Vaucluse) et 36 rue de Rome à Marseille. Arrêté le 23 juin 1943. Alias Aubert, alias Duquesnoy Marcel. Chef du 2e bureau de l’Armée secrète des Bouches-du-Rhône. Parmi les documents saisis chez lui, ne manque presqu’aucune indication concernant les formations d’occupation. N° secteur postal de Marseille. Pièces d’artillerie ou indications concernant agents de nos services ou sur les navires se trouvant dans le port. Opéré le 14/7/1943 à l’hôpital de Marseille de l’appendicite et de la péritonite, n’est pas encore transportable et restera jusqu’à guérison à l’hôpital Salvator.

 

83- Duprat, Jean, Henri, Eugène, français, marié, catholique, né le 22 août 1915 à Aubagne (Bouches-du-Rhône), professeur, domicilié 22 rue de Nau à Marseille. Arrêté le 30 juin 1943. Alias Miage, alias Dupuis, Ernest. Chef de secteur de Combat de Marseille. Chef d’un groupe des Basses-Alpes. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

84- Pétré Jean, français, célibataire, catholique, né le 27 octobre 1896 à Saint-Jean-Pied-de-Port, capitaine de réserve, contrôleur des Postes, président de l’Amicale du 141e Régiment d’infanterie à Marseille. Alias Chardon, Roland. Domicilié 7 rue Puget à Marseille. Arrêté le 4 juillet 1943. Chef de régiment de l’Armée secrète. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

85- Barbier, Henri, Eugène, français, célibataire, protestant, né le 28 novembre 1914 à Valentigney, professeur de mathématiques, domicilié 42 Grand-Rue à Valentigny (Doubs) et 15 rue de la Rozière à Marseille Saint-Julien. Arrêté le 4 juillet 1943. Alias Juillard. Chef régional de COPA. Sera transféré en convoi à Fresnes.

 

86- Berg Raymond, Gabriel, Léon, français, marié, catholique, né le 19 septembre 1904 à Malzeville (Meurthe-et-Moselle), inspecteur de la Sûreté à Marseille, domicilié 6 rue Edmond Dantès à Marseille. S’est présenté volontairement au Service le 13 ami 1943. Alias Raymond. Auxiliaire de Combat et NAP. A présent employé comme agent au Service sous le N° 137-Me.

 

87- Lanot Henri, français, marié, catholique, né le 12 novembre 1913 à Avignon, inspecteur de police et sous-chef de la police judiciaire à Marseille. Domicilié 6 rue Edmond Dantès à Marseille. S’est présenté volontairement au Service le 13 ami 1943. Alias Henri. Auxiliaire de Combat et NAP. A présent employé comme agent au Service sous le N° Me 136.

 

88- Bardi de Fourtou, Joseph, François, français, né le 8 septembre 1866 à Marseille, général en retraite, marié, catholique, domicilié 13 avenue des Orangers à Nice. Arrêté le 29 mai 1943 par nos soins, en collaboration avec la police italienne de Nice. Chef régional de Groupe Franc jusqu’en février 1943, puis chef départemental de l’Armée Secrète des Alpes-Maritimes. Alias Fournier, Alias Bouvier. Pour continuation d’enquête pour compte des Italiens, est incarcéré à Nice.

 

89- Femme Bardi de Fourtou, née Nervegno, Henriette, Marguerite, française, née le 29 septembre 1908 à Nice, mariée, catholique de nationalité italienne avant son mariage, domiciliée 13 avenue des Orangers à Nice. Membre actif de Groupe Franc et de l’Armée Secrète.

 

90- Seguin, Pierre, André, français, marié, catholique, né le 27 février 1905 à Montilla, commerçant, domicilié 33 rue Gioffredo à Nice. Alias Pierre. Chef départemental de Groupe Franc, adjoint au chef départemental de l’Armée Secrète des Alpes-Maritimes.

 

91- Simonin, français, marié, juif alsacien, né le 31 mai 1897 à Schirmeck (Alsace), domicilié Hôtel Frank rue Paganini à Nice et rue Fabre, Vieille Chapelle à Marseille. Alas Sermay Roger. Alias Deschamps. Alias Bonal. Agent de liaison du chef du MUR.

 

92- Allègre, Jean, Ambroise, français, marié, catholique, né le 7 avril 1896 à Colmars (Basses-Alpes), instituteur et journaliste, domicilié 8 quai Saint-Jean-Baptiste à Nice. Chef de l’Armée Secrète de la ville de Nice.

 

93- Susini, François, Antoine, Emile, français, célibataire, catholique, né le 9 août 1922 à Gonfaron, étudiant, domicilié 41 boulevard de Cimiez à Nice. Chef de trentaine de l’Armée secrète. A appartenu d’abord à Combat.

 

94- Flavian, Konrad, juif roumain, marié, né le 30 juin 1902 à Bucarest, lieutenant dans l’Armée française, domicilié 125 avenue de Malakoff à Paris et Atlantic-hôtel, boulevard Victor Hugo à Nice. Avant, portait le nom de Fischer et son père aurait changé à Burarest avec l’aide du ministère. Alias Murat. Chef de l’Armée secrète en sa qualité de président de l’Amicale de la Légion étrangère. Utilisait ses amis et son service pour le recrutement et l’instruction à la mitraillette. Disposait d’une quantité d’armes et d’explosifs et avait recruté 48 membres.

 

95- Schick, Alexandre, juif russe (?), marié, catholique, né le (manque) 1897 à Moscou, écrivain sans travail, domicilié 13 avenue (manque) à Nice. Agent de recrutement à l’Amicale de la Légion étrangère.

 

96- Hohenberg, Gerhard, juif tchèque, né le 29 janvier 1917, depuis trois ans sans travail, domicilié 34 rue de la Buffa à Nice. Agent de recrutement à L’Amicale de la Légion étrangère.

 

97- Weise, Jeno, Expole, juif, né le 9 mai 1912 à Budapest, depuis (manque) sans travail, domicilié 3 rue Antoine Gauthier à Nice. Agent de recrutement de l’Amicale de la Légion étrangère.

 

98- Geismar Raymond, Paul, français, juif, né le 18 août 1908 à Paris, ancien lieutenant, étudiant à Grenoble, domicilié 71 rue (manque) à Nice. Donnait l’instruction à la mitraillette à l’Amicale de la Légion étrangère.

 

99- Tzarevkan, Victor, roumain, juif, né le 1er janvier 1907 à (manque), depuis 1940 sans travail, domicilié 3 rue Dante à Nice. Agent de recrutement de l’Amicale de la Légion étrangère.

 

100- Szanto, Paul, tchèque, juif, né le 18 juillet 1919 à Zeline, (manque) travail depuis des années, domicilié 3 rue Alsace-Lorraine à Nice. Agent de recrutement de l’Amicale de la Légion étrangère.

 

101- Papo, Joseph, bulgare, juif, marié, né le 28 décembre 1907 en Bulgarie, cuisinier, domicilié villa Gauthier, place Guynemer à Nice. Agent de recrutement de l’Amicale de la Légion étrangère.

 

102- Pfeiffer, Joseph, hongrois, juif, célibataire, né le 25 septembre 1906 en Hongrie, traducteur sans travail, domicilié 57 rue de France à Nice. Agent de recrutement de l’Amicale de la Légion étrangère.

 

103- Femme Andrieux, née Hominal, Marcelle, française, née le 31 octobre 1881 à Toulon, propriétaire, veuve, catholique, domiciliée 25 boulevard Victor Hugo à Nice. Auxiliaire de l’Organisation. Entreposait dans sa demeure des armes, des munitions, des explosifs. A donné asile à des fugitifs.

 

104- Martin, Eugène, français, catholique, né le 10 août 1913 à Saint-Raphaël (Var), employé de mairie, sans travail, domicilié chemin des Arènes à Saint Raphaël. Alias Montagne. Chef de propagande pour Combat dans le Var et les Alpes-Maritimes

 

105- Roux, Pierre, français, catholique, marié, né le 5 mai 1916 à Nice, radio-électricien, domicilié 16 rue Paganini à Nice. Boîte aux lettres et courrier pour Combat et l’Armée Secrète.

 

Les N° 88 à 92 ont été arrêtés le 29 mai 1943 à Nice par notre Service accompagné de la police italienne.

Les N° 93 à 102 ont été arrêtés le 31 mai 1943 à Nice par notre Service accompagné de la police italienne.

Le N° 103 a été arrêté dans les mêmes conditions le 1er juin 1943.

Les N° 103 et 104 ont été arrêtés le 18 mai 1943 par notre Service, après entente avec la police italienne.

Les N° 88 à 105 sont incarcérés à Nice et par suite des difficultés de transfert, remis aux Italiens afin de continuation d’enquête. Les compte-rendus et les interrogatoires de ces 18 personnes ont été rédigés en allemand et en italien et le Service a remis aux Italiens un original et deux copies, en langue italienne, pour suites à donner.

Un fichier établi à l’Amicale de la Légion Etrangère et pourvu de photographies portant sur 501 membres, dont 90% sont des juifs en provenance de pays occupés d’Allemagne ou d’Italie, ont été remis à la police italienne avec prière de dissoudre cette association et d’arrêter les autres membres. Cependant, le 26 juin 1943, notre agent ME 133 nous informait que depuis les 18 arrestations opérées par nous à Nice, aucune autre ne s’était ensuivie. Après interrogatoire et vérification, 17 personnes dont les noms suivent, ont été relâchées, quelques-unes sous condition.

 

1- Vachiers, Raoul, français, marié, catholique, né le 21 mai 1891 à Marseille, commerçant, domicilié 54 rue Alphonse Daudet à Marseille. Arrêté le 15 avril 1943. Relâché le 22 mai 1943.

 

2- Femme Amphoux, née Latournerie, Hélène, française, née le 15 avril 1893 à Bayonne, mariée, catholique, domiciliée 115 boulevard Notre Dame à Marseille. Arrêtée le 17 avril 1943. Relâchée le 28 juin 1943.

 

3- Melidès, Anesti, grec, célibataire, catholique, né le 16 mars 1922 à Constantine, employé, domicilié 1 rue Chevalier Rose à Marseille. Arrêté le 19 avril 1943. Relâché le 21 juin 1943.

 

4- Femme Melidès, née Rolland, Marie, française, mariée, née le 12 août 1916 à Marseille, domiciliée 46 boulevard Rabateau à Marseille. Arrêtée le 19 avril 1943. Relâchée le 30 avril 1943.

 

5- Morel, Eugène, français, marié, catholique, né le 15 avril 1884 à Angers, journaliste, domicilié 76 rue de la République à Marseille. Arrêté le 23 avril 1943. Relâché le 22 mai 1943.

 

6- Femme Juvenal, née Fino, Marie, française, mariée, née le 21 juillet 1918 à Demonte, catholique, domiciliée 56 boulevard Aristide Briand à Aix. Arrêtée le 11 mai 1943. Relâchée le 28 juin 1943.

 

7- Docteur Donnier, français, marié, catholique, né le 16 octobre 1900 à Aix-en-Provence, médecin, domicilié 40 boulevard Notre Dame à Aix. Arrêté le 11 mai 1943. Relâché le 26 juin 1943.

 

8- Clair Raymond, français, célibataire, catholique, né le 30 (illisible) à Cannes, adjoint au préfet, domicilié 61 rue de la Rotonde à Marseille. Arrêté le 11 mai 1943. Relâché le 4 juillet 1943.

 

9- Bouchard, Paul, français, marié, catholique, né le 11 juillet 1908 à Marseille, directeur de clinique, domicilié 77 rue du Docteur Escat à Marseille. Arrêté le 11 mai 1943. Relâché le 12 mai 1943.

 

10- Femme Forer, née Mailhe, Germaine, française, mariée, née le 11 mai 1914 à Rodez Aceguon, employée de préfecture, domiciliée 1 rue Ferdinand Brunet à Marseille. Arrêtée le 11 mai 1943. Relâchée le 4 juillet 1943.

 

11- Femme Mercier, née Cantin, Yvonne, française, mariée, née le (manque) avril 1918 à Cherbourg, sténotypiste, domiciliée 5 rue Espère Andien à Marseille. Arrêtée le 11 mai 1943. Relâchée le 12 juillet 1943.

 

12- Femme Verviors, née Muls, Yvonne, française, mariée, née le 30 décembre 1910 à Paris, domiciliée 1 rue de la Vigie à Toulon. Arrêtée le 11 mai 1943. Relâchée le 22 mai 1943.

 

13- Femme Coutiere (belle-sœur de Verviers), Simone, française, célibataire, catholique, née le 15 décembre 1916 à Paris, domiciliée 1 rue de la Vigie à Toulon. Arrêtée le 11 mai 1943. Relâchée le 22 mai 1943.

 

14- Clerc, Paul, français, marié, catholique, né le 28 novembre 1884 à Bordeaux, secrétaire général des Amitiés africaines, domicilié 1 rue Jaubert à Marseille. Arrêté le 26 mai 1943. Relâché le 19 juin 1943.

 

15- Martin, Henri, français, marié, catholique, né le 8 mai 1901 à Cochorel, commerçant, domicilié 37 chemin de la Colette à Toulon. Arrêté le 27 mai 1943. Relâché le 14 juillet 1943.

 

16- Femme Hériveau (fille), Christiane, française, célibataire, née le 3 juillet 1926 à Bassari, étudiante, domiciliée 2 place du 4 septembre à Marseille. Arrêtée le 27 mai 1943. Relâchée le 15 juin 1943.

 

17- Blom, Robert, français, marié, catholique, né le 6 septembre 1902 à Bois-Colombes, ingénieur, domicilié 2 boulevard Delpin à Marseille. Arrêté le 31 mai 1943. Relâché le 4 juillet 1943.

 

Les recherches et les interrogatoires ont permis de connaître quantité de membres du MUR en plus de ceux qui ont été arrêtés à Paris en rapport avec l’affaire «Grossfürt» BDS de Paris.

 

1- Spoery, François, Henri, français, célibataire, né le 28 décembre 1912 à Mulhouse, architecte, domicilié 38 cours Mirabeau à Aix-en-Provence. Arrêté à la demande du Service de Marseille le 17 avril 1943. Transféré à Fresnes le 28 avril 1943. Agent principal à Aix.

 

2- Floiras, Auguste, français, marié, catholique, né en 1900 à Toulouse. Jusqu’en 1942, agent d’assurance à l’agence Véran, rue Vacon à Marseille, domicilié 9 rue Vitalis à Marseille. Floiras a suivi un cours de radio en Angleterre et revenu au mois d’octobre et depuis ce temps est radio et agent du MUR. Alias Dechamp, Marcel. En fuite depuis mars 1943.

 

3- Floiras (fils), Lucien, français, célibataire, catholique, né le 28 juin 1920 à Marseille, chez ses parents. Alias Dartois, Lucien. Agent et courrier de son père. En fuite depuis mars 1943.

 

4- Vian, Henri ou Victor, français, marié, catholique, domicilié 6 rue Vitalis à Marseille, a déménagé pour se rendre 9 rue des Vertus à Marseille. Agent de liaison de Floiras. Enfui depuis mars 1943 et maintenant arrêté.

 

5- Caldéro, rené, français, marié, a habité rue Joliette à marseille. Alias ERC. Radio et agent. Arrêté au début 1943 avec deux postes émetteurs par la police française qui a saisi les postes émetteurs  et remis probablement aussitôt Caldéro en liberté. Caldéro s’est établi à la Ciotat puis à Les Leques, aux environs de la Ciotat. En fuite depuis mars 1943.

 

6- Femme Vian, épouse du n° 4, mariée, catholique, 40 ans environ, domiciliée 92 (à vérifier) rue des Vertus à Marseille. A continué l’activité de son mari. Mise en surveillance et arrêtée par la suite.

 

7- Mantout, André, catholique, 50 ans, propriétaire d’une fabrique d’aiguilles à la Ciotat, domicilié Domaine de Bel Air, les Platanes à Aix, Tél : 414. D’après une lettre saisie et les indications de l’Agent, devait devenir chef de l’Armée Secrète étant donné qu’il était officier.

 

8- Fontange, Hôtel Mont Blanc, Saint-Gervais-les-Bains (Haute-Savoie), courrier qui conduit Arnoux à l’adresse suivante.

 

9- Grand Chef, grand, maigre, habite avec sa femme dans une ville située en face de la gare de Saint-Joriot (HauteSavoie).

 

10- Moskowsky, Marcel, 60 ans, 1,72 m, taille moyenne, cheveux gris, alias Chalinade, alias Hugues. Agent de renseignements anglais, n’a pas été appréhendé lors de l’arrestation de Vidal et de Experton, étant donné que l’on ne savait rien de lui. Le Service a entrepris des recherches au sujet de lui et de sa maîtresse Redon, caissière de nuit à l’Hôtel Sainte Marie, 5 cours de Belzunce à Marseille, qui se trouve maintenant à Paris.

Les numéros 2 à 5 ont été l’objet d’actives recherches jusqu’à présent sans résultat.

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 11:26

Autres membres du MUR reconnus dans l’Affaire «Flora»

 

1- Beinse, Pierre, français, marié, catholique, 28 ans, anciennement employé à l’Office du ravitaillement, domicilié quartier des Réformés à Marseille. L’Evêché peur donner l’adresse. Voir interrogatoire Simon. S’est fait faire une fausse carte d’identité pour ne pas être appelé au Service du Travail Obligatoire et en a demandé une pour un camarade.

 

2- Mentha, Daniel (?), français, marié, catholique, domicilié 4 rue François Fabier à Toulon (1er étage). Tél. Toulon 4420 ou 4220. Alias Daniel. Alias Mathil. Chef régional Franc-Tireur. En fuite depuis le 20 avril 1943 lorsqu’il a eu connaissance de l’arrestation de Amphoux.

 

3- Pivolo, un des deux frères du Commerce des Glaces «Glaces Pvolo», 58 rue Consolat à Marseille. Dépôt de Franc-Tireur.

 

4- Bredeau, Roger, français, marié, catholique, capitaine de la Marine marchande à la Compagnie de Navigation Fraissinet, rue Beauveau à Marseille, bureau de l’Armement, domicilié 10 lotissement de la Clémentine, Saint Barnabé à Marseille. Alias Maurel. Alias Herbé. Chef de l’Armée Secrète à Marseille. En fuite depuis les premières arrestations dans l’Affaire «Flora».

 

5- Véran, chef d’une agence de la rue Vacon à Marseille. Etait employeur de Floiras, voyage continuellement. Désigné par Amphoux comme membre important du MUR. Jean-Pierre Véran ou son collaborateur est chef du Service des Renseignements interalliés. Boîte aux lettres MUR.

 

6- Gros, Claude, français, marié, catholique, 42 ans, professeur de collège, domicilié 44 boulevard Périer à Marseille, 3é étage. Alias Lignon. Rencontré le 27 mai 1943 chez le Docteur Crouzet, chef de district et chef adjoint de ROP Marseille. Compte tenu de sa situation de professeur de collège et de personnalité bien connue à Marseille, a été laissé en liberté, étant donné qu’il soutient n’avoir jamais été membre actif et qu’il assura vouloir faire de la propagande pro-allemande à partir de ce jour. L’examen de documents saisis chez Beaujard ont fourni les renseignements suivants : Gros Claude, N° 1440, 44 boulevard Périer, 3è étage, canton N° 9 agrégé Sorbonne. Professeur au lycée Saint Charles, 41 ans, ancien.

 

7- Chevance, 33 ans, 1,75 m, cheveux foncés, vigoureux. Alias Nerbin, Alias Villas, Alias Barlioz. Alias Bress, Alias Tramolini. Chef régional de Combat et agent de Frenay. S’est enfui lors des arrestations avec l’aide de Koch (arrêté), Chevance n’a pu être retrouvé.

 

8- Lapoule (nom de guerre), agent technique Air France à Marignane (B.du R.). A amené Thiallier à la COPA (aucun renseignement).

 

9- Carrière Jean-Pierre. Alias Jean-Louis. Alias Garnier. Alias Dr Vincent. Alias Chabert. Chef national de COPA, est paraît-il depuis six semaines à Londres.

 

10- Larat. Alias Parisot. Alias Xavier. Agent au Chef national de COPA. Arrêté à Lyon.

