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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 11:21

Multon

 

Arrêté le 28 avril 1943, engagé par le Service à la date du 30 avril 1943 comme contre-agent. A été mis à la disposition de la Section de Lyon en qualité de contre-agent, après avoir travaillé avec succès dans l’intérêt des services allemands. En même temps, Multon, en qualité de courrier, a transmis à la Section de Lyon des renseignements de Brown, chef régional de groupe Franc, concernant les chefs nationaux et les possibilités de leur arrestation à Lyon. Avec la mission de surveillance, la boîte aux lettres du MUR, section de sabotage ferroviaire à Lyon et qui a été découvert à la suite de l’arrestation du courrier en chef, Le Couster, ainsi que la nouvelle boîte aux lettres de Frenay, à l’Hôtel de Bourgogne à Mâcon. Utilisant la boîte aux lettres de Fresnay, Multon est parvenu le 28 mai 1943 à donner un rendez-vous  à Mâcon où elle a été arrêtée :

 

106- Albrecht, Berthe. Alias France. Alias Victoria. Secrétaire de Frenay.

L’arrestation de femme Berthe Albrecht nous a conduit au secrétariat particulier de Frenay à Cluny. Par la surveillance de la boîte aux lettres de la section Sabotage ferroviaire, Multon a eu connaissance d’une rencontre entre Didot et Max, prévue pour le 9 juin 1943 à Paris. Multon a ainsi rendu possible l’arrestation dans le train de Paris et la remise à la Section de Lyon de Didot (alias), chef national de la section sabotage de MUR, qui, utilisé par la suite comme contre-agent par la Section de Lyon, a fait arrêter le 25 juin 1943, au cours d’une réunion à Lyon, Moulin, Jean (alias Max, alias Régis), délégué personnel de De Gaulle, président du Comité directeur du MUR, ainsi que cinq chefs du MUR.

Le 9 juin 1943, notre agent a pu faire arrêter à la station de métro La Muette à Paris, Vidal qui était recherché. Vidal s’appelle le général Charles Delestraint, chef de l’Armée secrète pour toute la France, et trente minutes plus tard, à la station de métro de la rue de la Pompe, deux collaborateurs de Delestraint, le capitaine Gastaldo Joseph, alias Galibier, chef national du 2e bureau Armée secrète, et l’étudiant Jean-Jacques Terrier, membre de l’état-major général de Delestraint.

Les documents saisis au Secrétariat général à Toulon chez le chef régional du NAP et du SR, Crémieux, ainsi que chez l’Inspecteur régional de l’Armée secrète Simonin, et le chef du 2e bureau de l’Armée secrète, Zenatti, ont été exploités immédiatement et seront transmis à Paris. Ces documents permettent d’obtenir avec une quantité de renseignements de valeur locale, la connaissance de l’organisation interne et externe du MUR, du système de camouflage des divers services, ainsi qu’une quantité de boîtes aux lettres.

Une grande partie des documents saisis concernant les renseignements des services politiques et militaires et des renseignements de valeur économique, ainsi que tous les papiers blancs ou croquis, concernant la base de Marseille, ont été remis à celle-ci, avec prière de nous les retourner.

Tout le matériel utilisé et prévu par l’Organisation pour l’établissement de fausses cartes d’identité, a été saisi, ainsi que les armes et le matériel de sabotage saisis à Nice, ont été remis aux Italiens.

15 armes à feu modèles divers en bon état, chargées et mises au cran d’arrêt.

500 cartouches environ de ces armes.

20 boudins de dynamite de 13 cm de long.

4 boudins de citrate de mercure.

3 explosifs destinés à faire sauter les rails de chemin de fer.

1 grenade anglaise de 200 gr. de contenance.

14 détonateurs en cuivre.

7 détonateurs à retardement.

Environ 25 m de cordon d’allumage Bickford.

1 fusil de chasse.

 

Et ceci dans le reste de la région :

11 armes à feu de modèle divers.

            avec environ 100 cartouches.

1 chargeur pour mitraillette.

avec 25 cartouches.

un fusil allemand modèle Mauser sans crosse.

1 fusil de chasse.

 

 

Généralités

I.- Secteurs des Mouvements Unis de Résistance.

Les abréviations et désignations sont indiquées sur la fiche jointe.