 

11- Lauron. Alias Lanique. Chef départemental des Francs-tireurs de l’AS. Arrêté par les Allemands au début de 1943.

 

12- Riofol (orthographe phonétique), capitaine de l’armée française. Il se trouve à la caserne St-Cyr à Aix. Homme de confiance d’Aubry.

 

13- Avricourt, 38 ans, 1,71 m, petite moustache, front dégagé, domicilié à Lyon, de son vrai nom Aubry Maurice. Chef d’Etat-major de l’AS. Arrêté à Lyon.

 

14- Méchin, arrêté il y a quatre mois à Lyon.

 

15- Panelli André, français, célibataire, 20 ans environ, 1,63 m, corpulence moyenne, corse, cheveux foncés, employé de bureau, domicilié à Marseille rue Sainte-Françoise, était employé chez Sapvin, 15 rue Forciat à Marseille. Agent recruteur de l’AS pour le 2e bureau (voir à Clavet). Se trouve maintenant dans un camp de jeunesse.

 

15bis- Marenco Ernest, 32 ans environ, cheveux foncés, fort, catholique, marié, boxeur français, domicilié Villa Les Treilles, route du Cap Brun à Toulon. Alias Jean-Pierre. Chef départemental Groupes Francs. S’est enfui lors de son arrestation le 26 août 1943.

 

16- Delabre, français, catholique, 30 ans, 1,67 m, fort, cheveux foncés, visage rouge, mécanicien, habite avec sa femme jusqu’à l’arrestation de Maisons le 18 mai 1943 au 18 rue des Petites Maries à Marseille au 3e étage à droite. Alias Berger. Chef départemental de Groupe Franc pour les B. du R. Voir Brown et Maisons. Arrêté le 14 septembre 1943, s’est évadé le 4 octobre 1943.

 

17-  Comboule alias Arnoux. Chef départemental de Combat pour les Alpes-Maritimes. Arrêté à la fin avril 1943 par les Italiens.

 

18- Bascans. Alias Petit. Chef départemental de Libération pour les Alpes-Maritimes. Arrêté en avril par les Italiens.

 

19- Richard. Exactement Weil, juif. Alias Lyons. Chef départemental des effectifs de l’AS dans les Alpes-Maritimes. Arrêté par les Italiens fin avril.

 

10- Canivet Max, publiciste très connu à Nice, agent de liaison avec Londres (voir Brown), est encore recherché.

 

21- Leray Roger, français, marié, catholique, 32 ans, 1,72 m, cheveux foncés, taille élancée, domicilié Villa de la Vigie près de Vervier à Toulon. Alias Leger. Chef départemental de Libération pour le Var. En fuite depuis l’arrestation de Vervier le 11 mai 1943, n’a pas été retrouvé jusqu’à présent.

 

22- Sarie (nom véritable), 48 ans, 1,65 m, cheveux foncés, corpulence moyenne, secrétaire général à la sous-préfecture de Toulon, domicilié à Toulon. Alias Henriet. Chef départemental de Combat dans le Var. En fuite depuis les dernières arrestations, est toujours recherché.

 

23- Morron (nom véritable), français, catholique, 40 ans, 1,65 m, cheveux gris, corpulence forte, capitaine d’infanterie coloniale, chef du service des réfugiés à Draguignan. Chef de secteur de l’AS. La Section de Draguignan a été informée.

 

24- Lorrin (nom véritable), paraissant 45 ans, 1,70 m ; cheveux gris, taille mince, domicilié à Aix, manchot, peintre. Travaillait avec Juvenal.

 

25- Guibaudo, français, inspecteur de police à Toulon, agent de renseignement de Le Roy, arrêté en mai 1943 par les Italiens.

 

26- Alain (nom de guerre), 28 ans, 1,65 m, cheveux foncés, peut être joint par l’intermédiaire de Théobol Jacques, 21 rue de Montesquieu à Lyon où Brown devait adresser les radiotélégraphiques et les postes émetteurs. Il y aurait lieu de placer un radiotélégraphiste qui travaillerait dans nos intérêts et avec la recommandation faite de la part de Leroy.

 

27- Théobal, chef national, assure la liaison entre la France et Londres, arrêté à Lyon.

 

28- Levy Jean-Pierre. Alias Jean-Pierre. Alias Gilles. Alias Robert. Alias Dupré. Chef national Francs tireurs. Peut être trouvé à La Fabrique de boutons de l’Ile Roy en demandant M. Robert par l’intermédiaire de M. Calaman. Au cas où M. Calaman demanderait un mot de passe (selon les dires de Brown), le conduire révolver au dos à sa demeure où Robert habite. Ne pas se servir du tramway. Il y a 7 minutes de marche. On peut également dire que le colonel Duboin a procuré l’adresse (n’a pas encore été retrouvé).

 

29- Capitaine Fresnay (véritablement Frenay). Alias Lefèvre. Alias Tavernier. Alias Gervaix. Chef national de Combat, personne dynamique et la plus active du MUR, 35 ans, 1,68 m, cheveux foncés coupés courts, moustache, fausses lunettes, yeux bleus, front dégagé, corpulence moyenne, toujours en compagnie de sa secrétaire paraissant 50 ans, cheveux blancs, 1,65 m et connue sous le nom de France. Toujours accompagnée de deux hommes. On peut toujours le joindre à Mâcon, à 50 km au nord de Lyon, à l’hôtel de Bourgogne en demandant Gervaix de la part (trouver un nom). C’est un hôtel dont on interrogera le propriétaire. Gervaix n’habite pas cet hôtel qui pratique le marché noir. Ce renseignement nous facilitera l’arrivée (n'a pas encore été retrouvé).

 

30- Cremieux, Francis, 22 ans, célibataire, juif, fils de Crémieux déjà arrêté, chef régional de NAP et de l’SR. Alias Calvi. Alias Sacone. Chef des Mouvements unis d’Allemagne par l’intermédiaire de la Suisse. Arrêté vers le 10 mai 1943 à Lyon par la police française avec sa maîtresse n°30.

 

31- Quicandon, Jeannine. Alias Michèle. Arrêtée, a été relâchée immédiatement par la police française pendant que Crémieux fils restait quelque temps en détention. Arrêté à Lyon, Crémieux aurait été remis par la section de Lyon de la police allemande. Michèle, agent de MUR est encore en liberté et n’a pu être retrouvée. Elle était également le courrier de MUR.

 

32- Juvenal, Max, français, marié, catholique, né le 22 novembre 1906 à Aix, avocat, domicilié 52 bd Notre Dame à Aix. Alias Ovide. Chef départemental des Mouvements unis des Bouches-du-Rhône, en fuite depuis le 11 mai 1945 lors d’une tentative d’arrestation. Est encore l’objet de recherches.

 

33- Bon, Léon, français, marié, catholique, 65 ans environ, cheveux blancs, sénateur des Bouches-du-Rhône pour l’arrondissement d’Aix, domicilié 317 avenue du Prado à Marseille. Conseiller politique des Mouvements unis. En fuite depuis les arrestations de mai 1943, n’a pas encore été retrouvé.

 

34- Lebailly (nom de guerre), juif. Alias Renaud. Membre du Comité directeur des Mouvements unis. Chef régional de (manque) pour la région de Montpellier. N’a pu être retrouvé.

 

35- Aubrac (nom de guerre). Inspecteur de l’AS. Arrêté il y a quatre mois environ avec Méchin par le détachement de Lyon à Lyon.

 

36- Hammerich, librairie-papèterie, rue Lamaigue à Toulon. Le mari et la femme servent de boîte aux lettres au secrétariat de Toulon et de dépôt de journaux. Avoir donné le mot de passe, la femme conduit la personne au secrétariat général (est arrêté à nouveau).

 

37- Legendre, 60 ans, 1,72 m, corpulence moyenne, cheveux blancs, habite avec sa femme au troisième étage de l’immeuble 10 rue Clapier à Marseille. Alias Gaspard. Alias Gallo. Alias Germain. Chef du MU à Marseille et plus particulièrement de ROP avec l’agent n°37.

38- Femme Arnaud, 45 ans, domiciliée 7 Traverse Sainte Bazille à Marseille, premier étage.

39- Gérard, 23 ans environ, de son vrai nom Hermann, a habité à l’entresol du palais Espagna à Nice. Vers la mi-mai, la police française a saisi chez lui un matériel de falsification de papiers. En fuite depuis lors. Agent de liaison de MU. Introuvable.

40- Martin Brett (nom véritable), 48 ans, 1,60 m, cheveux foncés, corpulence moyenne, domicilié à Manosque (BA). Chef départemental de MU et auparavant de Combat pour les Basses-Alpes. Arrêté à la demande de la police italienne à Manosque, au début de juillet 1943 avec d’autres personnes. Surveillé après son arrestation par un policier français, ce dernier fut retrouvé assommé, mais aurait aidé Martin Brett à prendre la fuite (parti au maquis, arrêté à Araison le 18 juillet 1944 et fusillé).

41- Gallet (nom de guerre), plus de 40 ans, 1,69 m, domicilié à Avignon. Verviers pourrait indiquer son bureau : en venant de la gare, prendre la passerelle, on trouve à gauche la Compagnie des pétroles. Dix mètres après l’entrée, on trouve une baraque en bois où une pièce assez grande sert de bureau à Gallet, chef départemental MU et auparavant de Combat (voir n° 44) en fuite.

42- Boireau Père. Alias Lavenue. A résidé 96 avenue de la Corniche à Marseille. Membre du 2e bureau de l’AS. Aurait été arrêté avec son fils par le détachement de Montpellier.

43- Cibil, probablement colonel. Alias Ali. Domicilié 3 rue Mireille à Marseille. Chef du 1er bureau, s’occupe des questions financières, se serait rendu en février 1943 en Espagne avec le général Schmidt alias Keller.

44- Duvivier, capitaine, chef du 4e bureau (matériel de circulation-transport), serait au courant des enquêtes de terrorisme et employé au Commissariat pour la lutte contre le chômage, 243 boulevard National à Marseille. Arrêté le 1er septembre 1943.

45- Ganfre, commandant d’aviation, employé à la Compagnie industrielle du pétrole. Son bureau est la première pièce en entrant dans la maison. Chef de Combat à Avignon. Probablement la même personne que le n° 44 arrêté à Avignon. S’est évadé.

46- Bedel, colonel, commandant la place d’Aix, domicilié près de la caserne Forbin à Aix. S’est déclaré prêt à se charger de kommando en cas de débarquement. Les Italiens ont saisi une partie du matériel qu’il cachait.

 

47- Lambert, capitaine, chef de Combat de l’AS à Toulon.

 

48- Marquis, employé à la Caisse d’Epargne de Toulon, près du Théâtre. Jouerait un rôle important dans MU. Les cas de Marquis, Lambert, Bedel sont à élucider.

 

49- Ducousso, commandant, grand, maigre, d’allure dégagée, se trouvait jadis en Syrie. Appartient à MU.

 

50- Arnaud, Fernand, français, marié, catholique, 45 ans, 1,65 m, cheveux foncés, son bureau est situé 48 rue Pierre Puget à Marseille. Tél. Dragon 5348. Ne s’est pas montré depuis six semaines. Adjoint de Morel, chef de la région de l’AS à Marseille. Arrêté le 30 août 1943.

 

51- Miguet. Alias Le Houx. Employé d’octroi rue Montgrand à Marseille. Chef du 4e bureau de l’AS sous la direction de Bredeau. Arrêté le 28 août 1943.

 

52- Braux (nom de guerre ?), français, 50 ans, 1.72 m, cheveux foncés, calvitie, domicilié à Marseille, professeur d’Enseignement technique à l’Ecole professionnelle. Chef du 3e régiment de l’AS.

 

53- Dick (nom de guerre), français, 40 ans, 1,67 m, fort, cheveux foncés, chef du 2é bureau de l’AS, agent pour la Région de l’IS. Agent. Arrêté le 10 septembre 1943, mort le 23 septembre 1943.

 

54- Dastier de la Vigerie Bernard (?). Alias Bernard. Alias Fouché. Chargé des affaires politiques au comité directeur de MU.

 

55- Moulin Jean. Alias Max. Alias Régis. Délégué personnel du général de Gaulle. Président du comité directeur des MU. Arrêté le 25 juin 1943 par le détachement de Lyon.

 

56- Général d’armée à cinq étoiles, âgé, domicilié à Nîmes, chef départemental de l’AS pour le Gard (cas à élucider).

 

57- Jeune professeur de lycée de Nîmes, 28 ans, 1,72 m, visage étroit, cheveux épais, cheveux rejetés en arrière, chef départemental de MU pour le Gard, professeur de philosophie (cas à élucider).

 

58- Reuter, professeur à l’université d’Aix, a amené Bernheim à entrer en 1943 dans le mouvement Libération. Voir Bernheim (cas à élucider).

 

59- Bertiet. Alias Saint Just. Au centre de Lyon. Arrêté et fusillé le 13 juillet 1944.

 

60- Varnier (voir interrogatoire de Bernheim), agent principal de NAP à la mairie de Marseille. Arrêté.

 

61- Bouton (voir Bernheim), agent principal de NAP au Gaz de Marseille. Arrêté le 20 octobre 1943, pas de preuves suffisantes.

 

62- Combadieu (voir Berheim), principal agent de NAP à la Poste de Marseille. A recruté les agents de renseignement suivants :

 

63- Tramontane (voir Berheim), de son vrai nom Robeyrenc Henri, télégraphiste. D’abord agent de NAP, puis agent de renseignements à Marseille. En fuite depuis le 2 avril 1943.

 

64- Mistral (voir Bernheim), employé des Postes, de son vrai nom Michel, boîte aux lettres des services de renseignement de Marseille. Arrêté le 1er septembre 1943.

 

65- Contamin (voir Berheim). Alias Guibal. Courrier du service de renseignements pour Crémieux à Marseille. En fuite avec sa femme depuis un mois.

 

66- Testa (voir Bernheim), présenté par Miguet, agent principal de NAP au Service du ravitaillement de Marseille. Arrêté le 1er septembre 1943.

 

67- Giulg (voir Bernheim), agent principal de NAP, Service de ravitaillement de Marseille. Preuves insuffisantes (cas réservé).

 

68- Nicolas, (illisible) sous-chef à la gare des marchandises de Marseille. Principal agent de NAP aux Chemins de fer de Marseille. Aidait en outre les possibilités de sabotage et les passe à son (manque) Besson.

 

69- Besson (voir Berheim), agent pour le sabotage à Marseille. Nicolas s’est enfui à Aix. Besson s’est enfui à Baix (Ardèche).

 

70- Castelli (voir Bernheim). Alias Cordier. Agent de renseignements aux Chemins de fer. Arrêté le 10 mars 1943.

 

71- De Labaume (voir Bernheim), présenté par Contamin, agent de renseignements au courrier. Arrêté.

 

72- Paculle (voir Bernheim et Verviers), postier ambulant domicilié 25 boulevard Eugène Pierre à Marseille. Membre de l’organisation.

 

73- Brun, marchand de bicyclettes cours Lieutaud à Marseille. Membre de Radio patrie (voir Clary) depuis janvier 1943. Mis dans un camp de concentration par la police française.

 

74- Giudicelli, agent de Combat de Marseille (voir Clary et Orsin). En fuite depuis l’arrestation de Clary, recherches infructueuses.

 

75- Marchal (nom de guerre ?), voir Le Couster. Courrier de MU à Toulon, aucun renseignement.

 

76- Femme Arnaud, pharmacienne, boîte aux lettres de MU à Marseille, signalé le 8 octobre 1943 pour ses sentiments gaullistes.

 

77- Propriétaire du bar Mario à Marseille, boîte aux lettres de MU à Marseille (voir Le Couster) (voir Donati Félix). Cas réglé.

 

78- Fils du propriétaire du bar Chapitre, place des Danaïdes à Marseille (voir Le Couster et Donati). Boîte aux lettres de MU. Affaire réglée.

 

79- Dentiste, 1 ou 2 rue Crivoles à Avignon, premier étage. Le courrier Donati déclare n’y être allé qu’une fois en février 1944, avoir sonné et remis une lettre à la personne qui ouvrait avec le mot de passe « J’arrive de Bandole ». Homme environ 40 ans, 1,72 m, cheveux châtain. Membre de l’organisation (renseignements à rechercher).

 

80- Dufour, coiffeur, 30 bis rue Vincent Cordouan à Toulon, châtain, 1,70 m, taille élancée. Boîte aux lettre de Libération (voir Verviers et Donat), renseignements à rechercher.

 

81- Omer (Alias), de son vrai nom Lefévre (voir Wexler). Chef d’une compagnie de guérilla dans les Monts de Lure (Vaucluse). Fusillé par la Milice.

 

82- Gustave (alias, voir Wexler), domicilié à Sault (Vaucluse). Chef d’une compagnie de guérilla à Monts de Ventoux (Vaucluse). Se trouve au maquis et en relation avec 82.

 

83- Jim (alias), domicilié à Carpentras (Vaucluse). Agent de Combat (voir Wexler) et qu’on peut toucher par n° 83.

 

84- Cat (vrai nom, voir Wexler), entrepreneur de transports, 40 ans environ, 1,70 m, fort, cheveux couleur foncée, domicilié à Carpentras (Vaucluse) à l’extrémité de la ville.

 

85- Luciani Jean. Alias Jeannot. Domicilié 5 rue Montbrion à Marseille. Adjoint en chef s’occupant des faux papiers. Se trouve probablement avec ses parents. Le 14 mai 1943, les documents concernant la falsification des papiers pour la région ont été saisis.

 

86- Ziller (frère du n° 60), René. Alias Charles. Même domicile que son frère, juif. Membre de Combat (renseignements recherchés).

 

87- Jaubert Jules, fils, français, célibataire, catholique, né le 31 janvier 1911 à Marseille, imprimeur, domicilié 14 rue des Bons Voisins à Marseille. Imprimeur de Combat et fabricant de faux papiers. En fuite depuis l’arrestation de son père le 17 mai 1943. Ne peut être retrouvé.

 

88- Alfieri (nom de guerre ?), voir Maisons, domicilié à Draguignan. Adjoint de Morron chef de secteur de l’AS. Information communiquée à la Base de Draguignan le 3 octobre 1943.

 

89- Fracassi, 30 ans, 1,70 m, cheveux foncés, mince, domicilié à Nîmes. Maisons l’a vu deux fois au calé des Fleurs. Chef départemental de Groupe Franc dans le Gard (renseignements recherchés).

 

90- Le Bihan. Alias Lebreton (voir Brown, Lecouster, Ullmann, Verviers, Donati, (manque) etc.). Employé du ravitaillement, section des conserves et son (manque). Ces deux personnes connaissaient toutes les personnes du département du Var. Chef départemental de ROP. Arrêté.

 

91- Jallat, domicilié Hôtel de Paris à Cannes. Chef de groupe départemental (Groupe Franc) à Cannes. Arrêté en avril 1943 par les Italiens.

 

92- Paquerot, domicilié 18 rue Barla à Nice. Adjoint en chef des Groupes Francs des Alpes-Maritimes. Arrêté en avril 1943 par les Italiens.

 

93- Alexander Edouard, domicilié à Nice. Chef du groupe Francs Tireurs des Alpes-Maritimes. Arrêté en avril 1943 par la police française.

 

94- Docteur Reynaud (voir Seguin). Chef NAP (chef départemental) pour les Alpes-Maritimes. Arrêté en avril 1943 par la police italienne.

 

95- Leriche (nom de guerre), voir Seguin, domicilié à Cannes, sa boîte postale étant la chemiserie Durif, 29 rue d’Antibes à Cannes. Adjoint au chef départemental de l’AS. Adresse transmise à la police italienne le 3 octobre 1943. Arrêté à Nice en décembre 1943.

 

96- Femme Bidault, française, catholique, célibataire, 40 ans, taille moyenne. Alias Elisabeth. Chef du service régional de MU en activité jusqu’en janvier 1943 au 103 rue Kléber à Marseille et jusqu’en juin 1943, rue Liandier à Marseille. Pas d’autre renseignement jusqu’à présent.

 

97- Leenhardt Alfred, français, président et directeur général de la Compagnie générale des pétroles, 2 rue Fongate à Marseille. Domicilié 183 rue du Docteur Gauvin à Marseille. Membre du comité des experts de MU.