 

II.- Formations.

Les Mouvements Unis de Résistance ont été créés sur ordre de De Gaulle en février 1943 par la réunion des organisations de Résistance suivantes : Combat, Libération, Franc-Tireur.

 

Combat a été créé à Marseille par le capitaine Frenay qui a commencé à monter une organisation de résistance en septembre 1940 avec l’aide de Chevance. Cette organisation s’appelait «Les petites ailes», elle n’était dirigée que contre l’Allemagne. Au milieu de l’année 1941, cette organisation se dressa également contre Vichy et son nom fut changé en «Vérité». Au début de 1942, Vérité s’est unie à une autre organisation de résistance, «Liberté», pour former «Combat» qui a pris par la suite toute la zone non occupée de la France.

Libération a été créé par d’Astier de la Vigerie dont le frère est général et adjoint de De Gaulle.

Franc-Tireur a été fondé en février 1942 par Levy Jean-Pierre et un industriel lyonnais, à Lyon et fut reconnu officiellement par De Gaulle quelque temps après.

Sur ordre de De Gaulle, la «coordination» fut faite en novembre 1942, c'est-à-dire que ces trois organisations ont pris contact mais n’ont perdu leur indépendance qu’en février 1943 par leur fusion dans les Mouvements de Résistance Unis.

Chacune de ces trois organisations disposait d’une section de sabotage, les

Groupes-Francs qui furent également fusionnés en février 1943. Toutefois, cette section n’a qu’un chef régional, mais non un chef national, car la personne qui devait assurer cette fonction, Renouvin, alias Joseph, alias Ricard, fut prise par la police allemande. Les Groupes-Francs reçoivent leurs ordres de Frenay.

Lors de la coordination en novembre 1942, les trois organisations ont réuni les hommes de leur armée secrète en une grande armée secrète de Delestraint, alias Vidal, qui se nomme depuis février 1943 :

Armée Secrète des Mouvements de Résistance Unis. Alors que les Groupes-Francs étaient destinés à des actions instantanées, l’AS était destinée à aider les débarquements anglo-américains.

 

III.- Motif de la formation.

Beaucoup de membres du Mouvement laissent entendre que l’occupation en France serait injuste ; les Allemands sauraient que la défaite militaire de la France n’était due qu’à la trahison.

Une habile propagande du poste de radio de Londres qui représente De Gaulle comme un héros national.

Les difficultés de ravitaillement.

Le gouvernement de Vichy est considéré comme «anti-social» et «capitaliste», ainsi qu’à la solde de l’Allemagne.

La déportation pour le travail en Allemagne.

 

IV.-But.

Aide lors d’un débarquement anglo-américain dans les opérations contre les troupes d’occupation allemande avec la certitude que  les Alliés délivreront la France, restitueront aux Français leur pays, ainsi que leurs Colonies et ne s’occuperont plus ensuite de la politique de la France.

Renverser Vichy et prendre le pouvoir.

Gêner les mouvements des occupants au moyen des Groupes-Francs et attirer les populations sur l’intérêt de la Résistance par l’action.

La propagande au moyen des journaux «Combat», «Libération» et «Franc-Tireur», ainsi que les tracts excite la population contre l’Allemagne et Vichy, mais ne parle que faiblement de l’Italie car le Mouvement est convaincu qu’en cas de débarquement, les Italiens n’opposeront qu’une très faible résistance aux Alliés.

D’après les interrogatoires et les renseignements obtenus jusqu’ici, on peut conclure qu’il n’y a pas de liaison avec les Communistes ni avec le général Giraud.

 

V.- Moyen.

(D’après les dires de Frenay exprimés vis-à-vis de Brown).

 

L’argent est jeté par les avions anglais. En mars 1943, Frenay reçut cinq millions de francs par cette voie. Ces sommes proviennent de dépôts français de la Banque d’Angleterre, de bénéfices réalisés par les bateaux français voyageant pour le compte de l’Angleterre et de l’exploitation des Colonies françaises. En outre, il y a déjà eu des pourparlers pour des envois de fonds américains via Suisse.

Les officiers appartenant à l’AS sont au courant des armes cachées entre l’Armistice et le 11 novembre 1942.