 

Police française

 

98- Theus, français, catholique, commissaire de police au Contrôle du service de la Surveillance du territoire français. Il continue à fonctionner malgré l’interdiction (voir aff. d’espionnage Johannes au BDS de Paris. A pris la fuite au cours de l’enquête menée par T (manque) (voir déclaration de Berg). Son service se trouve 20 boulevard d’Athènes à Marseille, 3e étage. Ami de Chevance et chef régional de Combat. A pris part à Combat. A fourni des renseignements sur ce qu’il apprenait dans son service (voir Berg, Lanot, Dr Crouzet, Bernheim, Verviers, Clary). D’après les indications de l’agent double Multon qui lui fut présenté pour obtenir des renseignements sur ce qui se passait dans la police française, Multon suppose que Theus avait placé un agent dans notre service.

 

99- Petitjean, commissaire de la Surveillance du territoire à Toulon. A recruté Clary et l’a confié au Docteur Groult au rassemblement de  Combat.

 

100- Pibouleau, inspecteur de la Police de sûreté, section administrative. Membre de Radio-patrie. A averti un soir 30 personnes qui devaient être arrêtées le lendemain par la police française.

 

101- Carnoux Henri, inspecteur de police, section judiciaire à Marseille, domicilié au Canet-Marseille. Agent de liaison entre Cany et Lancien.

 

102- Orsini Gratien, inspecteur auxiliaire de la Police judiciaire, domicilié rue du Commandant Imhaus à Marseille. Agent de liaison entre la police et Combat Guidicelli (Voir Clary et Lanot).

 

103- Barbier Louis, inspecteur en chef de la Sûreté à Marseille, domicilié 24 rue Antoine Blanc à Marseille (voir Lanot et Bernheim). Auxiliaire de Combat.

 

104- Kintana Aimé, français, policier français à Marseille. Par l’intermédiaire de Beltrami serait entré dans  l’Organisation.

 

105- Corsini Paul, inspecteur de police à la PJ de Toulon. A fait de la propagande pour Franc-Tireur. A donné à plusieurs reprise le journal Franc-Tireur à Lanot.

 

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 11:21

Multon

 

Arrêté le 28 avril 1943, engagé par le Service à la date du 30 avril 1943 comme contre-agent. A été mis à la disposition de la Section de Lyon en qualité de contre-agent, après avoir travaillé avec succès dans l’intérêt des services allemands. En même temps, Multon, en qualité de courrier, a transmis à la Section de Lyon des renseignements de Brown, chef régional de groupe Franc, concernant les chefs nationaux et les possibilités de leur arrestation à Lyon. Avec la mission de surveillance, la boîte aux lettres du MUR, section de sabotage ferroviaire à Lyon et qui a été découvert à la suite de l’arrestation du courrier en chef, Le Couster, ainsi que la nouvelle boîte aux lettres de Frenay, à l’Hôtel de Bourgogne à Mâcon. Utilisant la boîte aux lettres de Fresnay, Multon est parvenu le 28 mai 1943 à donner un rendez-vous  à Mâcon où elle a été arrêtée :

 

106- Albrecht, Berthe. Alias France. Alias Victoria. Secrétaire de Frenay.

L’arrestation de femme Berthe Albrecht nous a conduit au secrétariat particulier de Frenay à Cluny. Par la surveillance de la boîte aux lettres de la section Sabotage ferroviaire, Multon a eu connaissance d’une rencontre entre Didot et Max, prévue pour le 9 juin 1943 à Paris. Multon a ainsi rendu possible l’arrestation dans le train de Paris et la remise à la Section de Lyon de Didot (alias), chef national de la section sabotage de MUR, qui, utilisé par la suite comme contre-agent par la Section de Lyon, a fait arrêter le 25 juin 1943, au cours d’une réunion à Lyon, Moulin, Jean (alias Max, alias Régis), délégué personnel de De Gaulle, président du Comité directeur du MUR, ainsi que cinq chefs du MUR.

Le 9 juin 1943, notre agent a pu faire arrêter à la station de métro La Muette à Paris, Vidal qui était recherché. Vidal s’appelle le général Charles Delestraint, chef de l’Armée secrète pour toute la France, et trente minutes plus tard, à la station de métro de la rue de la Pompe, deux collaborateurs de Delestraint, le capitaine Gastaldo Joseph, alias Galibier, chef national du 2e bureau Armée secrète, et l’étudiant Jean-Jacques Terrier, membre de l’état-major général de Delestraint.

Les documents saisis au Secrétariat général à Toulon chez le chef régional du NAP et du SR, Crémieux, ainsi que chez l’Inspecteur régional de l’Armée secrète Simonin, et le chef du 2e bureau de l’Armée secrète, Zenatti, ont été exploités immédiatement et seront transmis à Paris. Ces documents permettent d’obtenir avec une quantité de renseignements de valeur locale, la connaissance de l’organisation interne et externe du MUR, du système de camouflage des divers services, ainsi qu’une quantité de boîtes aux lettres.

Une grande partie des documents saisis concernant les renseignements des services politiques et militaires et des renseignements de valeur économique, ainsi que tous les papiers blancs ou croquis, concernant la base de Marseille, ont été remis à celle-ci, avec prière de nous les retourner.

Tout le matériel utilisé et prévu par l’Organisation pour l’établissement de fausses cartes d’identité, a été saisi, ainsi que les armes et le matériel de sabotage saisis à Nice, ont été remis aux Italiens.

15 armes à feu modèles divers en bon état, chargées et mises au cran d’arrêt.

500 cartouches environ de ces armes.

20 boudins de dynamite de 13 cm de long.

4 boudins de citrate de mercure.

3 explosifs destinés à faire sauter les rails de chemin de fer.

1 grenade anglaise de 200 gr. de contenance.

14 détonateurs en cuivre.

7 détonateurs à retardement.

Environ 25 m de cordon d’allumage Bickford.

1 fusil de chasse.

 

Et ceci dans le reste de la région :

11 armes à feu de modèle divers.

            avec environ 100 cartouches.

1 chargeur pour mitraillette.

avec 25 cartouches.

un fusil allemand modèle Mauser sans crosse.

1 fusil de chasse.

 

 

Généralités

I.- Secteurs des Mouvements Unis de Résistance.

Les abréviations et désignations sont indiquées sur la fiche jointe.

 

II.- Formations.

Les Mouvements Unis de Résistance ont été créés sur ordre de De Gaulle en février 1943 par la réunion des organisations de Résistance suivantes : Combat, Libération, Franc-Tireur.

 

Combat a été créé à Marseille par le capitaine Frenay qui a commencé à monter une organisation de résistance en septembre 1940 avec l’aide de Chevance. Cette organisation s’appelait «Les petites ailes», elle n’était dirigée que contre l’Allemagne. Au milieu de l’année 1941, cette organisation se dressa également contre Vichy et son nom fut changé en «Vérité». Au début de 1942, Vérité s’est unie à une autre organisation de résistance, «Liberté», pour former «Combat» qui a pris par la suite toute la zone non occupée de la France.

Libération a été créé par d’Astier de la Vigerie dont le frère est général et adjoint de De Gaulle.

Franc-Tireur a été fondé en février 1942 par Levy Jean-Pierre et un industriel lyonnais, à Lyon et fut reconnu officiellement par De Gaulle quelque temps après.

Sur ordre de De Gaulle, la «coordination» fut faite en novembre 1942, c'est-à-dire que ces trois organisations ont pris contact mais n’ont perdu leur indépendance qu’en février 1943 par leur fusion dans les Mouvements de Résistance Unis.

Chacune de ces trois organisations disposait d’une section de sabotage, les

Groupes-Francs qui furent également fusionnés en février 1943. Toutefois, cette section n’a qu’un chef régional, mais non un chef national, car la personne qui devait assurer cette fonction, Renouvin, alias Joseph, alias Ricard, fut prise par la police allemande. Les Groupes-Francs reçoivent leurs ordres de Frenay.

Lors de la coordination en novembre 1942, les trois organisations ont réuni les hommes de leur armée secrète en une grande armée secrète de Delestraint, alias Vidal, qui se nomme depuis février 1943 :

Armée Secrète des Mouvements de Résistance Unis. Alors que les Groupes-Francs étaient destinés à des actions instantanées, l’AS était destinée à aider les débarquements anglo-américains.

 

III.- Motif de la formation.

Beaucoup de membres du Mouvement laissent entendre que l’occupation en France serait injuste ; les Allemands sauraient que la défaite militaire de la France n’était due qu’à la trahison.

Une habile propagande du poste de radio de Londres qui représente De Gaulle comme un héros national.

Les difficultés de ravitaillement.

Le gouvernement de Vichy est considéré comme «anti-social» et «capitaliste», ainsi qu’à la solde de l’Allemagne.

La déportation pour le travail en Allemagne.

 

IV.-But.

Aide lors d’un débarquement anglo-américain dans les opérations contre les troupes d’occupation allemande avec la certitude que  les Alliés délivreront la France, restitueront aux Français leur pays, ainsi que leurs Colonies et ne s’occuperont plus ensuite de la politique de la France.

Renverser Vichy et prendre le pouvoir.

Gêner les mouvements des occupants au moyen des Groupes-Francs et attirer les populations sur l’intérêt de la Résistance par l’action.

La propagande au moyen des journaux «Combat», «Libération» et «Franc-Tireur», ainsi que les tracts excite la population contre l’Allemagne et Vichy, mais ne parle que faiblement de l’Italie car le Mouvement est convaincu qu’en cas de débarquement, les Italiens n’opposeront qu’une très faible résistance aux Alliés.

D’après les interrogatoires et les renseignements obtenus jusqu’ici, on peut conclure qu’il n’y a pas de liaison avec les Communistes ni avec le général Giraud.

 

V.- Moyen.

(D’après les dires de Frenay exprimés vis-à-vis de Brown).

 

L’argent est jeté par les avions anglais. En mars 1943, Frenay reçut cinq millions de francs par cette voie. Ces sommes proviennent de dépôts français de la Banque d’Angleterre, de bénéfices réalisés par les bateaux français voyageant pour le compte de l’Angleterre et de l’exploitation des Colonies françaises. En outre, il y a déjà eu des pourparlers pour des envois de fonds américains via Suisse.

Les officiers appartenant à l’AS sont au courant des armes cachées entre l’Armistice et le 11 novembre 1942.

 

L’AS est approvisionnée en armes et matériel de sabotage par l’organisation COPA (Centre des Opérations de Parachutage et d’Atterrissage) qui se trouve sous les ordres directs de Moulin, alias Max.

 

VI.- Succès.

Grâce à l’activité des Mouvements unis, on a réussi à répartir plus de 30.000 revues par mois dans cette région, d’y noyauter les services publics, chemins de fer, gares, police, etc. et d’y mettre des hommes qui collaborent à la préparation du Jour «J» ; ils auraient saboté ces jours-là pour obtenir ensuite éventuellement un poste important dans la nouvelle organisation politique.

Grâce à l’activité extrêmement considérable et dynamique de Chevance à Marseille et dans toute cette région, la Région n° 18 serait la plus importante. Quoique le général Delestraint, alias Vidal, parle dans son interrogatoire de 5/6000 personnes recrutées, il y en aurait rien qu’à Marseille 5000, à Nice 2000 et à Nîmes 1000.

D’après les interrogatoires, on connait les forces de guérilla suivants :

1 Cie armée dans la montagne «Monts de Lure» Basses-Alpes.

1 Cie armée au «Mont Ventoux» (Vaucluse).

1 Cie armée dans la montagne du Lubéron (Vaucluse).

1 commando de jeunes gens qui ne sont peut-être pas encore armés, dans la «Montagne de Dourbes», Basses-Alpes.

Ces forces se trouvant dans les territoires occupés par les Italiens, les autorités italiennes en ont été informées.

 

VII.- Juifs.

Il résulte des interrogatoires et arrestations qu’il y aurait beaucoup de juifs dans les postes dirigeants, tout spécialement dans les postes politiques des mouvements de résistance.

 

 

Conclusion

 

Grâce aux arrestations des chefs isolés du Mouvement par notre Section, les Mouvements de Résistance Unis restent sans direction et leur activité est paralysée pour un certain temps. Lorsque l’arrestation des personnes qui ont été découvertes aura été exécutée, il semble que l’anéantissement complet des Mouvements Unis de Résistance sera assuré.

 

                                                                                              Signé : Dunker

                                                                                              Unterscharführer

 


Rectifications :

La femme Baron, nommée page 10 sous le n° 54, ne sera pas envoyée à Paris avec le transport collectif. En raison d’une convention avec l’Intendant régional de police, la femme Baron, contre laquelle on n’a pas trouvé de participation active avec l’organisation, sera remise à la police française de Marseille.

La police française a assigné à la femme Baron un séjour en résidence surveillée à Etoile dans la Drôme.

 

rrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr

 

Lait noir du petit matin nous le buvons au soir

Nous le buvons au midi et au matin nous le buvons à la nuit

Nous buvons et buvons

A la pelle nous creusons une tombe dans là airs là on gît non serré

Un homme habite dans la maison  celui-ci joue avec les serpents celui-ci écrit

Celui-ci écrit quand vers l'Allemagne le noir tombe tes cheveux d'or Margarete

Il écrit cela et marche au-dehors et les étoiles fulgurent Il siffle ses molosses

Il siffle pour faire sortir ses juifs les laissant à la pelle creuser une tombe dans la terre

Il nous commande jouez jusqu'à la danse

Paul Celan, Fugue de mort


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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 11:10

La Résistance Intérieure et la libération de la Provence

 


Jean-Marie GUILLON

Texte publié par l’Institut Charles de Gaulle
Espoir
n° spécial “1944-1994 -II- De Gaulle et les batailles de la Libération”,
n° 96, avril 1994, p. 30-39
article en partie repris in
“La résistance intérieure et la libération de la Provence”,
Marseille, Avis de recherches n°36, juin 1994
p. 24-30.

Le débarquement du 15 août 1944 est second par rapport à celui du 6 juin. Il n’ouvre pas, comme lui, le deuxième front et la bataille qui le suit n’a ni l’ampleur, ni le caractère décisif de celle de Normandie. L’affaire est si bien entendue que l’on a tendance à en minorer l’importance et, avec elle, l’action des forces qui y ont largement contribué, qu’il s’agisse des Anglo-Saxons qui ont lancé le premier assaut, de l’Armée de Lattre qui a livré les combats les plus difficiles et de la résistance locale qui était pourtant présente à peu près partout.

La résistance provençale souffre en fait de deux choses. D’abord de la connaissance très superficielle que l’on a de la Résistance dans son ensemble, et donc, tout particulièrement, d’elle-même. Ensuite, des stéréotypes qui pèsent sur la Provence en général et sur Marseille, sa ville-phare, encore davantage. Superficialité, absence de sérieux, cosmopolitisme, etc. conduisent souvent à poser un regard biaisé sur cette région. L’action de sa résistance et sa place dans les événements de l’été 1944 en pâtissent encore dans la mémoire nationale comme ils en ont pâti dès l’époque.

Il ne s’agit ni d’établir un palmarès des résistances régionales, ni de vouloir hisser les événements d’août en Provence à la hauteur de ceux de juin en Normandie. Notre propos sera seulement de rendre compte d’un aspect de la Libération, celui de la participation de la résistance intérieure, parce qu’il est généralement négligé ou simplement réduit à quelques anecdotes, toujours les mêmes, dans l’historiographie la plus répandue sur le débarquement et la bataille de Provence.

 

Etat des lieux

L’erreur habituelle est d’oublier que le combat ouvert pour la Libération ne commence pas le 15 août, mais, comme ailleurs, ici aussi, le 6 juin 1944, que la résistance locale doit faire face presque seule à une situation imprévue et particulièrement difficile car l’importance stratégique de la zone n’échappe à personne. On ne peut donc comprendre la situation de l’été 1944 sans faire un tableau, au moins sommaire, de cette résistance à la veille du 6 juin.

Aucun résistant à l’époque ne peut en avoir une idée précise. Chacun n’en voit qu’une partie. Or l’ensemble est extraordinairement diversifié, ramifié, imbriqué dans une population dont l’attentisme - réel - s’accompagne d’une connivence assez générale, voire unanime en certaines localités de l’arrière-pays. A la base où rares sont ceux qui “savent” vraiment, la situation est relativement simple tant tout est entremêlé dans un ou éventuellement deux groupes de résistance, plus ou moins rivaux selon les lieux et les moments lorsqu’ils recoupent le clivage communiste/non communiste (c’est-à-dire bien souvent socialiste). Dès que l’on monte dans les échelons de la résistance organisée les choses se compliquent. Pour schématiser, elle peut être sommairement répartie à ce moment-là en trois ensembles :

Autour du Mouvement de Libération Nationale (MLN, ex-Mouvements unis de la Résistance), gravite le pôle le plus ancien et le plus important, même si la quasi hégémonie dont il bénéficiait jusqu’en 1943 s’est effritée. La répression menée par la “Gestapo” de Marseille (et son principal artisan, Dunker Delage) et ses diverses antennes lui a porté de rudes coups. Mais, depuis octobre 1943, sa direction s’est stabilisée autour de l’avocat socialiste Max Juvénal Ovide ou Maxence, président du directoire de la R2 (c’est-à-dire la Provence). Ses divers services - par exemple le Noyautage des administrations publiques (NAP) - s’activent pour préparer la Libération. Le MLN est l’initiateur de la mise en place des institutions clandestines unitaires : comités de Libération et FFI dont le chef régional est depuis peu le capitaine Robert Rossi Levallois, également chef des Corps franc de la Libération (ex-Armée secrète, appendice militaire des MUR). L’ensemble est cependant peu homogène, affaibli par le manque de moyens (financier et de liaison), fragilisé par des forces centrifuges soucieuses d’autonomie (certains socialistes autour du réseau Brutus et de Gaston Defferre, antennes du BCRA, etc.) et par de fréquents changements de responsables régionaux ou départementaux.

Même si leur base est souvent commune, le pôle MLN-CFL/FFI est concurrencé par un autre ensemble à caractère exclusivement militaire constitué par les réseaux qui, par vagues successives, se sont créés tout au long de la période. Le nombre et la diversité des réseaux de renseignements sont remarquables avec les “anciens” toujours actifs, liés à l’IS ou au BCRA - la branche Marine de F2, Alliance, Tartane par exemple - et de plus récents assez dynamiques comme les derniers nés qui dépendent des Américains (OSS). Certains rivalisent avec les services du MLN (ainsi Gallia et le SR du MLN ou Ajax et le NAP). Mais la concurrence la plus sensible provient soit de la Section atterrissage et parachutage (SAP), organisme qui centralise les opérations aériennes et donc le matériel envoyé par le BCRA, soit, dans les Alpes du Sud, du SOE (réseau Jockey) qui a ses propres moyens, soit de l’Organisation de résistance de l’armée (ORA) qui, grâce à ses cadres, a pris le relais de l’AS en Provence centrale (Aix/Brignoles). Les uns et les autres bénéficient de moyens - radio en particulier - que n’a pas le MLN et échappent à l’autorité du directoire régional. Certes l’ORA est théoriquement intégrée dans les FFI dont son commandant régional, le jeune capitaine Jacques Lécuyer Sapin, est le chef d’état-major. Mais l’autonomie de cette organisation, méfiante à l’égard des “politiques”, n’en est pas moins réelle.

Cependant la concurrence la plus vive vient de la résistance communiste. Animée par des militants d’expérience (par exemple, les interrégionaux Julien Airoldi, ancien membre du CC, André Lunet, le “syndical”, Louis Blésy qui vient d’arriver comme “inter” militaire FTP, etc.), présente sur tous les terrains de lutte, en plein essor depuis un an, appuyée sur des maquis FTP importants dans et autour des Basses-Alpes, sur une CGT clandestine reconstituée et animatrice de grèves ouvrières spectaculaires dans la métallurgie, sur une organisation diversifiée et très cloisonnée qui sert d’écran protecteur au coeur de l’ensemble que sont les triangles de direction du Parti, elle fait pression sur ses partenaires des comités départementaux de Libération pour accroître son influence. Sans qu’il soit inversé, le rapport de force évolue en sa faveur et, dans toute la région, l’activité politique de préparation de la Libération est pratiquement paralysée par les dissensions de “ligne” (dénonciation de “l’attentisme”, hostilité à l’évacuation des villes qui doivent être le coeur de l’insurrection urbaine, mise en place des Milices patriotiques) et les désaccords sur la composition des comités ou des municipalités futures.

Ces problèmes échappent le plus souvent à la base et plus encore à la population qui croit la Résistance - qu’elle connaît mal - plus unie qu’elle n’est. Cette population, à bout de nerfs et d’épuisement, dans la région sans doute la plus mal ravitaillée de tout le pays, est parcourue de peurs multiples, toute réunies dans celle du lendemain. Mais elle aspire évidemment à la Libération, même si elle souhaite généralement que le débarquement ait lieu ailleurs. Le grand mouvement social qui démarre à Marseille le 25 mai à l’initiative des communistes est significatif du climat qui règne alors. Mais il est tragiquement stoppé par le bombardement allié du 27 (1 800 morts), qui fait passer la population, une fois de plus, de l’espoir au découragement.

On sait le débarquement proche. La rumeur l’annonce régulièrement depuis fin avril. Les autorités s’y attendent. Une partie de la Résistance - l’ORA et la SAP - a été préparée à cette échéance proche par les émissaires parachutées, en particulier par une mission interalliée, celle du capitaine Chamay Michel, qui circule depuis plusieurs semaines.

Dans cette perspective, conformément au schéma général, le capitaine Lécuyer a préparé un plan qui divise la région en zones : celle “des opérations alliées” où la Résistance apportera son appui aux éléments réguliers, celle “des maquis” correspondant pour l’essentiel aux Alpes du Sud où la Résistance doit se rendre maîtresse du terrain pour constituer une menace sur les arrières de l’ennemi et, entre l’une et l’autre, celle dite “d’influence des maquis”, soit la moyenne Provence, où la Résistance doit effectuer sabotages et coups de main. Restent les villes - celles de la côte en particulier - où les conceptions divergent, l’ORA implantée en région rurale restant prudente quand les communistes se font les champions de l’insurrection urbaine, tandis que MLN/CFL partagent cette optique au moins pour partie afin de ne pas leur laisser le terrain libre. Quelle que soit l’option choisie, il faut avoir des armes et, de ce fait, la SAP se trouve sous le feu conjugué des critiques pour sa propension à vouloir en garder le contrôle, en dépit de l’arbitrage du représentant de Londres, le Délégué militaire régional (DMR) Burdet Circonférence.

 

L’insurrection de juin

Chacun étant sous tension et parfois en alerte, l’annonce du débarquement de Normandie, soit spontanément (sous l’influence de la radio ou de la rumeur), soit conformément aux ordres de mobilisation donnés, entraîne une véritable levée d’hommes à travers toute la région. Des jeunes gens affluent dans les centres de rassemblement prévus ou prennent leurs positions de guérilla entre le 7 et le 10 juin. Le plan “rouge” est incontestablement celui qui est le mieux suivi d’effet.

L’ampleur de la mobilisation dépend moins de l’organisation à laquelle on appartient que de l’ambiance locale et de l’attitude des responsables communaux. L’ORA obéit en bloc sur les ordres de son chef régional qui, après s’être entretenu avec Juvénal, Rossi, Simon Huitton, représentant des FTP au sein de l’état-major FFI, et le DMR, rejoint Barcelonnette pour diriger les opérations dans la “zone des maquis”. Mais, bien que Rossi et Juvénal soient hésitants, sinon réticents, de nombreux groupes MLN/CFL participent eux aussi au mouvement. Le CDL du Var à majorité MLN et le chef départemental CFL/FFI organisent le rassemblement des résistants de la région toulonnaise dans le massif de Siou Blanc, au nord de la ville. Chez les FTP, où l’on vit dans la préparation de l’insurrection nationale, vue comme un soulèvement sur le modèle corse, et où l’on veut se démarquer des partenaires qualifiés d’“attentistes”, les ordres reçus de l’état-major de zone sud (c’est-à-dire le triangle de direction du PCF) poussent à une action ouverte. En fait, FTP et communistes sont partagés, mais, en plusieurs endroits, ils concourent à la mobilisation et occupent les localités.

Ce soulèvement, au-delà des organisations, constitue l’expression d’une révolte trop longtemps contenue, d’une adhésion massive, sentimentale à une résistance que l’on connaît mal, mais dont on veut être. L’afflux de volontaires est tel que certains maquis renvoient chez eux ceux qui ne sont pas armés. La mobilisation se maintient ainsi plusieurs jours, jusqu’au moment où la situation (ravitaillement et sécurité) contraint à reconsidérer les choix. Les messages du général Koenig appelant à la démobilisation, connus des états-majors à la mi-juin, y ont contribué, mais ne nous illusionnons pas sur la rapidité et la généralité de leur diffusion. Ce sont en fait les conditions matérielles et les perspectives, l’absence de parachutages et de débarquement en Méditerranée, qui y ont poussé, et, plus encore, la réaction allemande après trois jours d’expectative.

 

Les conséquences du “faux départ”

Elles sont considérables et pèseront sur les conditions de la participation de la Résistance aux combats d’août.

En se dévoilant, la Résistance a démasqué ses intentions. Un certain nombre d’opérations ne pourront plus être rééditées, ainsi la mobilisation de 4 ou 500 hommes dans les collines arides du nord de Toulon. Menacé, impossible à ravitailler, ce maquis a du être dissous le 16 juin. La dispersion s’est faite sans trop de mal (11 tués quand même et une partie des cadres arrêtés peu après), mais démoralisation et tensions internes l’accompagnent. Le cas n’est pas unique.

Les effets sont encore plus graves là où la répression a eu le temps et la possibilité de sévir. S’attendant à un débarquement le 8 juin, les Allemands ne réagissent vraiment qu’à partir du 10. Parfois assistés de la Milice, plus souvent guidés par les commandos Brandebourg que l’on confond généralement avec elle, ils attaquent simultanément sur plusieurs points : la Sainte-Baume (maquis des Milices socialistes le 10 juin, 11 tués), le secteur de Vaison-la-Romaine, la région de Valréas que les maquisards ont occupée 4 jours (12 juin, 53 morts), la concentration FFI du maquis Sainte-Anne, près d’Aix-en-Provence (12-13 juin, 85 morts), les vallées du Bas-Verdon et plateau de Valensole (11-17 juin, plusieurs dizaines de tués ou fusillés), la vallée de l’Ubaye où Lécuyer doit évacuer Barcelonnette le 14, etc.

Cette situation provoque la rupture entre la direction régionale MLN/FFI (Rossi-Juvénal), soutenue par les responsables MLN/FFI de zone sud et le Délégué militaire de zone (Bourgès-Maunoury), et celle de l’ORA, que le colonel Zeller Joseph, l’un des chefs nationaux de l’ORA, chargé de la coordination du secteur alpin, appuie.

Lécuyer qui sera démis de son commandement FFI a décidé de continuer l’action entreprise. Organisant comme prévu son dispositif autour du massif des Trois Evêchés, il est soutenu par les importants maquis FTP des Basses-Alpes en dépit des critiques de principe que les communistes portent contre les “déserteurs”. De son côté, Rossi s’aligne plus nettement sur les positions FTP en faveur de l’insurrection dans les grandes villes, tandis que Juvénal et de nombreux responsables MLN ne sont pas partisans d’une action qu’ils considèrent comme prématurée en l’absence de tout débarquement.

A ces clivages militaires complexes, se surajoutent des clivages politiques qui ne le sont pas moins. La position de Juvénal et de ses amis s’explique partiellement par là. Elle est renforcée par le sentiment que le MLN (sa direction zone sud notamment) et les CFL (par exemple Rossi, soupçonné d’être un “sous-marin”) sont noyautés à tous les niveaux par le PCF. Ce n’est pas faux, mais ça sous-estime l’attraction “naturelle” qu’il exerce en donnant l’impression d’avoir une stratégie plus cohérente, en tout cas plus active, surtout après le 6 juin, que la leur. La lutte politique pour le contrôle des comités de Libération est intense dans les Alpes-Maritimes ou dans les Bouches-du-Rhône. Elle oppose communistes et socialistes. En réalité, il n’existe plus vraiment de commandement régional. Les liaisons sont devenues trop difficiles et une partie des responsables a été identifiée. L’atomisation de la Résistance - qui existait de fait avant le 6 juin - est portée à son comble. Vue de l’extérieur, la situation est d’autant plus confuse que le DMR est momentanément arrêté le 28 juin. Il est vrai qu’à l’extérieur, la répartition des tâches entre Londres et Alger, Koenig, chef extérieur des FFI, et le général Cochet, son représentant théorique à Alger, les civils et les militaires, les Français et leurs alliés, est loin d’être un modèle de clarté... Le problème du Vercors tient dans cette confusion-là et l’on oublie trop que tout le secteur alpin, y compris dans notre région, lui est étroitement associé.

La résistance provençale est donc, après la mi-juin, dans une situation très contrastée. Affaiblie, déchirée, éparpillée, parfois démoralisée, en partie découverte, elle a pourtant considérablement élargi son assise géographique et sociale, elle multiplie les actions, elle a ouvert un “front” intérieur. De cette situation, profitent surtout les organisations qui ont su “rebondir”, celles que leurs structures et leur stratégie rendaient plus aptes à le faire, l’ORA et les communistes par FTP interposés (en dépit des méfiances et des désaccords réciproques).

 

Les jours les plus longs (juin-août)

Durant ces quelques semaines, le problème des résistants est de tenir, quelle que soit leur position de combat, alors que la pression ennemie est plus forte que jamais.

La “Gestapo” de Marseille bénéficie des renseignements fournis par un officier parachuté, Noël, qui circule pendant deux mois d’un groupe de résistance à l’autre, avant d’être abattu par ses employeurs. A l’origine d’attaques de maquis en juin et juillet, il est la source des deux nouvelles “affaires” que Dunker réalise (Catilina, dirigée contre l’ORA et la Sûreté navale, et Antoine qui décime MLN et FFI). Elles aboutissent à l’identification de nombreux responsables et à l’exécution, en deux fournées, les 18 juillet et 12 août, de 38 résistants de toute la région, dans les bois de Signes, entre Marseille et Toulon. Parmi eux, Rossi, le chef régional FFI, Chamay, que l’on vient de nommer DMR par intérim, Georges Cisson, responsable régional de Libération, du NAP et de la presse du MLN, les membres du CDL des Basses-Alpes, tous arrêtés le 16 juillet à Oraison, etc.

Au même moment, l’armée allemande lance une nouvelle offensive contre les maquis provençaux, parallèlement à celle qu’elle mène contre le Vercors. Le réduit résistant des Basses-Alpes est attaqué de plusieurs côtés à la fois, mais Lécuyer et ses hommes parviennent à garder le contrôle de la zone limitrophe des Alpes-Maritimes. Les marges de ce secteur sont sillonnées jusqu’en août : le Haut-Var - l’actuel camp de Canjuers - et la région du Verdon où les maquis FTP subissent de lourdes pertes (en particulier le 11 août à Sainte-Croix-du-Verdon, environ 20 tués), une fois de plus la région de Sault, dans le Vaucluse, la frontière italienne où des “partisans” se sont repliés, etc.

Ajoutons que la Milice, rassemblée depuis le 7 juin dans les préfectures, participe aux opérations que les occupants veulent bien lui laisser ou que la gendarmerie, elle aussi rassemblée aux mêmes endroits, n’entend pas assurer.

La fragmentation de la Résistance s’accentue. Rossi ne peut être remplacé malgré les efforts de plusieurs responsables pour assurer la continuité (Jean Garcin, chef régional des Groupes francs, Simon, représentant les FTP, Renard, désigné par Juvénal, vite arrêté et qui sera fusillé le 15 août à Nice, au quartier de l’Ariane avec 20 autres résistants). Les CFL/FFI de Marseille sont divisés. On envisage en août d’y muter le chef départemental FFI du Var, “brûlé” depuis juin et à qui il faut trouver un remplaçant. Le CDL de ce département-clé manque cruellement de moyens de liaison, tout comme la plupart des responsables “politiques” de la Résistance. Les émetteurs abondent dans la région, mais ils échappent à leur contrôle. Les réseaux participent à l’émiettement. Dans la partie alpine, le SOE (Jockey) dispose d’une influence qui le fait intervenir au même titre qu’un mouvement et, dans la région marseillaise, son réseau Gardener soutient l’initiative des Milices socialistes. A une échelle plus réduite, tel réseau américain, tel chef d’unités de transmission de Gallia ont sous leur autorité tout ou partie d’un secteur de résistance, sans oublier la SAP dont le chef régional, Camille Rayon Archiduc, toujours en butte à des critiques, est théoriquement remplacé début juillet.

Basé dans la région d’Apt depuis le printemps, ce réseau est le principal organisme de liaison avec l’extérieur, jouant jusqu’au bout un rôle crucial dans les opérations aériennes. C’est de là que peut partir le colonel Zeller dans la nuit du 1er au 2 août, porteur d’un plan d’attaque à travers les Alpes ; c’est là qu’atterrissent les envoyés de Londres ou d’Alger, le Marseillais Francis-Louis Closon, nommé commissaire de la République dans le Nord, Charles Luizet qui, de Corse, est envoyé à la préfecture de la Seine, ou encore un nouveau DMR, Widmer, et, quelques jours après, avec, semble-t-il, des attributions comparables, le colonel Constans.... Trop tard de toute façon pour compliquer une situation qui l’était suffisamment. D’autant qu’était déjà arrivé le capitaine Sorensen Chasuble, chargé par le général Cochet d’arbitrer dans le différend ORA/FFI....

En fait, tout se passe comme si, par émissaires interposés, chaque clan de la résistance extérieure ou des Alliés, aussi méfiants et mal renseignés les uns que les autres, forcément en retard sur une situation mouvante, nourrissait l’illusion de chapeauter l’action militaire, et éventuellement politique, de la résistance intérieure. Ces péripéties affectent peu une base qui ignore la plupart des clivages et des sigles, qui attend des armes et qui se demande souvent combien de temps on pourra tenir tant sont nombreuses les arrestations, les prises d’otages, les morts.

Cependant, en dépit des menaces et des actions imprévisibles d’un occupant aux abois, d’une situation matérielle souvent tragique (pénurie de vivres, évacuations côtières, bombardements répétés), la population manifeste quand elle le peut ses sentiments. La Résistance est entourée de sympathies, malgré la peur que l’on a des représailles et les problèmes que soulève la présence de nombreux et jeunes maquisards. Les actions collectives, manifestations ou grèves, souvent suscitées par les communistes et les organisations qu’ils animent (CGT, Front national, etc.), se multiplient. Les troupes d’occupation se sentent entourées d’hostilité et surestiment considérablement la force de la Résistance qu’elles croient appuyée par des milliers de parachutistes dans les Alpes.

Les communistes accentuent leur pression sur l’occupant, sur les “collaborateurs” et sur le reste de la Résistance qu’ils veulent entraîner et où ils trouvent de nombreux appuis. Ils entendent occuper le terrain, celui que l’action des militants conquiert et celui qui est pris à des partenaires affaiblis par la répression et par les divisions. Leurs critiques se sont accentuées depuis les événements de juin qui ont permis de stigmatiser l’”attentisme” des uns, la “désertion” des autres, et toujours l’injuste répartition des armes. Plus que jamais, le PCF cherche à susciter l’insurrection, en dépit des réticences de chefs FTP conscients de leur faiblesse, notamment en villes, et d’abord à Marseille. Préparée par une intense campagne “pour 500 grammes de pain”, l’action culmine entre le 11 et le 17 juillet avec une série d’initiatives pré-insurrectionnelles dont on trouve le pendant ailleurs en zone sud : arrêts de travail et grèves, manifestations diverses, tentative de désertion en masse des unités arméniennes sous uniforme allemand stationnées dans le secteur du Lavandou, coups de main (actions d’épuration et sabotages) menés par les maquis FTP qui, par ailleurs, détruisent systématiquement les ponts routiers sur les axes conduisant aux Alpes.

En dépit de cette combativité, la fin juillet et la première quinzaine d’août marquent souvent un essouflement. La réaction allemande est vive et les moyens d’y faire face réduits.

 

Le débarquement

Les raids aériens se multipliant, Allemands comme résistants s’attendent à quelque chose d’imminent. Toulon a été bombardée pour la huitième fois le 6 août et, à partir du 11, l’aviation alliée attaque systématiquement les défenses littorales, les voies de communication et les batteries. Le 13, l’état-major allemand a la certitude du débarquement. Le lendemain, sont placardées les affiches qui ordonnent l’évacuation de Toulon par la population qui y réside encore. Trop tard.

Au début août, les occupants disposent de 4 divisions entre le Rhône et la frontière italienne auxquelles s’ajoutent de multiples éléments autres (marine, aviation, etc.). Après avoir eu tendance à dégarnir leurs positions au profit de la Normandie, ils renforcent leur dispositif dans le secteur qui paraît le plus probable pour le débarquement, celui que les Alliés ont effectivement choisi, le littoral Hyères-Saint-Raphaël.

Les Alliés ont fait ce choix au printemps. En dépit du relief - le massif des Maures - et de voies de communication mal commodes, il a été préféré aux plages proches de Toulon pour son éloignement des batteries du camp retranché et surtout pour sa position par rapport à l’axe de communication - la RN 7 - qui relie la Basse-Provence à la vallée du Rhône en passant par Brignoles et Aix, qui permet donc de contourner Toulon et Marseille et de ne pas être retardé par les combats que l’on présume difficiles dans ces deux villes.

Scrutée par l’observation aérienne, la région est quadrillée par des réseaux de renseignements dont le travail, difficilement mesurable, a pourtant joué un rôle indéniable dans la réussite des opérations. C’est là un apport de la résistance intérieure trop souvent négligé et qui n’est mesurable que pour certains d’entre eux, F2 (sous-réseau Azur) ou SR Marine Edouard, sans préjuger de ce que les autres ont pu faire. Le problème est évidemment de faire parvenir les renseignements à temps, mais, le 5 août, le lieutenant de vaisseau Midoux, membre de la mission Sampan (mission antisabotage du port de Toulon), peut s’envoler de la région d’Apt vers l’Italie porteur du courrier des SR Edouard et MLN.

Chaque nuit amène de nouvelles missions, dont l’utilité est discutable et l’efficacité fort variable. Au total, la région a reçu 3 groupes opérationnels d’une dizaine d’hommes (pour les Basses-Alpes et le Vaucluse) et 7 équipes Jedburgh - équipes mixtes de 3 hommes - depuis le 31 juillet. Dans le Var, atterrissent en outre l’équipe de soutien de la mission Sampan dirigée par Jean Ayral Gédéon, ancien délégué de Jean Moulin en zone occupée, et, à l’autre bout du département, celle du commandant Allain Lougre, qui supervise les diverses équipes antisabotages. C’est par lui que la résistance locale apprend, le 14 août, le déclenchement des opérations dans la nuit. Aussitôt, les responsables FFI de la région dracénoise font enlever les “asperges de Rommel” plantées dans la zone d’atterrissage prévue près du village de La Motte. Par ailleurs, Allain peut rencontrer non loin de là l’enseigne Sanguinetti et ainsi faire prévenir la mission toulonnaise dont il est membre et, par elle, le CDL, de l’imminence des événements. Ayral ne pourra les rejoindre, mais c’est en participant aux combats de la Libération de la ville avec ses hommes qu’il trouvera la mort.

Les opérations de débarquement commencent dans la nuit du 14 au 15 août par la mise à terre de groupes précurseurs dans les îles d’Hyères (Port-Cros et le Levant) et aux ailes de la zone de débarquement. On connaît le drame du Groupe naval d’assaut pris dans un champ de mines - récent ou passé inaperçu - au Trayas et le succès des commandos du colonel Bouvet dans le secteur du Lavandou. Peu après, commence le parachutage des premiers éléments de la 1e Airborne Task Force autour de La Motte. Il précède l’arrivée de planeurs. Il s’agit de contrôler l’arrière de la zone de débarquement, le débouché des Maures sur la RN 7 au carrefour du Muy. A partir de 8 h., le débarquement proprement dit a lieu, après un pilonnage d’artillerie, sur les plages comprises entre Cavalaire et Saint-Raphaël. Réalisé par des unités américaines des 5e, 36e et 45e DI, que rejoint un peu plus tard le Combat Command 1 du colonel Sudre (1e DB), il ne subit qu’un seul échec sur la plage de Fréjus.