 

L’AS est approvisionnée en armes et matériel de sabotage par l’organisation COPA (Centre des Opérations de Parachutage et d’Atterrissage) qui se trouve sous les ordres directs de Moulin, alias Max.

 

VI.- Succès.

Grâce à l’activité des Mouvements unis, on a réussi à répartir plus de 30.000 revues par mois dans cette région, d’y noyauter les services publics, chemins de fer, gares, police, etc. et d’y mettre des hommes qui collaborent à la préparation du Jour «J» ; ils auraient saboté ces jours-là pour obtenir ensuite éventuellement un poste important dans la nouvelle organisation politique.

Grâce à l’activité extrêmement considérable et dynamique de Chevance à Marseille et dans toute cette région, la Région n° 18 serait la plus importante. Quoique le général Delestraint, alias Vidal, parle dans son interrogatoire de 5/6000 personnes recrutées, il y en aurait rien qu’à Marseille 5000, à Nice 2000 et à Nîmes 1000.

D’après les interrogatoires, on connait les forces de guérilla suivants :

1 Cie armée dans la montagne «Monts de Lure» Basses-Alpes.

1 Cie armée au «Mont Ventoux» (Vaucluse).

1 Cie armée dans la montagne du Lubéron (Vaucluse).

1 commando de jeunes gens qui ne sont peut-être pas encore armés, dans la «Montagne de Dourbes», Basses-Alpes.

Ces forces se trouvant dans les territoires occupés par les Italiens, les autorités italiennes en ont été informées.

 

VII.- Juifs.

Il résulte des interrogatoires et arrestations qu’il y aurait beaucoup de juifs dans les postes dirigeants, tout spécialement dans les postes politiques des mouvements de résistance.

 

 

Conclusion

 

Grâce aux arrestations des chefs isolés du Mouvement par notre Section, les Mouvements de Résistance Unis restent sans direction et leur activité est paralysée pour un certain temps. Lorsque l’arrestation des personnes qui ont été découvertes aura été exécutée, il semble que l’anéantissement complet des Mouvements Unis de Résistance sera assuré.

 

                                                                                              Signé : Dunker

                                                                                              Unterscharführer

 


Rectifications :

La femme Baron, nommée page 10 sous le n° 54, ne sera pas envoyée à Paris avec le transport collectif. En raison d’une convention avec l’Intendant régional de police, la femme Baron, contre laquelle on n’a pas trouvé de participation active avec l’organisation, sera remise à la police française de Marseille.

La police française a assigné à la femme Baron un séjour en résidence surveillée à Etoile dans la Drôme.

 

rrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr

 

Lait noir du petit matin nous le buvons au soir

Nous le buvons au midi et au matin nous le buvons à la nuit

Nous buvons et buvons

A la pelle nous creusons une tombe dans là airs là on gît non serré

Un homme habite dans la maison  celui-ci joue avec les serpents celui-ci écrit

Celui-ci écrit quand vers l'Allemagne le noir tombe tes cheveux d'or Margarete

Il écrit cela et marche au-dehors et les étoiles fulgurent Il siffle ses molosses

Il siffle pour faire sortir ses juifs les laissant à la pelle creuser une tombe dans la terre

Il nous commande jouez jusqu'à la danse

Paul Celan, Fugue de mort


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commentaires

E
<br /> Enfin un blog important pour retracer l'histoire de l'occupation allemande dans le Sud-Est.<br /> Je recherche tous documents sur ARLES; pouvez-vous m'aider ?<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Ce blog est très partiel, il n'est constitué que des éléments dont je dispose depuis Bayonne. Les deux historiens spécialistes de l'Occupation allemande, de la Résistance et de la Libération en<br /> Provence, sont deux professeurs: Jean-Marie Guillon et Robert Mencherini. Vous pouvez contacter le premier grâce au site Theleme de l'Université d'Aix et le second par le Docteur Chiny qui<br /> a  réalisé un site internet fort intéressant sur Résistance Marseille R2.<br /> <br /> <br /> Cordialement à vous,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Colonel Pétré, la Résistance à Marseille
  • : Biographie du Lieutenant-Colonel Jean-Baptiste Pétré, chef régional de l'Armée Secrète AS à Marseille. Archives de l'AS, de la déportation, de l'épuration. Campagne de France et Résistance durant la 2ème guerre mondiale.
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