L’avancée des troupes est rapide. Draguignan et ses états-majors sont pris le 17, Brignoles le 19, date à laquelle les hommes de l’Armée B du général de Lattre de Tassigny, arrivés à partir du 16, assurent la relève des Américains sur la “ligne bleue”, c’est-à-dire la basse vallée du Gapeau entre Solliès-Pont et Les Salins d’Hyères. Pendant que les uns poussent sur l’axe central vers Aix et Avignon (contrôlées le 21 et le 25), les autres doivent s’emparer du camp de Toulon que les Allemands mettent en défense (réoccupation des forts, obstruction des passes, etc.) et de cet autre gros morceau que constitue Marseille.

La libération de la Provence se déroule en deux temps :

- l’arrière-pays est libéré pour l’essentiel entre le 15 et le 24 août, bien au-delà des espérances puisque les détachements alliés poussent des pointes jusqu’à Grenoble, Montélimar, la frontière italienne ! Plusieurs garnisons sont circonvenues sans difficulté tant le moral était bas. C’est ainsi que les 850 hommes de Gap se rendent le 20 aux FFI (à direction ORA) et à un détachement américain. Mais l’affaire n’a pas été facile partout : bouchons et combats retardateurs depuis Le Muy jusqu’aux ponts du Rhône se comptent par dizaines, même si ce sont souvent des troupes en repli que les Américains chassent devant eux (évacuation d’Aix, Salon, Arles, Avignon, etc.). Il a fallu faire face à des contre-attaques, la plupart limitées mais dangeureuses pour une résistance médiocrement armée et peu aguerrie (Draguignan, Barjols, Arles, Gap, etc.). Certaines, menées à partir de la frontière italienne, ont récupéré du terrain, en Haute-Ubaye par exemple, et Briançon, libérée le 24, reprise le 29, n’a été reconquise que le 6 septembre par les FFI et les troupes nord-africaines.

- la bataille des villes côtières constitue un deuxième temps. Elle est menée par les troupes françaises, à forte composante coloniale, algérienne et marocaine en particulier. Elle commence le 20 août et aboutit le 28 avec la chute simultanée, après de rudes combats, de l’agglomération de Toulon/La Seyne et de Marseille, au moment même où les résistants font le coup de feu dans Nice.

Libération facile ? Incontestablement plus facile que prévue puisque Toulon était à J + 20, Marseille à + 40 et Lyon à + 90 dans les plans initiaux. Démoralisation de l’adversaire depuis le débarquement du 6 juin, évacuation d’une région que l’on ne cherchait pas à tenir à tout prix, supériorité manoeuvrière des troupes débarquées sont autant d’éléments essentiels d’explication. Mais aussi, rôle de la Résistance intérieure, non pas tant - c’est une évidence - dans l’issue des événements que dans la rapidité de la réussite.

 

La Résistance provençale dans les combats du mois d’août

Il n’est pas possible de détailler. La Résistance, sous des formes et avec des possibilités diverses, est partout et, avec elle, une partie de la population qui se reconnaît dans ce qu’elle représente. Les deux sont indissociables et ce n’est pas l’un des moindres succès de la Résistance toute entière, intérieure et extérieure, que d’avoir entrainé le pays derrière elle.

D’un point de vue militaire, malgré la douche froide de juin et les drames subis depuis, la participation résistante est loin d’être négligeable, même s’il y a pulvérisation des initiatives à un niveau qui ne dépasse pas souvent un groupe de communes. On peut résumer cet apport en quelques points :

- le combat : partout, avec les moyens qui sont les leurs, les FFI - et l’expression traduit bien l’unité du moment en s’étendant dès lors à tous les combattants de la Résistance - font le coup de feu avant l’arrivée des troupes régulières et avec elles. Saint-Tropez, le 15 août, est libérée par la très active résistance locale avec le renfort de parachutistes largués là par erreur. La commune voisine, Cogolin, est occupée, dès le matin du 15, par les maquisards FTP qui sont parvenus à réduire une batterie tenue par des Azéris. Dans l’arrière-pays, avec parfois un délai d’attente dû au souvenir récent de la mobilisation de juin, les positions de guérilla sont occupées pour tendre des embuscades contre des soldats ou des véhicules isolés. Du Ventoux ou du Lubéron, des montagnes de l’arrière-pays niçois, les maquisards descendent contrôler les localités voisines et “accrochent” les éléments ennemis en repli.

Isolément ou en groupes, des résistants se joignent aux unités débarquées, les accompagnent, s’y incorporent éventuellement. C’est ainsi que la cinquantaine d’hommes du principal maquis CFL du Var, dirigée par le lieutenant Sivirine Vallier, après avoir fait mouvement du Haut-Var vers les Maures pour se trouver aux avant-postes le moment venu, est intégrée à la 1e DFL avec qui elle a participé à la libération de Hyères, assurant seule celle de la presqu’île de Giens.

- L’accélération des décisions : le cas des Alpes-Maritimes est significatif. Le général Fredericks, commandant la 1e ABTF, couvre le flanc est des troupes débarquées. L’avance vers Nice n’est pas prévue dans l’immédiat. Or l’action de la Résistance permet le contournement par l’intérieur. Le capitaine Lécuyer, alors chef FFI des Alpes-Maritimes, traverse le nord de ce département et l’est du Var jusqu’à Saint-Raphaël pour convaincre Fredericks de faire avancer ses hommes. Il ne parvient qu’à un demi-succès. Les Alliés ne s’engagent que très prudemment en dépit de la reconnaissance qu’ils ont envoyée jusqu’à Puget-Théniers, laissent la Résistance assurer seule le harcèlement, avancent finalement jusqu’au fleuve Var et, après de nouvelles hésitations, le franchissent pour atteindre Nice, évacuée et libérée, le 29 et arriver à Menton le 6 septembre. Mais le temps perdu a permis aux Allemands de se replier vers l’Italie dont la frontière restera un abcès de fixation et une menace.

Par contre, du côté nord, les renseignements reçus du colonel Zeller ont préparé le terrain à une réaction plus rapide. La solidité de la tête de pont et son élargissement rapide permettent la mise sur pied de la Task Force Butler avec des éléments de la 1e ABTF. Partie du Muy le 18 août, mettant la main peu après sur le général Neuling, commandant du 62e CA, qui est parvenu à quitter Draguignan, elle avance en terrain libre ou libéré, atteint la route Napoléon, Digne, Gap et surtout les limites de l’Isère (Luz-la-Croix-Haute) le 19, avant d’être dirigée vers la vallée du Rhône pour peser sur le repli allemand et d’être relevée par la 36e DI qui est à Grenoble le 22.

Le rôle de la résistance locale dans la décision de brusquer l’attaque de Toulon et de Marseille est bien connu. Pour Toulon, on sait l’importance de la liaison effectuée par Sanguinetti au PC du général de Lattre à Cogolin, le 18 août. Certes la destruction des quais et des ouvrages d’art, minés au préalable, ne peut être évitée, mais, du moins, aucun des deux ports ne peut être transformé en “poche”.

Les renseignements et l’action de la Résistance, en incitant à avancer, ont un autre effet. Ils évitent aux villes de subir des bombardements massifs et aveugles à l’instar de ce que d’autres zones de combat ont connu. Plusieurs localités moyennes, Draguignan, Brignoles, Cannes, etc., échappent ainsi à des destructions considérables.

- Le guidage des troupes et les opérations annexes : les indications fournies par les innombrables complicités rencontrées tout au long de l’avance expliquent pour une part la rapidité des mouvements. Partout, il s’est trouvé des FFI pour guider et accompagner les soldats. Ce rôle a été notoire dans la prise de Toulon, tant pour les opérations ponctuelles comme la prise du spectaculaire Fort du Coudon qui domine le camp que pour le vaste mouvement tournant qui permet aux unités de la 3e DIA de s’enfoncer dans les massifs qui enserrent la ville et de surgir sur les arrières des occupants. Mais la libération de Draguignan, l’avancée dans les Alpes-Maritimes, le contournement de Marseille, etc., ont bénéficié d’un apport identique.

En même temps, les résistants locaux libèrent les troupes de certaines contraintes. C’est à eux qu’est confiée la garde des prisonniers et leur convoiement vers les “cages” installées au fur et à mesure de la progression. C’est eux qui assurent les opérations de nettoyage, la sécurité des liaisons et celle des arrières.

- Le noyautage des occupants : chaque acte de résistance, même minime, même avorté, a contribué à la démoralisation de l’ennemi en renforçant le sentiment d’insécurité. Mais il y a plus : ce sont les contacts directs que tel ou tel groupe de résistance a pu établir avec certains occupants, en particulier avec les nombreux “allogènes” - les éléments de l’Ost-Legion - présents dans la région qui sont le “ventre mou” des forces d’occupation. Nous avons déjà évoqué les contacts engagés par la direction des FTP-MOI avec les Arméniens du Lavandou, prêts à déserter en nombre à la mi-juillet vers les Basses-Alpes. L’affaire, sans doute éventée, a échoué, mais n’a-t-elle pas affaibli les capacités de défense de l’un des points de débarquement ?

On recense de nombreux cas de mutineries au moment des combats. La plupart ont été préparés avec la résistance locale. Il s’en produit à Marseille comme à Nice. Dans le Var, on en repère à Barjols, où le détachement arménien élimine ses cadres allemands et combat avec les résistants en attendant l’arrivée des Américains, à Hyères et Carqueiranne où plusieurs dizaines d’Arméniens passent du côté des FFI (en dépit de la répression qui a entrainé l’exécution de certains de leurs officiers eu avant), ou encore à La Seyne où des Polonais et des Arméniens se mettent au service de la Résistance par l’intermédiaire d’un résistant d’origine russe.

- les insurrections urbaines : c’est l’une des caractéristiques de la libération de la Provence que d’avoir connu plusieurs insurrections urbaines avant l’arrivée des soldats réguliers ou le départ des Allemands. Contrairement à ce que l’on s’imagine parfois, le cas n’est pas si répandu.

A Draguignan, l’initiative d’engager la lutte sans attendre, le 16 août, est prise par le CLL contrôlé par le MLN (à direction socialiste) avec l’appui des gendarmes dont le commandant est favorable à la Résistance. Les FTP s’y sont ralliés et apportent une contribution importante, alors que les Allemands contre-attaquent et que l’arrivée des troupes aéroportées se fait attendre.

A Toulon, l’affaire est engagée par le CDL, à majorité MLN, et le commandement FFI pour empêcher les occupants de s’enfermer dans le camp retranché. Là encore, FTP et Milices patriotiques, tout en restant autonomes, y participent activement. Précédés de sabotages et de coups de main, les combats commencent effectivement le 21 août. Pendant deux jours, les 22 et 23 août, les FFI, toutes tendances confondues, appuyés par des éléments du Bataillon de choc infiltrés par les faubourgs nord, tiennent le centre ville, perturbent les liaisons ennemies, isolent les arsenaux et les forts, avant que, de l’ouest et de l’est, les unités motorisées de l’armée de Lattre - 3e DIA et 9e DIC - parviennent à les rejoindre, le 23.

Les combats qui se déroulent simultanément à Marseille sont encore plus confus. L’étendue de la ville, la nature de ses quartiers qui sont autant de cellules particularistes et la pulvérisation de sa résistance l’expliquent. Personne ne commande vraiment l’insurrection. Mais le CDL, dirigé par le socialiste Francis Leenhardt (en remplacement de Juvénal, blessé), en a lancé le mot d’ordre le 19 et la CGT a appelé à la grève générale insurrectionnelle. En dépit de la faiblesse de l’armement, malgré les divisions, c’est dans une ville “debout” - et même un peu trop au gré de certains - que les hommes du 7e RTA pénètrent le 23, deux jours après que la Résistance se soit emparée de la Préfecture pour y installer le CDL. Rejointes par les gendarmes, toutes les composantes militaires de la Résistance ont participé à l’action tant et si bien que chacun, après guerre, a eu tendance à tirer la couverture à soi : les FTP, notamment les FTP-MOI, principaux éléments sur lesquels le commandement FTP peut compter, les Milices patriotiques plus étroitement contrôlées par le PCF, les divers groupes CFL/FFI, les Groupes francs qui n’y ont jamais été vraiment intégrés, les Milices socialistes, les hommes des réseaux. Plus d’une centaine d’entre eux auraient trouvé la mort et un millier de soldats réguliers (marocains pour la moitié).

C’est à Nice que l’insurrection est le plus nettement voulue et assurée par les communistes. Après avoir suscité un CDL qui leur est favorable, ils ont créé un comité insurrectionnel, alors que les Américains hésitent, laissant seuls les résistants face à une contre-attaque le long de la vallée du Var. Ce comité assure le commandement d’une opération dont FTP et FTP-MOI sont le fer-de-lance. Précédée de coups de main, elle est déclenchée le 28. Après une journée de harcèlement, les Allemands évacuent la ville dans la nuit. Mais les conditions de la libération d’Arles sont comparables : un comité militaire nommé par le comité local de Libération, qui ne sont ni l’un, ni l’autre à direction communiste, des combats le 22 et le 23 durant lesquels les FTP jouent un rôle important tout en restant autonomes, alors que les Allemands évacuent, puis tentent de revenir, avant de partir le 24 à l’approche des Américains.

Si le processus est partout identique et porte la marque des communistes (proclamation de la grève générale insurrectionnelle par la CGT, appel au combat par le CDL, déclenchement volontariste des hostilités), il serait erroné de considérer qu’il s’agit seulement d’une manoeuvre de leur part visant à s’emparer du pouvoir local. Certes, l’enjeu existe bel et bien, les luttes internes ont été rudes jusqu’au dernier jour, mais, Nice mis à part, chacun a considéré cet ultime engagement comme indispensable. Une façon qui ne se voulait pas que symbolique de signifier que l’on tenait à être présent lors de la phase finale d’une libération attendue depuis longtemps. Pour tous, l’objectif était d’installer un pouvoir résistant - qui ne pouvait être que partagé entre les diverses composantes - mais aussi d’assurer une participation française à la libération militaire pour éviter l‘AMGOT, pour imposer la résistance intérieure - et, en son sein, les communistes - comme un acteur à part entière et inciter les troupes débarquées à accélérer le mouvement. Même à Nice, ce sont bien ces objectifs-là qui ont prévalu.

 

La Résistance au pouvoir

En dépit des reconstructions polémiques ultérieures, suscitées par les désillusions et souvent élaborées au temps de la guerre froide, il est indéniable que la Résistance est au pouvoir en août 1944 à la suite de ce qui, par bien des côtés, peut apparaître comme une révolution dans la lignée républicaine, l’ultime révolution donc d’un 19e siècle dont on est moins éloigné sur bien des plans que d’aujourd’hui.

En fonction des rapports de force internes, elle a mis en place les institutions projetées depuis des mois : délégations municipales, comités locaux de Libération (tardivement créés, le plus souvent au moment même de la Libération), CDL. Elles sont parfois imposées au Gouvernement provisoire et à ses représentants, obligés de prendre en compte cet état de fait. Serviteurs de l’Etat, ceux-ci savent d’autant plus faire la part du feu qu’ils sont, pour la plupart, des résistants incontestables, à commencer par le commissaire de la République, Raymond Aubrac, arrivé à Saint-Tropez le 18, qui a pris là ses premières décisions, avant de rejoindre Marseille dès le 24.

Les municipalités nouvelles (qui se confondent souvent avec les CLL) sont ainsi entérinées sans qu’elles aient eu à tenir compte pour leur composition des ordonnances prises à Alger auparavant. CLL et délégations municipales reflètent les rapports de force politiques qui existent dans chaque commune. Il en va de même au niveau départemental pour les CDL. Même si la volonté unitaire prévaut, les rivalités ne sont pas suspendues pour autant. Ne pouvant obtenir une composition plus favorable du CDL des Bouches-du-Rhône, les communistes suscitent la création d’un comité régional de la Libération (CRL), présidé lui par Jean Cristofol, tandis que, dans les Alpes-Maritimes, les communistes et leurs alliés, majoritaires dans le nouveau CDL, tentent d’en fermer la porte aux socialistes.

Dans cette phase de l’été 1944, l’essentiel n’est pourtant pas là. Il est dans la volonté partagée de toute la Résistance de participer effectivement au pouvoir. Hommes d’ordre, mais d’un ordre qui se veut populaire et démocratique, “pur et dur” après la corruption de l’occupation et de la collaboration, les résistants sont des jacobins, marqués par l’idée qu’ils se font des “grands ancêtres”, ceux de 92, parfois corrigés par ceux de 1917. On peut ironiser, recenser les limites et les contradictions d’une telle attitude, mesurer l’écart entre les proclamations et les actes, sortir les cadavres des placards (mais bien moins nombreux que ne le prétend la légende “noire”), mais on ne comprendra rien aux attitudes des uns et des autres si l’on ne resitue pas leur action dans ce contexte mental.

Les CDL, au départ tout au moins, n’entrent pas en conflit avec les représentants du gouvernement, sauf dans les Alpes-Maritimes où le préfet désigné est refusé et remplacé par un proche collaborateur d’Aubrac, Paul Escande. Les CDL, tout en n’ayant que des attributions consultatives, jouent un rôle essentiel dans le domaine municipal en surpervisant les CLL et les municipalités, en arbitrant les conflits, en proposant un élargissement éventuel dans les semaines qui suivent la Libération. Ils contrôlent aussi cette première phase de l’épuration en servant de liens entre les comités d’épuration locaux et les représentants du pouvoir. Ils contribuent à normaliser une situation parfois anarchique. Ils appuient l’action de Raymond Aubrac qui, d’emblée, a décidé la création des “Forces républicaines de sécurité” (FRS) à partir des FFI (en fait largement investies par les FTP) et met en place dès septembre les cours de Justice.

Mais au “centre” l’on est trop persuadé que cette résistance partout présente est un ferment de désordre, de dissolution de l’Etat pour mesurer sereinement ce qu’elle fait et ce qu’elle représente. Les comités gênent en se voulant les seuls représentants légitimes du pays jusqu’aux élections, ce que proclame avec éclat le congrès des CDL de zone sud à Avignon en octobre. La puissance des communistes inquiète. On ne veut voir dans les FFI que des éléments troubles qui n’aspirent guère à rejoindre le front.

De celà témoigne l’attitude du général de Gaulle qui passe de Marseille à Toulon le 15 septembre, avant de gagner Toulouse le 16. Au fond, contre Marseille et contre Toulouse, rejoue chez l’homme du Nord, l’officier supérieur, l’incarnation de la France éternelle, le vieux stéréotype du Midi “turbulent”, “ingouvernable”, exotique et quelque part “étranger”:

“il flottait sur Marseille un air de tension et presque d’oppression qu’entretenaient des actes abusifs. Les communistes... avaient établi à Marseille une dictature anonyme... le commissaire de la République, Raymond Aubrac, qui s’était prodigué dans la Résistance, adoptait malaisément la psychologie du haut fonctionnaire. A lui, aux préfets de la région, à leurs collaborateurs.... je marquai sur le ton voulu que le gouvernement attendait d’eux qu’ils fassent leur métier, qu’il s’agissait désormais d’appliquer les lois et les ordonnances, en un mot d’administrer... Nulle part, mieux que dans cette grande cité tumultueuse et blessée, je n’ai senti que seul le mouvement de la résistance pouvait déterminer le renouveau de la France, mais que cette espérance suprême ne manquerait pas de sombrer si la libération se confondait avec le désordre.” (Mémoires de guerre. Le salut 1944-1946).



Bibliographie sommaire

Il n’existe aucune synthèse sur la Résistance provençale et sur la Libération de la région pour l’instant. La classique Histoire de la Libération de Robert Aron (Paris, Fayard, 1959) n’est intéressante qu’à titre d’illustration des préjugés communs. Le tome 5 de l’Histoire de la Résistance en France d’Henri Noguères (Paris, Robert Laffont, 1981) offre le tableau le plus complet, mais lacunaire et parfois erroné. Sur les aspects politiques de la période, on pourra se reporter aux communications de Christian OPPETIT, Robert MENCHERINI, Jean-Louis PANICACCI et Jacky RABATEL in Philippe BUTON et Jean-Marie GUILLON, Les pouvoirs à la Libération, Paris, Belin, 1994.

 

Etudes départementales :

- Jean-Marie GUILLON, Le Var, la guerre, la Résistance 1939-1945, Toulon, CDDP, 1984 (recueil de documents et aperçu sur la Résistance locale)

- Jean GARCIN, De l’armistice à la Libération des Alpes-de-Haute-Provence, 1990, Digne, chez l’auteur (travail exemplaire, avec les choix qui sont les siens, du président départemental de l’ANACR).

- Jean-Louis PANICACCI, Les Alpes-Maritimes de 1939 à 1945, Nice, Ed. Serre, 1989 (tableau commode par le spécialiste de ces années-là dans ce secteur).

 

Evénements militaires :

- Henri BERAUD, La Seconde guerre mondiale dans les Hautes-Alpes, Gap, Société d’étude des Hautes-Alpes, 1990.

- Paul GAUJAC, La Bataille de Provence, Paris-Limoges, Charles Lavauzelle, 1984 (tableau très clair, sauf en ce qui concerne la résistance intérieure que l’auteur connaît peu).

- Pierre GUIRAL, La Libération de Marseille, Paris, Hachette, 1974 (faute de mieux, à compléter par Claude MESLIAND, “La Libération de Marseille”, Cahiers de l’Institut Maurice Thorez n°8-9, 1974).

et, bien entendu, l’Histoire de l’Armée française, signée par le Maréchal de LATTRE de TASSIGNY (Paris, Plon, 1949).

 

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 11:09

 

La Résistance en Provence

 


Jean-Marie GUILLON

Texte publié dans la brochure
Congrès national de l’ANACR, Marseille, 14-16 novembre 2008,
p. 13-18.

La Résistance en Provence est méconnue, en dépit des très nombreux témoignages d’acteurs de premier plan qui ont contribué à sa création et à son développement (Henri Frenay, Claude Bourdet, Daniel Mayer, Chevance Bertin, Guillain de Bénouville, Marie-Madeleine Fourcade, etc.). Sans doute les stéréotypes qui collent à la région – de Tartarin à Pagnol – sont-ils pour quelque chose dans cette ignorance ou cette sous-estimation. Or la Résistance en Provence a joué un rôle plus grand qu’on ne le croit généralement.

 

Première étape : l’été 1940

Comme ailleurs, l’été 40 est le moment de la confusion la plus extrême, des illusions (sur la paix proche), du soulagement (l’occupation est évitée), de l’afflux des réfugiés dans la nasse marseillaise. Les appels du général de Gaulle sont connus, au moins par la presse quotidienne qui publie presque intégralement celui du 18, et l’impact n’en est pas négligeable, même si Mers-El-Kébir et la popularité du Maréchal contribuent largement au succès premier du régime de Vichy. Cependant sept parlementaires provençaux ont été parmi les « 80 » : les socialistes Henri Sénès, sénateur, président du Conseil général du Var, Joseph Collomp et Michel Zunino, députés et maires de Draguignan et La Garde (Var), Félix Gouin, député-maire d’Istres (Bouches-du-Rhône), Louis Gros, sénateur-maire d’Avignon, plus l’ancien garde des Sceaux René Renoult, sénateur radical-socialiste du Var, et Jean Hennessy, député “Gauche indépendante” des Alpes-Maritimes.

S’il n’y a pas encore de résistance organisée, quelques initiatives précoces apparaissent avec, entre autres, le capitaine Frenay qui recrute ses premiers compagnons dans les casernements de Marseille et de Fréjus ou des militaires polonais qui jettent les bases d’organisations d’entraide - autour de la Croix rouge polonaise - et de renseignement (futur réseau F2). Du côté des communistes, très désorganisés depuis l’interdiction du PC, le retour des démobilisés permet la relance de l’activité clandestine, non sans confusion puisque deux “directions” sont en concurrence à Marseille dans l’été 40.

 

Emergence de la Résistance organisée (automne 1940-automne 1941)

Montoire et la mise en place de la Révolution nationale ouvrent les yeux, même si le voyage du Maréchal à Marseille et Toulon (3-4 décembre 1940), avec déploiement de l’armée d’armistice, entretient l’illusion de son « double jeu » et, plus encore, le renvoi de Laval peu après. Pourtant l’opinion évolue rapidement et, au cours de l’année 1941, les fractures décisives s’ouvrent. Les jeunes, étudiants, lycéens ou apprentis de la Marine, sont très vite critiques. L’écoute de la BBC est généralisée et ses mots d’ordre commencent à avoir quelques répercussions (campagnes des V au printemps 1941).

Marseille est alors la “capitale” de la Résistance organisée en zone non occupée, bien relayée par Nice et les localités du littoral. C’est le long de la ligne de chemin de fer principale, à partir des villes qu’elle dessert, que la Résistance organisée se diffuse. Elle est fragile, souvent imprudente, en tout cas inexpérimentée, limitée à quelques milieux (officiers, prisonniers évadés, réfugiés de la zone occupée ou d’Alsace, démocrates-chrétiens, francs-maçons, socialistes, communistes, etc.) et à quelques pratiques (recopiage de tracts diffusés par la poste, propagande orale, graffitis, papillons tamponnés ou polycopiés avec du matériel de fortune, renseignements). Des embryons d’organisation se mettent lentement en place : MLN, Liberté, groupes du général Cochet, catholiques de La Voix du Vatican (Avignon/Marseille), noyaux socialistes (autour d’élus comme Félix Gouin), en contact avec l’un des premiers envoyés de Londres, le capitaine Fourcaud, premiers réseaux souvent confondus avec les groupes précédents (le franco-polonais F2 notamment et les premiers contacts du SOE). Les communistes, fractionnés en noyaux repliés sur quelques lieux d’implantation ouvrière ancienne, sont infiltrés par la police et régulièrement décapités par la répression au niveau de la direction régionale entre octobre 1940 et mars 1941. Avec l’OS (Organisation spéciale), ils ont fondé leur reconstitution sur les jeunes que Pierre Georges, le futur “Fabien”, est venu réorganiser, avant que son successeur Jean Mérot ne soit arrêté et condamné à mort (puis gracié) par le Tribunal maritime de Toulon. De leurs côtés, les communistes étrangers s’organisent de façon autonome, alimentés en cadres par les évasions du camp des Milles. Marseille est le point de chute de la direction du PCE, puis, surtout, de celle du PCI, et la plaque tournante de leurs filières, notamment vers la Suisse. Les initiatives plus ou moins spontanées caractérisent encore cette période où les partisans du combat cherchent surtout à quitter la métropole.

Tout un pan d’activité, semi-légale et illégale, tourne autour de l’aide aux réfugiés, antinazis, intellectuels menacés, juifs et étrangers. Là aussi, Marseille joue un rôle essentiel comme centre des organisations caritatives juives et protestantes, souvent d’origine suisse ou américaine, point de départ de filières vers l’Espagne comme celle du Comité américain de secours de Varian Fry, lieu de repli pour ceux que les nazis menacent (comme les “gauchistes” qui fondent l’entreprise coopérative Croc’Fruit). Cette activité d’assistance fait souvent la transition avec la Résistance organisée.

Toutes ces actions sont facilitées par les complicités de fonctionnaires, y compris dans la police. Cependant l’essentiel de l’appareil d’Etat joue encore le jeu de Vichy. Sous Darlan et avec la radicalisation du régime, la répression s’étend à partir du printemps 1941 à la résistance non communiste. L’automne 1941 surtout marque une étape importante dans la clarification des attitudes après les arrestations opérées à Marseille, Toulon et Nice. Celles-ci, à l’initiative des services spéciaux du régime (ceux du contre espionnage de Paillole dont les bureaux sont à Marseille), déciment un petit monde résistant qui forme un ensemble encore flou qui mêle le MLN, Liberté, F2 et les réseaux du SOE dont Marseille est l’un des points d’appui nationaux.

 

Mouvements et réseaux (automne 1941- automne 1942)

C’est alors que Libération, regroupant syndicalistes et socialistes méfiants vis-à-vis du MLN jugé trop à droite, démarre vraiment, puis Franc-Tireur qui rassemble de fortes individualités. Le MLN fusionne avec Liberté pour devenir Combat, regroupant ici des francs-maçons aussi bien que des catholiques, des socialistes tout autant que des officiers d’active, des fonctionnaires, parfois haut placés, mais aussi des membres des professions libérales. Les uns et les autres absorbent des groupes isolés, s’étendent aux petites villes, se greffent sur la tradition républicaine de la région. Les réseaux, surtout britanniques, se diversifient, réseaux discrets - toujours mal connus - de l’IS ou, surtout, nouveaux réseaux du SOE. Par leur intermédiaire, les Britanniques tentent d’organiser un pôle de résistance qui échapperait au gaullisme. Ils s’appuient sur le réseau Carte du peintre André Girard installé à Antibes. Par lui, passe une grande partie des liaisons maritimes par felouques à équipage polonais qui débarquent ou embarquent, en 1942, dans l’Estérel et les calanques de Cassis, agents et matériel destinés à la France entière et personnalités dont Londres a besoin (d’Astier, Frenay, de nombreux militaires polonais, les animateurs du poste Radio-Patrie, chargé de concurrencer les émissions gaullistes). Le réseau Carte, artificiellement gonflé, ne fera illusion que quelques mois. D’autres réseaux, comme Alliance de Marie-Madeleine Fourcade (créé par des dissidents de Vichy issus de l’extrême droite nationaliste), F2 et ses diverses branches, le réseau Pat, spécialisé dans l’évasion de militaires britanniques, etc. resteront actifs jusqu’à la Libération en dépit des lourdes pertes qu’ils subiront. Les communistes français sortent de leur période d’apprentissage de la clandestinité, avec un appareil cloisonné, la réintégration des militants étrangers sous leur contrôle, et, afin de rompre leur isolement, le lancement du Front national en direction des milieux bourgeois, intellectuels et non communistes. Peu après, grâce à l’expérience des anciens de la guerre d’Espagne, souvent d’origine étrangère, sont créés les premiers groupes FTP.

L’opinion est, pour l’essentiel, hostile au pouvoir, surtout après le retour de Laval à la tête du gouvernement. Mais, dès avant, les manifestations de rues ont refait leur apparition avec la vague spectaculaire et plus forte qu’en aucune autre région des protestations de ménagères pendant l’hiver 1941-1942 (La Ciotat, région toulonnaise, etc.), puis les imposantes manifestations patriotiques du 14 juillet (surtout à Marseille où deux manifestantes sont tuées par le PPF). Avec les rafles de Juifs étrangers, les organisations d’assistance mettent en place des filières vers des refuges dans les Alpes et les Cévennes.

Sous l’impulsion de Jean Moulin, originaire de Provence, parachuté près des Alpilles dans la nuit du 1er janvier 1942, les mouvements de zone Sud se rassemblent derrière le général de Gaulle et rapprochent leurs positions jusqu’accepter de les coordonner, avant de fusionner dans les MUR. Des Groupes francs sont mis sur pied par les mouvements dans l’été 1942, tandis qu’autour du général Giraud, réfugié dans la région après son évasion d’Allemagne, on spécule sur un débarquement en Méditerranée. Mais alors, le centre de gravité de la Résistance en zone non occupée s’est déplacé vers Lyon où siègent les principales directions clandestines, à commencer par la “Délégation” créée par Jean Moulin.

 

Une résistance généralisée (automne 1942-printemps 1944)

Avec les réquisitions de main-d’oeuvre pour l’Allemagne (sensibles à partir de la fin 1942, date des premiers départs au titre de la relève “obligatoire”, et surtout avec le STO entre mars et août 1943) et l’Occupation, la Résistance essaie de canaliser le mouvement de refus, massif, qui disperse dans les zones rurales et montagneuses des centaines de jeunes gens. Le maquis lui donne donc une importance numérique, un ancrage rural, une assise juvénile et populaire qu’elle n’avait guère auparavant. Les premiers maquis de la région sont créés, soit par des réfractaires aidés par quelques résistants, soit par l’organisation FTP qui cherche à compléter les groupes de guérilla urbains (premiers camps en février-mars 1943, au nord de la région, dans le Ventoux, et, au sud, près du littoral, dans les Maures). Ces premiers maquis sont souvent camouflés par des chantiers forestiers. Le phénomène s’étend au printemps et recouvre l’ensemble des Alpes du Sud. Les MUR suscitent des filières et mettent sur pied un Service maquis spécifique. La plupart de ces maquis, qui ne sont pas armés, sont destinés à intervenir au moment du débarquement. Seuls les maquis FTP entreprennent aussitôt sabotages et attentats contre les installations industrielles ou électriques et contre le réseau ferré. Ces actions sont parallèles à celles des détachements urbains souvent formés par des éléments des FTP-MOI. Italiens, Arméniens, Juifs étrangers, Roumains, Bulgares, Espagnols forment les groupes de combat, qui, à partir de Marseille, donnent naissance à la “compagnie Marat”. Dans cette ville, commencent en novembre 1942 des attentats parfois spectaculaires qui visent les lieux fréquentés par les troupes d’occupation (ce qui permettra aux occupants, avec la complicité de Vichy, de justifier la destruction du quartier du Vieux Port), mais, à Nice, Arles et Toulon, cet exemple fait tâche d’huile. Les communistes italiens jouent un rôle essentiel dans la mise sur pied de ces groupes et le démarrage de ces actions, avant de glisser en Italie, à la suite de la direction du PCI qui s’y déplace en 1943. De leurs côtés, les GF des MUR réalisent également des opérations dans toute la région, en particulier contre les collaborateurs et le matériel ferroviaire de la Wehrmacht.

La Provence - la R2 - est considérée par Frenay comme la région modèle pour les MUR durant le premier semestre de 1943. Combat, le plus important des trois mouvements, en fournit l’ossature. Son chef, Chevance Bertin, préside le directoire régional. Les MUR mettent en place de nombreux services (NAP, Service social, SR, Service maquis, etc.), en plus de l’AS, soit peu à peu une sorte de contre-Etat clandestin, appuyé sur des fonctionnaires (Ponts et Chaussées, PTT, enseignement, police, etc.) et des employés communaux qui représentent une partie notable de leur base. Ils sont plutôt implantés dans certains milieux politiques (socialistes surtout) ou spirituels (francs-maçons, catholiques de Témoignage chrétien). Les réseaux de renseignement ou d’action anglais, sont désormais complétés par de très nombreux réseaux d’obédiences diverses (gaulliste comme Gallia, Ajax, Tartane-Masséna, Côtre, Goelette, Brutus, etc., américaine, soviétique, giraudiste). Les Services spéciaux de Vichy et une partie de l’armée (qui se retrouve dans l’ORA) se veulent le prolongement de l’armée d’Afrique et ont basculé dans la Résistance. Ils bénéficient de liaisons par sous-marins (presqu’île de Saint-Tropez de février à novembre 1943). Le PC est désormais à la tête d’un ensemble dynamique et très cloisonné qui couvre l’interrégion EF (soit la Provence plus le Gard). Des militants politiques ou syndicaux confirmés ou de jeunes promus, les uns et les autres souvent évadés des camps d’internement, fournissent un encadrement que les “chutes” et les mutations modifient rapidement. Provenant donc de régions plus ou moins voisines, celle de Lyon notamment, de futurs dirigeants de l’après-guerre (le Lyonnais Julien Airoldi, le Toulousain Jean Llante, le syndicaliste André Lunet, etc.) assument des responsabilités dans l’une ou l’autre des branches de l’organisation.

Avec la CGT réunifiée en avril 1943 et les premiers comités de coordination de la Résistance (celui du Var dès le printemps 1943, ce qui en fait l’un des premiers de France), la marche vers une unité toute relative des forces clandestines est entamée. Le rapport de force est favorable au début aux mouvements non communistes, mais les socialistes résistants, menés par Gaston Defferre Denvers, commencent à s’inquiéter de leur marginalisation, bien que les socialistes aient fourni aux MUR une grande partie de leur encadrement régional. Ils accélèrent la reconstitution du Parti socialiste en 1943 et ambitionnent de le doter de structures résistantes autonomes à partir du réseau Brutus et des Milices socialistes.

La connivence avec le maquis est plus répandue dans la population que l’hostilité. Même si l’on est inquiet, l’on ne parle pas. À partir du moment où la répression se durcira, les obsèques de maquisards tués serviront de prétexte à autant de manifestations d’unanimisme résistant. La Milice est un échec d’emblée, même si les pouvoirs qu’on lui attribue lui donnent des capacités de nuisance réelles. C’est dans le “milieu” ou dans le sous-prolétariat, parmi les jeunes dévoyés, que les occupants et leurs auxiliaires, PPF ou miliciens, trouvent leurs principaux agents.

Depuis novembre 1942, la IVe Armée italienne occupe l’essentiel de la région (hors le coin sud-ouest qui s’étend d’Avignon à La Ciotat), mais les principaux coups contre la Résistance sont portés par le Sipo-SD de Marseille, installé au 425 de rue Paradis, qui supervise les antennes des principales villes provençales. Plus que la délation qui est rare, la trahison est son auxiliaire le plus efficace. Entre mars et mai 1943, celle du secrétaire de Chevance Bertin, Multon Lunel, est l’une des bases de l’arrestation de 122 cadres des MUR et de la fuite de plusieurs autres identifiés au cours d’une action de répression dirigée par le gestapiste Dunker Delage et conclue par le fameux rapport Flora. Le directoire régional doit être reconstitué par des Varois - dirigé par Henri Sarie, futur préfet du Var - avant que Max Juvénal Maxence, avocat socialiste aixois, ne soit désigné à sa tête en octobre.

L’automne 1943 est une césure importante à plusieurs titres : effondrement italien et occupation totale de la Provence par les Allemands, début des bombardements (Istres, Toulon, Cannes, etc.), opérations antimaquis directement menées par la Wehrmacht et ses auxiliaires français de l’Abwehr (groupes Brandenburg) souvent confondus avec la Milice. Mais surtout la période marque un changement de rapport de force au sein de la Résistance elle-même. Les MUR restent le pôle dominant. Ils tiennent les rênes des institutions clandestines (comités départementaux de la Libération, préfets, etc.), mais l’ensemble est hétérogène, affaibli par la répression, par des forces centrifuges (les socialistes qui veulent créer un pôle autonome, l’attraction exercée par les communistes) et l’absence de moyens. Un pôle militaire se met en place autour l’ORA, dirigée par le capitaine Lécuyer Sapin. Elle prend le contrôle d’une partie de l’AS (région Aix-Brignoles), agit plutôt en liaisons avec la Section Atterrissage et parachutage (SAP), organisme gaulliste chargé des parachutages et dirigée en R2 par Camille Rayon Archiduc. Bien relié à Alger, recevant l’essentiel des armes (les parachutages sont plus nombreux à partir du printemps 1944), méfiant à l’égard des “politiques” ou des “civils”, ce pôle est appuyé par des missions parachutées qui, envoyées pour préparer le débarquement, ignorent les autres structures clandestines. De son côté, le pôle communiste s’appuie sur l’activité des FTP, maquisards et sédentaires, les actions “alimentaires” des comités de femmes, les luttes revendicatives animés par les anciens “unitaires” avec comme points forts les mines du bassin de Gardanne et la métallurgie provençale (de Port-de-Bouc à Cannes-La Bocca) qui connaît de nombreux arrêts de travail à partir de l’automne 1943 et peut même organiser une grève régionale le 22 mars 1944. Ce mouvement social culmine avec les grèves quasi insurrectionnelles de Marseille le 25 mai, brisées par le bombardement allié du 27. Recrutant chez les jeunes et les ouvriers, bénéficiant d’un pouvoir d’attraction considérable grâce à leur présence sur tous les terrains de lutte, les communistes durcissent leur position vis-à-vis des MUR et exigent un rééquilibrage du pouvoir clandestin. Ils prônent l’insurrection nationale, s’opposent à l’évacuation des villes qui, pour eux, doivent être le fer de lance de l’insurrection nationale, réclament la constitution de “noyaux actifs” dans les CDL où ils feraient jeu égal avec les MUR.

Au printemps 1944, les MUR mettent en place les FFI qui doivent regrouper tous les éléments armés. Mais, en fait, la résistance locale est déchirée. Les CDL, coupés en deux, sont souvent paralysés. L’ORA joue son propre jeu, tout comme le SOE qui possède dans les Alpes de fortes positions (réseau Jockey de Francis Cammaerts). Alger (par missions parachutées) et Londres (par l’envoi de délégués) essaient de chapeauter la Résistance intérieure. La base - la résistance humble et ordinaire - tout comme la population qui attend avec impatience (et crainte) le débarquement depuis plusieurs mois ignore la complexité de la situation de la Résistance et ses conflits internes.

 

La Libération (juin-août 1944)

Le combat ouvert pour la Libération commence ici aussi le 6 juin. Conformément aux consignes reçues, fondées sur l’assurance d’un débarquement en Méditerranée immédiatement après le 6 juin, des centaines d’hommes, peu ou pas armés, rejoignent les emplacements de maquis ou de guérilla fixés d’avance et même ses “zones franches” (plateau de Valensole, vallée de l’Ubaye). Cette mobilisation a parfois des allures de levée en masse. Certaines localités sont provisoirement libérées (Manosque, Forcalquier, Valréas, etc.). Les plans prévus pour la Libération sont appliqués. Mais ni le débarquement, ni les parachutages escomptés n’ont lieu. Guérillas et maquis sont souvent dissous, faute de pouvoir survivre ou combattre, mais ils sont parfois attaqués par les occupants qui réagissent violemment à partir du 10 juin (maquis des Milices socialistes de la Sainte-Baume : 11 morts, maquis de Jouques : 15 morts, maquis de La Roque d’Anthéron-Sainte-Anne : une centaine de morts, secteur de Valréas : 53 morts, etc.). On peut estimer à 500 environ le nombre des victimes de cette répression entre juin et août 1944 (combats de la Libération exclus) en Provence.

La résistance locale sort de l’affaire partiellement désorganisée et démoralisée. Les FFI ont volé en éclat, partagés entre leur chef, le capitaine Rossi Levallois, soutenu par Juvénal, et Lécuyer Sapin, le chef ORA, qui poursuit la guérilla dans les Basses-Alpes en compagnie des FTP. Parallèlement, les communistes mènent une offensive politique, prennent en main le nouveau CDL des Basses-Alpes et suscitent un CDL dissident dans les Alpes-Maritimes. En fait, la Résistance est atomisée entre de multiples centres de commandement (CDL divisés, chefs FFI, envoyés d’Alger, etc.). Elle est affaiblie par la trahison qui permet à Dunker de boucler deux nouveaux rapports (Catilina et Antoine) aboutissant à l’arrestation du CDL des Basses-Alpes à Oraison et à celles de divers responsables, ORA et surtout MLN/FFI, parmi lesquels Levallois, Cisson, chef régional NAP et presse (créateur du mensuel des MUR, Provence Libre), Chanay, chef de la mission interalliée, etc. Ces hommes seront fusillés en deux fournées, près de Signes dans le Var (38 morts les 18 juillet et 12 août).

Les quelques semaines de juin à août sont pour la Résistance et la population les plus exaltantes, mais aussi les plus terribles. Cependant, l’action ne faiblit pas, au contraire, en dépit de ces représailles souvent lourdes : raids des FTP dont les effectifs s’enflent depuis le 6 juin, sabotages du réseau routier, tentative de désertion des troupes d’occupation non allemandes basée sur le littoral (Arméniens, etc.), manifestations pour le pain, grèves, etc., le tout culminant autour du 14 juillet. À la mi-juillet, la répression redouble d’activité. Les Allemands reprennent alors l’offensive contre les insurgés des Alpes du Sud (réoccupation de Barcelonnette, actions contre Nord du Var, etc.) en liaison avec les opérations du Vercors.

Les raids aériens se multipliant, Allemands comme résistants s’attendent à quelque chose d’imminent au début août. Toulon a été bombardée pour la huitième fois le 6 et, à partir du 11, l’aviation alliée attaque systématiquement les défenses littorales, les voies de communication et les batteries. Le 13, l’état-major allemand a la certitude du débarquement. Les Alliés ont fait le choix du littoral Hyères-Saint-Raphaël au printemps. En dépit du relief - le massif des Maures -, il a été préféré aux plages proches de Toulon qui sont sous le feu des batteries du camp retranché. En fait, la zone choisie est proche de la RN 7, qui relie la Basse-Provence à la vallée du Rhône en passant par Brignoles et Aix, et permet donc de contourner Toulon et Marseille.

Les opérations de débarquement commencent dans la nuit du 14 au 15 août par la mise à terre de groupes précurseurs dans les îles d’Hyères et aux ailes de la zone de débarquement, notamment au Cap Nègre (les commandos d’Afrique). Peu après, commence le parachutage des premiers éléments de la 1e Airborne Task Force à l’arrière de la zone de débarquement, près de la RN 7, au carrefour du Muy. À partir de 8 h., le débarquement proprement dit a lieu, après un pilonnage d’artillerie, sur les plages comprises entre Cavalaire et Saint-Raphaël. Réalisé par des unités américaines des 5e, 36e et 45e DI, il ne subit qu’un seul échec sur la plage de Fréjus. L’avancée des troupes est rapide. Draguignan et ses états-majors sont pris le 17 (mais la Résistance tient la ville depuis le 16), Brignoles le 19, date à laquelle les hommes de l’Armée B du général de Lattre de Tassigny, arrivés à partir du 16, assurent la relève des Américains sur la basse vallée du Gapeau entre Solliès-Pont et Les Salins d’Hyères. Pendant que les Américains poussent sur l’axe central vers Aix et Avignon (contrôlées le 21 et le 25), les Français doivent s’emparer du camp de Toulon que les Allemands mettent en défense (réoccupation des forts, obstruction des passes, etc.) et de cet autre gros morceau que constitue Marseille.

La libération de la Provence se déroule donc en deux temps :

- l’arrière-pays est libéré pour l’essentiel entre le 15 et le 24 août, bien au-delà des espérances puisque les détachements alliés poussent des pointes jusqu’à Grenoble, Montélimar, la frontière italienne ! Plusieurs garnisons sont circonvenues sans difficulté tant le moral était bas. C’est ainsi que les 850 hommes de Gap se rendent le 20 aux FFI (à direction ORA) et à un détachement américain. Mais l’affaire n’a pas été facile partout : bouchons et combats retardateurs depuis Le Muy jusqu’aux ponts du Rhône se comptent par dizaines, même si ce sont souvent des troupes en repli que les Américains chassent devant eux (évacuation d’Aix, Salon, Arles, Avignon, etc.). Il a fallu faire face à des contre-attaques, la plupart limitées mais dangereuses pour une résistance médiocrement armée et peu aguerrie (Draguignan, Barjols, Arles, Gap, etc.). Certaines, menées à partir de la frontière italienne, ont récupéré du terrain, en Haute-Ubaye par exemple, et Briançon, libérée le 24, reprise le 29, n’a été reconquise que le 6 septembre par les FFI et les troupes nord-africaines.

- la bataille des villes côtières constitue un deuxième temps. Elle est menée par les troupes françaises, à forte composante coloniale, algérienne et marocaine en particulier. Elle commence le 20 août et aboutit le 28 avec la chute simultanée, après de rudes combats, de l’agglomération de Toulon/La Seyne et de Marseille, au moment même où les résistants font le coup de feu dans Nice.

Libération facile ? Incontestablement plus facile que prévue puisque Toulon l’était à J + 20, Marseille à + 40 et Lyon à + 90 dans les plans initiaux. Démoralisation de l’adversaire depuis le débarquement du 6 juin, évacuation d’une région qu’il ne cherchait pas à tenir à tout prix, supériorité manoeuvrière des troupes débarquées sont autant d’éléments essentiels d’explication. Mais aussi, rôle de la Résistance intérieure, non pas tant - c’est une évidence - dans l’issue des événements que dans la rapidité de la réussite. Partout, avec les moyens qui sont les leurs, les FFI font le coup de feu avant l’arrivée des troupes régulières et avec elles. Ainsi Saint-Tropez est libérée le 15 août par la très active résistance locale avec le renfort de parachutistes largués là par erreur. La commune voisine, Cogolin, est occupée, dès le matin du 15, par les maquisards FTP qui sont parvenus à réduire une batterie tenue par des Azéris. Dans l’arrière-pays, les positions de guérilla sont occupées pour tendre des embuscades contre des soldats ou des véhicules isolés. Du Ventoux ou du Lubéron, des montagnes de l’arrière-pays niçois, les maquisards descendent contrôler les localités voisines et “accrochent” les éléments ennemis en repli. Isolément ou en groupes, des résistants se joignent aux unités débarquées, les accompagnent, s’y incorporent éventuellement. C’est ainsi que la cinquantaine d’hommes du principal maquis AS du Var, dirigée par le lieutenant Sivirine Vallier, après avoir fait mouvement du Haut-Var vers les Maures pour se trouver aux avant-postes le moment venu, est intégrée à la 1e DFL avec qui elle a participé à la libération de Hyères, assurant seule celle de la presqu’île de Giens.

Par ailleurs, la Résistance a souvent permis l’accélération des décisions. Ainsi, les renseignements reçus du colonel Zeller ont préparé le terrain à la mise sur pied de la Task Force Butler avec des éléments aéroportés. Partie du Muy le 18 août, elle avance en terrain libre ou libéré à partir de Draguignan, atteint la route Napoléon, Digne, Gap et surtout les limites de l’Isère (Luz-la-Croix-Haute) le 19, avant d’être dirigée vers la vallée du Rhône pour peser sur le repli allemand et d’être relevée par la 36e DI qui est à Grenoble le 22. Le rôle de la résistance locale dans la décision de brusquer l’attaque de Toulon et de Marseille est bien connu. Pour Toulon, on sait l’importance de la liaison effectuée par le futur amiral Sanguinetti au PC du général de Lattre à Cogolin, le 18 août.

À cette participation de la Résistance, ajoutons d’autres faits moins bien connus, en particulier le noyautage de certaines unités sous uniforme allemand, mais composés de troupes « allogène », notamment arméniennes ou polonaises. On recense de nombreux cas de mutineries au moment des combats, en liaison avec la résistance locale. Il s’en produit à Marseille comme à Nice. Dans le Var, à Hyères et Carqueiranne, plusieurs dizaines d’Arméniens passent du côté des FFI (en dépit de la répression qui a entraîné l’exécution de certains de leurs officiers eu avant), ou encore à La Seyne où des Polonais et des Arméniens se mettent au service de la Résistance par l’intermédiaire d’un résistant d’origine russe.

Mais surtout, l’une des caractéristiques de la libération de la Provence est d’avoir connu plusieurs insurrections urbaines avant l’arrivée des soldats réguliers ou le départ des Allemands. À Draguignan, l’initiative d’engager la lutte sans attendre, le 16 août, est prise par le comité local de libération, à majorité MUR, avec l’appui des gendarmes dont le commandant est favorable à la Résistance et la participation des FTP, alors que les Allemands contre-attaquent et que l’arrivée des troupes aéroportées se fait attendre. À Toulon, l’affaire est engagée par le CDL et le commandement FFI pour empêcher les occupants de s’enfermer dans le camp retranché. Là encore, FTP et Milices patriotiques y participent activement. Précédés de sabotages et de coups de main, les combats commencent effectivement le 21 août. Pendant deux jours, les 22 et 23 août, les FFI, toutes tendances confondues, appuyés par des éléments du Bataillon de choc infiltrés par les faubourgs nord, tiennent le centre ville, perturbent les liaisons ennemies, isolent les arsenaux et les forts, avant que, de l’ouest et de l’est, les unités motorisées de l’armée de Lattre - 3e DIA et 9e DIC - parviennent à les rejoindre, le 23. Les combats qui se déroulent simultanément à Marseille sont encore plus confus. L’étendue de la ville, la nature de ses quartiers qui sont autant de cellules particularistes et la pulvérisation de sa résistance l’expliquent. Personne ne commande vraiment l’insurrection. Mais le CDL, dirigé par le socialiste Francis Leenhardt, en a lancé le mot d’ordre le 19 et la CGT a appelé à la grève générale insurrectionnelle. En dépit de la faiblesse de l’armement, malgré les divisions, c’est dans une ville “debout” - et même un peu trop au gré de certains - que les hommes du 7e RTA pénètrent le 23, deux jours après que la Résistance se soit emparée de la Préfecture pour y installer le CDL. Rejointes par les gendarmes, toutes les composantes militaires de la Résistance ont participé à l’action, mais les FTP, notamment les FTP-MOI, et les Milices patriotiques plus étroitement contrôlées par le PCF, ont joué un rôle majeur. Plus d’une centaine de résistants auraient trouvé la mort dans ces combats et un millier de soldats réguliers (marocains pour la moitié). C’est à Nice que l’insurrection est le plus nettement voulue et assurée par un comité insurrectionnel, contrôlé par les communistes, alors que les Américains hésitent, laissant seuls les résistants face à une contre-attaque le long de la vallée du Var. Précédée de coups de main, l’insurrection est déclenchée le 28. Après une journée de harcèlement, les Allemands évacuent la ville dans la nuit pour se retirer vers la frontière italienne. Les conditions de la libération d’Arles sont comparables : un comité militaire nommé par le comité local de Libération, des combats le 22 et le 23, auxquels participent tous les groupes de résistance, alors que les Allemands évacuent, puis tentent de revenir, avant de partir le 24 à l’approche des Américains.

Le rôle de la Résistance est encore plus important du point de vue politique puisqu’elle assure la transition sans vide du pouvoir. En fonction des rapports de force internes, elle a mis en place les institutions projetées depuis des mois : délégations municipales, comités locaux de Libération (tardivement créés, le plus souvent au moment même de la Libération), CDL. Elles sont parfois imposées au Gouvernement provisoire et à ses représentants, obligés de prendre en compte cet état de fait. Serviteurs de l’Etat, ceux-ci savent d’autant plus faire la part du feu qu’ils sont, pour la plupart, des résistants incontestables, à commencer par le commissaire de la République, Raymond Aubrac, arrivé à Saint-Tropez le 18, qui a pris là ses premières décisions, avant de rejoindre Marseille dès le 24.

Ainsi donc, même dans la phase finale pendant laquelle l’action militaire recouvre tout le reste, le rôle de la Résistance provençale a été notable et original, sorte de couronnement de l’entreprise engagée par quelques uns en 1940 et désormais rejoints par presque tous. 

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 11:09

La Résistance à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône, de l’armistice à la veille du débarquement de Provence

 


Robert MENCHERINI

agrégé d'histoire, Professeur à l'IUFM d'Aix-Marseille

On ne peut évoquer toutes les organisations d'assistance et de sauvetage, françaises ou étrangères présentes à Marseille, très actives dans les camps et pour l’aide au départ. Mais, avec le grand nombre d’étrangers réfugiés dans la région marseillaise, elles constituent un terreau pour la Résistance des réseaux et mouvements. Celle-ci apparaît très tôt à Marseille et dans le département.

 

Premières feuilles, mouvements et réseaux

Dès l’automne 1940, plusieurs feuilles sont diffusées sous le manteau : la Lettre du général Cochet, les “Bulletins jaunes” du journaliste Jean Bardanne ou la Voix du Vatican qui, depuis Avignon, amorce la “résistance spirituelle” d’une partie des catholiques provençaux. Elle est continuée en novembre 1941 par les Cahiers du Témoignage chrétien : Simone Weil participe à leur diffusion jusqu’à son départ de Marseille.

Parallèlement, les mouvements commencent à s’organiser. Le journal Liberté, de Pierre-Henri Teitgen et François de Menthon, est imprimé à Marseille à partir de janvier 1941. C’est là aussi qu’Henri Frenay prend les premiers contacts pour son « Mouvement de Libération Nationale » (MLN).

La cité portuaire est un lieu privilégié pour les réseaux d’évasion et de renseignements : « F2», initié par des militaires polonais démobilisés, «Alliance» de Marie-Madeleine Méric (Fourcade), liée aux Britanniques comme l’organisation «Carte» du peintre André Girard, «Pat», avec Louis-Henri Nouveau, qui prend en charge les aviateurs alliés ou «Brutus», dépendant du BCRA, avec André Boyer-Brémond et Gaston Defferre-Denvers.

Marseille est devenue un véritable pôle : avant de partir pour Londres, Jean Moulin y rencontre Frenay et Menthon dont les mouvements MLN et «Liberté» s’unissent bientôt dans «Combat». Parallèlement, se met en place le “Front national pour l’indépendance de la France et la résistance à l’envahisseur ». Encadré par les communistes, mais se voulant représentatif de toutes les couches de la nation, il se structure dans la région à partir de 1942.

 

Une Résistance réprimée, mais qui se manifeste

Une vague d’arrestations atteint, à la fin de l’année 1941, la plupart des organisations de Résistance de Marseille. Mais des liens se tissent avec une population dont l’opinion évolue. Et l’hostilité aux occupants s’exprime dans la rue.

Ainsi, en mars 1941, une foule nombreuse dépose des gerbes sur la plaque de la Canebière et au monument de la Préfecture à la mémoire du roi Alexandre Ier de Yougoslavie, en soutien au nouveau roi. Et, le 14 juillet 1942, à l’appel des mouvements et de Radio-Londres des manifestations ont lieu dans beaucoup de localités du département. Elles regroupent, à Marseille, plusieurs milliers de personnes.

La Résistance soutient les nombreuses manifestations de « ménagères ». Elle appelle aussi au refus de la Relève, puis du STO. Elle aide les jeunes du département à partir pour les premiers maquis du Haut-Var ou des Basses-Alpes.

 

Après l’occupation de la zone Sud

Des militaires de l’armée d’armistice dissoute s’engagent dans l’ « Organisation de Résistance de l’Armée » (ORA), menée par Jacques Lécuyer, Sapin. Parallèlement, sont créés, en 1943, avec « Combat », « Libération » et «Franc-Tireur», les Mouvements Unis de la Résistance (MUR) qui deviennent MLN par regroupement avec des mouvements de zone Nord.

Les groupes de résistance développent l’action armée dans l’ensemble du département. C’est le cas pour les Groupes-Francs (GF) des MUR et pour les Francs Tireurs et Partisans Français (FTPF), liés au Front national et au Parti communiste, les FTP-MOI et les groupes de combat juifs. FTP et communistes paient un lourd tribut. En témoignent, parmi bien d’autres, Maurice Korsec, Elvéric d’Alessandri et Maurice Bonein, Lucien Vivaldi, tous fusillés, Vincent Faïta et Jean Robert, guillotinés à Nîmes.

La Gestapo (de fait SIPO-SD), désormais installée à Marseille, 425 rue Paradis, porte des coups très durs à la Résistance. Le “Rapport Flora” dresse la liste de 122 résistants arrêtés entre mars et juillet 1943 dont les dirigeants des MUR. Le SIPO-SD remonte jusqu'à Paris, Lyon et Calluire où Jean Moulin est arrêté, le 21 juin 1943.

Malgré la répression, la presse clandestine se développe. Aux journaux nationaux s'ajoutent des parutions régionales : La Marseillaise, pour le Front National, Le Marseillais, organe du MLN, Rouge-Midi, pour le Parti communiste, l’Espoir, organe régional des socialistes, Le Midi syndicaliste (titre du journal de l’UD CGT d'avant-guerre)...

Parallèlement, la Résistance regroupe ses forces militaires dans les FFI et se coordonne dans un comité départemental de Libération (CDL). Celui-ci, constitué au début 1944, rassemble dans son “noyau actif”, les MUR, le FN, le PC, le PS et la CGT. Il est présidé par Max Juvenal, Maxence, des MUR-MLN.

Les grèves de 1944 révèlent un changement de climat social et politique. Le premier grand mouvement a lieu du 17 au 22 mars, le second du 25 au 27 mai 1944. Dirigés par la CGT clandestine, Lucien Molino et Raoul Exbrayat, sous couvert des syndicats officiels, ils mobilisent des milliers d’ouvriers. La mobilisation de mai 1944 qui combine grèves et manifestations de femmes est brutalement interrompue, le 27 mai, par le bombardement américain de Marseille.

Le débarquement de Normandie suscite une montée au maquis dans les collines du nord du département (ORA-AS) et au Plan d’Aups (Milices socialistes). Mais bien renseignées à la suite d’une trahison («Affaire Catalina» du SIPO-SD), les troupes allemandes interviennent de manière très meurtrière. Elles font plus d’une centaine de victimes dans ces maquis, et dans celui, FTPF, de Saint-Antonin-sur-Bayon. Elles tuent aussi des résistants de Salon, Lançon et Saint-Rémy, et, en fusillent d’autres, arrêtés à Marseille et Martigues à Charleval, près de La Roque d’Anthéron.

Et, pendant l’été 1944, de nouveau, le SIPO-SD arrête des responsables de la région et du département, en particulier MLN et FFI («Affaire Antoine») qui sont fusillés à Signes en juillet-août.

Ainsi, à la veille du débarquement de Provence, la Résistance a subi de lourdes pertes. Et pourtant, sa participation à l’insurrection d’août et aux opérations de la Libération sera très importante, concrétisant ainsi l’action menée depuis l’été 1940. 

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 11:09

 

Provence

par Jean-Marie Guillon et Robert Mencherini

Extrait du Dictionnaire historique de la Résistance

(chapitre Territoires et régions, p.309)

Sous la direction de François Marcot

Coll. Bouquins, Robert Laffont, 2006

 

La région d’aujourd’hui, avec ses six départements méditerranéens et alpins, correspond aussi à la R2 des Mouvements unis de la Résistance (MUR), héritée de Combat, qu’à l’inter-région communiste E/F, même si, un moment, le Gard et la Drôme ont pu s’y trouver rattachés et les Hautes-Alpes en être séparées. Cette région a revêtu pour la Résistance en zone sud une importance particulière. Dans un premier temps, celui de l’ «invention» de la Résistance dans son organisation, ses méthodes, ses actions, Marseille et le littoral jusqu’à Nice jouent un rôle pionnier qui tient à leur caractère de refuge et d’étape. Parmi tous ceux qui échouent sur les bords de la Méditerranée, chassés par l’occupant, certains veulent continuer le combat et espèrent le mener à l’extérieur. En mettant en place filières d’exil et réseaux d’entraide, les organisations d’assistance installées à Marseille occupent une place majeure dans la constitution d’un milieu résistant précoce où se côtoient militaires et agents des services secrets, prisonniers évadés, antinazis français et étrangers, Alsaciens, Juifs, démocrates-chrétiens, francs-maçons, nationalistes non séduits par Vichy.

Presque tous les acteurs de premier plan, Henri Frenay, Claude Bourdet, Pierre de Bénouvile, Emmanuel d’Astier, pour ne citer que les plus connus, passent par la région. Beaucoup s’y sont repliés. Jean Moulin trouve là les éléments du rapport qu’il fera à Londres. Le mouvement de Libération nationale de Frenay fait ici ses premiers pas, le journal Liberté y est imprimé, plusieurs réseaux importants, français set étrangers, y naissent ou s’y installent (F2, Mithridate, Alliance, Pat O’Leary, diverses antennes du Special Operations Executive – SOE). Tous sont imbriqués et la répression, par exemple à l’automne 1941, en touchant l’un atteint les autres. Quand vient le temps de la spécialisation, Combat, pour qui la R2 est la région modèle, acquiert une position dominante grâce à son implantation au sein de la gauche laïque et socialiste. Avec Libération et Franc-Tireur, installées dans les mêmes milieux, la fusion dans les MUR ne pose pas de problème. En revanche, le réseau Carte devient en 1942 une sorte de concurrent grâce à sa position privilégiée de relai du SOE et du principal bénéficiaire des liaisons maritimes organisées dans l’Estérel et les calanques de Cassis.

L’un des phénomènes marquants de 1942 est l’expression ouverte du mécontentement de l’opposition. Plusieurs dizaines de manifestations de ménagères au cours de l’hiver, puis celles, toutes patriotiques, qui se produisent dans les principales villes les 14 juillet et 11 novembre, révèlent le rejet populaire et la conjonction de la résistance et de la tradition politique d’une région dont sept parlementaires avaient voté « non » le 10 juillet 1940.

A partir de novembre 1942, la Provence est occupée. L’occupation est surtout italienne jusqu’en septembre 1943, mais Marseille est sois contrôle allemand. La Gestapo et l’Organisation de vigilance et de répression de l’antifascisme (OVRA) décapitent les MUR, à peine constitués, entre mars et mai 1943 (affaire Flora). La région est devenue un enjeu stratégique. Le coup de main sur la flotte de Toulon et la destruction du Vieux-Port de Marseille ont été les spectaculaires introductions à cette situation nouvelle que les bombardements soulignent bientôt en visant particulièrement Toulon. En témoigne aussi la prolifération  des réseaux de renseignement. Les Anglais (Intelligence Service et SOE) sont rejoints par l’Office of Strategic Services américain ; les réseaux giraudistes bénéficient de l’implantation des services spéciaux de Vichy ; les Soviétiques son présents et le Bureau central de renseignement et d’action étoffe considérablement ses réseaux avec Gallia, Ajax et Phratrie notamment. Réseaux anglo-saxons et giraudistes bénéficient des liaisons clandestines qui relient depuis février 1943 l’Algérie et la presqu’île de Saint-Tropez, puis celle-ci et la Corse.

A partir de février-mars 1943, Armée secrète et Francs-tireurs et partisans implantent leurs premiers maquis. Ceux du Ventoux (AS) forment l’un des ensembles maquisards les plus stables et les plus puissants. Celui des Maures (FTP) donne naissance à la 1re compagnie de Provence, sorte d’unité mère pout les FTP de toute la région. Contrainte de quitter le Var, elle rejoint les Basses-Alpes, devenues en 1944 le principal lieu de concentration maquisarde en R2. A ce moment, la Résistance est devenue un ensemble très complexe. Solidement implantés, avec un encadrement dominé par les socialistes, les francs-maçons et les démocrates-chrétiens, les MUR, dirigés depuis l’automne 1943 par l’avocat aixois Max Juvénal, Maxence, jouent plutôt la carte de la prudence dans l’action et préparent la Libération. Contrôlant les principales branches de la contre-société résistante, ils sont cependant fragilisés par ses mutations. Autour de Gaston Defferre, les socialistes résistants ont des velléités d’autonome et, avec l’aide du SOE, amorcent la création de groupes armés. Les communistes, quat à eux, exercent désormais une attraction forte en milieu ouvrier. Ayant pu surmonter les arrestations des premiers temps, ils apparaissent à partir de l’automne 1943 comme l’élément le plus dynamique  de la clandestinité, contrôlant à la fois l’action des groupes urbains, celle des maquis FTP et FTP-MOI et les luttes revendicatives conduites par la CGT clandestine, dont l’action culmine avec les grèves régionales du printemps 1944. Les communistes revendiquent un rééquilibrage de pouvoir clandestin au sein des Comités départementaux e libération (CDL) et, contestant les orientations majoritaires, poussent à l’insurrection nationale. Les MUR sont également confrontés au grignotage d’un ensemble militaire constitué de la Section des atterrissages et des parachutages, des réseaux liés à Alger et de l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA), qui a pris le contrôle d’une partie de l’AS et qui, comme les FTP, garde son autonomie au sein des forces françaises de l’intérieur (FFI). Méfiant à l’égard des «politiques», recevant l’essentiel des armes, cette mouvance est appuyée par les missions envoyées pour préparer le Débarquement.

Les évènements qui suivent le 6 juin 1944 révèlent à la fois la force de la Résistance en Provence, mais aussi l’étendue de ses divisions. Sûrs de l’imminence du débarquement en Méditerranée, des centaines d’hommes, peu ou pas armés, rejoignent les emplacements prévus autour des villes ou des zones de regroupement des Alpes du Sud. Certaines localités sont « libérées » (Manosque, Forcalquier, Valréas, etc.), mais ni le débarquement, ni les parachutages escomptés n’ont lieu. Les occupants et leurs auxiliaires français contre-attaquent à partir du 10 juin ? La résistance perd près de 500 des siens dont plus d’une centaine pour la seule région d’Aix. Elle sort de cette mobilisation partiellement désorganisée et démoralisée. Les FFI éclatent entre leur chef régional, le capitaine Rossi, Levallois, qui privilégie l’action en ville, le capitaine Lecuyer, Sapin, chef régional ORA, qui fait dissidence et poursuit la guérilla dans les Alpes, et les FTP qui multiplient les coups de main et le payent parfois très cher. Atomisée entre de multiples centres de pouvoir (CDL divisés, chefs FFI ou de réseaux, envoyés d’Alger, directions communistes qui accentuent leurs pressions), la Résistance est affaiblie par la trahison. La gestapo de Marseille arrête et fait fusiller 38 responsables ORA et Mouvement de Libération national FFI, dont les chefs régionaux NAP —noyautage des Administrations publiques— et FFI, le délégué militaire régional par intérim et le Comité départemental de libération des Basses-Alpes. Pourtant la participation de la Résistance aux combats qui suivent le débarquement du 15 août n’est pas négligeable. La région est l’une de celles qui ont connu des insurrections urbaines avant l’arrivée des troupes libératrices, à Marseille, Toulon ou Nice, mais aussi dans nombre de localités plus petites comme Draguignan ou Arles. La rapidité de la Libération, acquise le 21 en Provence intérieure, tient aussi à la présence de la Résistance.

 

Jean-Marie Guillon

et Robert Mencherini

 

Bibl. : Funk Arthur Layton : Les Alliés et la Résistance, un combat côte à côte pour libérer le sud-est de la France, Edisud 2001, 229 p. Traduction de Hidden Ally, The french Resistance, Special Operations and the Landings in Southern France, 1944, New-York, Greenwood Press, 1992. Guillon Jean-Marie : Evolution des rapports de force dans la Résistance provençale à la veille de la Libération, actes du colloque La Libération de la France, 12-13 octobre 1984, Cahier de l’Institut de recherches marxistes, n° 34, 1988. Guillon Jean-Marie (dir.), La Provence de la Résistance à la Libération, Provence historique, n°XLIV, fasc. 178, Fédération Historique de Provence, Marseille, octobre, novembre décembre 1994, 140 p. 

 

 

Marseille

par Robert Mencherini

Extrait du Dictionnaire historique de la Résistance
Chapitre Territoires et régions, p.294)

Sous la direction de François Marcot

Coll. Bouquins, Robert Laffont, 2006

 

L

 

ES caractéristiques de la Résistance à Marseille renvoient à celle d’une cité portuaire, devenue zone de refuge, de repli et de transit, entrouverte sur le monde jusqu’en 1942. Elles se combinent aux traditions d’une ville ouvrière où socialistes et communistes sont bien implantés. Les nombreux réfugiés et les militaires repliés à Marseille constituent le terreau de la première résistance. Dès l’été 1940, les filières d’évasion pour les militaires étrangers, polonais et tchèques démobilisées ou britanniques retenus, voisinent avec celles d’aide aux persécutés : Comité américain de secours de Varian Fry (ERC), associations d’assistance juive, l’American Jewish Joint Distribution Committee—Joint—, l’œuvre de secours aux enfants (OSE), ou le réseau André.

A l’automne 1940 circulent des feuilles artisanales, celles de la Légion française en France, la Lettre du général Cochet ou les Bulletins jaunes du journaliste Jean Bardanne. La Voix du Vatican, née à Avignon puis imprimée à Marseille est localement la première expression d’une protestation chrétienne. Les Cahiers du Témoignage chrétien trouvent là, en novembre 1941, un circuit tout constitué. Henri Frenay commence à Marseille, quelques semaines après l’armistice, à diffuser son Manifeste et à recruter militaires de l’armée d’armistice ou démobilisés en transit comme Maurice Chevance, Bertin. Il lui confie, en décembre 1940, la responsabilité de la région. Son mouvement de libération nationale diffuse Petites Ailes puis Vérités et s’étoffe rapidement, avec, parmi d’autres, Jacques Baumel, Henri Aubry, Avricourt, et Jean Gemahling, déjà actif au ERC. Marseille est une base importante du mouvement Liberté. Guy de Combaud Roquebrune y imprime le journal à plusieurs milliers d’exemplaires. D’autres entreprises, plus modestes, participent au même refus de la défaite : ainsi Azur-Transport de Pierre Henneguier où travaille le jeune acteur Robert Lynen. Et c’est à Marseille en 1941 que Jean Moulin prend contact avec les mouvements dont les pionniers ont tous fréquenté la cité phocéenne.

La ville portuaire est aussi un lieu privilégié pour des réseaux comme Interallié —qui succède à la filière d’évasion polonaise—, Alliance, de Marie-Madeleine Forcade, Brutus ou l’organisation d’André Girard, Carte, qui se ramifie dans les Bouches-du-Rhône. Certains services liés à Vichy, issus du 2ème Bureau, Camouflage du Matériel ou Service TR du colonel Paillole, Perrier, reprennent des activités dans l’ombre, autour d’un Bureau des menées antinationales (BMA) qui fait arrêter des agents allemands mais réprime aussi les activités «antinationale» au sens vichyste. Mouvements et réseaux rencontrent inévitablement les militants des partis politiques de gauche, reconstitués dans la clandestinité. Ainsi le parti socialiste autour de Félix Goin, Daniel Mayer et Gaston Defferre (aussi membre avec André Boyer du réseau Froment-Brutus). Le parti communiste se réorganise en dépit d’une répression qui fait tomber plusieurs de ses directions. Ses thèmes de propagande se modifient en 1941 et il est à l’initiative en mai, de la création du Front national. La résistance s’exprime par des tracts et des journaux, mais aussi par des manifestations de ménagères, importantes dans cette région de grandes pénuries, et par plusieurs rassemblements qu’elle encadre : en mars 1941, à proposes de la Yougoslavie ; le 1er mai 1942, pendant lequel la foule circule ostensiblement dans le centre-ville, et surtout le 14 juillet 1942. La police vichyste ne reste pas inactive et opère de nombreuses arrestations.

L’occupation de la zone, le 11 novembre 1942, modifie la place stratégique de la cité et les conditions d’action des résistants. Des militaires de l’armée d’armistice dissoute créent l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA), sous la direction du capitaine Lécuyer, Sapin. A partir de 1943, les Francs-Tireurs et partisans français, et plus particulièrement des Francs-tireurs et partisans de la Main-d’œuvre immigrée, développent les actions armées. Les Groupes francs des Mouvements unis de Résistance (MUR), ainsi que les agents du Special Operations Executive britannique organisent aussi sabotages et attentats. La répression accrue entraîne la chute de plusieurs réseaux, de Témoignage chrétien et de l’Alliance. L’affaire Flora, menée par la Gestapo, porte un rude coup aux MUR et mène jusqu’à Lyon et Jean Moulin.

En mars 1944, les syndicats clandestins, animés par les communistes, organisent des grèves salariales dans la métallurgie. EN mai, « la grève du pain » touche de nombreuses entreprises et s’étend dans le département jusqu’au bombardement américain de la ville. Le 6 juin 1944 suscite une montée aux maquis dans les Alpes et au nord du département, maquis immédiatement et durement réprimés. Les communistes, dans la perspective de l’insurrection, appellent à ne pas abandonner la ville. E après le débarquement de Provence, le Comité départemental de libération des Bouches-du-Rhône, constitué depuis plusieurs mois sous la présidence de Max Juvenal, Maxence, (MUR-Mouvement de Libération nationale), lance, le 18 août, la grève générale insurrectionnelle. Il s’installe le 21 août dans la préfecture de Marseille ; que l’intervention des troupes de débarquement libère définitivement.

Pendant toute cette période, Marseille apparaît pour la Résistance comme un centre important d’initiatives et de commandement qui rayonne sur tout le Sud-Est. C’est aussi un grand port méditerranéen d’où l’on peut rejoindre légalement ou clandestinement, souvent au départ des calanques, l’Afrique du Nord, l’Empire, mais aussi Gibraltar ou l’Atlantique. Il reçoit, en retour, les envoyés de Londres ou d’Alger. Dans ce melting-pot internationale, les résistants étrangers, ressortissants du Reich, antifascistes italiens et espagnols ainsi que la diaspora des persécutés jouent un rôle décisif. Enfin, la Résistance marseillaise est de plus e plus fortement colorée, au fil du temps et des mobilisations, par les caractéristiques populaires, politiquement socialistes et communistes, de la cité ouvrière.

                                                                                                   Robert Mencherini

 

Bibl. : Guiral Pierre, La Libération de Marseille, Pris Hachette, 1974. Mencherini Robert, Les voies de la Résistance, de la ville refuge à la cité populaire en grève. Eté 1940-printemps 1944 à Marseille, Marseille, n° 172, 1995, p. 4-11. Robert Mencherini, Naissance de la Résistance à Marseille, Provence historique n° 178, 1994, p. 441-452.

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 11:09

Ils y laissèrent leurs bottes

Capitaine Dudouet

Chapitre de l’ouvrage «Je te dis que c’est vrai»

Marseille 1947

 Capitaine Dudouet

Ce chapitre est dédié par son auteur «à notre cher Pétré. Témoignage de dévouement. Mon colonel, vous fûtes vengé».

Dans la préface des ces récits autobiographiques, le capitaine Dudouet écrit: « Je rentrai au bataillon des Marins-Pompiers le 1er juin 1942. Ce fut notre glorieux chef, le capitaine Pétré, actuellement lieutenant-colonel, qui fit intervenir le général Granier, près du commandant Chatelet, de la caserne Strasbourg à mon sujet.

 

Il faisait noir, très noir, elle était même étrange cette nuit, non par ses ténèbres profondes, mais par un je ne sais quoi qui vous faisait frémir malgré vous. Le grand Arc de triomphe de la place d’Aix était semblable à ce qu’il était tous les jours. Le Marseillais passant n’osait dire: «té vé… la belle…» et les couples ne se lutinaient plus près de ses murailles imposantes.

Tout était désert et misérablement triste.

De temps en temps, le bruit des bottes claquait sur les dalles et les trottoirs d’asphalte, causant un peu de cette anxiété qui nous étreignait tous. Les trams eux-mêmes ne roulaient plus.

Adieu les ritournelles de jadis. Tout était triste, triste à mourir.

-Dis donc Pierre, je te dis qu’il nous suit.

-Mais il ne s’occupe même pas de nous.

-Mais si, mais si, alors qu’est-ce qu’on fait?

-Laisse ton pistolet tranquille, ça fait trop de bruit.

-Regarde, il tourne à droite… cette fois pas d’erreur, ah, marchons vite…

-Passe devant, Pierre.

-Es-tu prêt?

C’était tout près d’un bar pas très bien fréquenté… Les Noirs, les Africains, les Gouapes s’y donnaient rendez-vous. Un de ces bars quelconque, mais inquiétants, nombreux dans les parages.  D’une petite chambre du troisième, j’avais fait une cachette. J’y venais souvent «opérer»…

Il était près de minuit. Le couvre-feu était sonné. Les seuls témoins furent les matous qui désespérément miaulaient en quête d’aventures non couronnées de succès; d’ailleurs, ils devenaient très rares? La faim étant maîtresse, elle faisait ses victimes. Qui n’a pas mangé son chat?

Pierrot passe devant le Boche, et ce fut très vite fait. La bousculade eut lieu, le couteau fut planté. La porte s’ouvrit toute grande et se referma vivement sur nous. Un mouchoir sur la bouche empêche les hoquets. Nous fîmes quelques pas vers la cave et déchargeâmes notre fardeau.

Vous qui lisez ceci, les deux pieds dans les pantoufles, fermez les yeux, suivez moi bien. Ce fut le lendemain qu’il fallut le monter, raide sur mes épaules, jusqu’au troisième étage, l’œil aux aguets, profitant de l’absence des voisins de pallier. Essayez de deviner le reste. Non, n’est-ce pas, vous renoncez… Sacré Pierrot…

Tu fus le roi. Il fut mon aide, car une scie à métaux et un couteau de boucher furent les instruments qui me servirent à faire disparaître cette horreur. Je fis plusieurs voyages avec mes deux valises. Le Vieux-Port fut discret et ne me vendit jamais.

Passant, que tu sois en tram ou à pied, au milieu de la foule qui t’entoure, tourne la tête à droite, vers ce petit coin, et pense que naguère ils y laissèrent leurs bottes.

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  • : Colonel Pétré, la Résistance à Marseille
  • : Biographie du Lieutenant-Colonel Jean-Baptiste Pétré, chef régional de l'Armée Secrète AS à Marseille. Archives de l'AS, de la déportation, de l'épuration. Campagne de France et Résistance durant la 2ème guerre mondiale.
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