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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 20:31

Libération du camp de


Buchenwald
1945

Archives du

Colonel Jean Pétré



Qui se souvenait pouvait espérer survivre. Qui conservait en soi une trace du monde

cultivé pouvait encore espérer résister à la mort. Ce que l’on garde en tête est le seul

bien que la barbarie ne puisse vous ôter. C’est le dernier trait d’identité

quand tout vous a été retiré, jusqu’à votre identité même.

Savoir un poème par cœur vous met à l’abri du désastre.

Faire ressurgir en soi l’écho de ce qui fut naguère

un patrimoine spirituel est un viatique,

à l’égal de l’hostie au regard du croyant.

Jean Clair

La barbarie ordinaire.

Repris dans le catalogue de l’exposition de Zoran Music,

«Nous ne sommes pas les derniers».


Documents ayant appartenu au Lt-colonel Jean-Baptiste Pétré, chef régional de l’Armée Secrète (AS), région du Sud Est R2. Il a été arrêté par la Gestapo le 4 juillet 1943, puis incarcéré et déporté au camp de Buchenwald. Le Lt-Colonel Jean-Baptiste Pétré, né le 27 octobre 1896, est décédé dans sa ville natale à Saint-Jean-Pied-de-Port le 7 avril 1959. Sa biographie  a été publiée par l’Amicale des Anciens du 141e RIA. Elle est aujourd’hui disponible à l’adresse internet suivante http://colonel.petre.resistance.marseille.over-blog.com.

Le document n° 56 « Mémoire pour la décoration de Commandeur de la Légion d’honneur » digurant dans le dossier « Décorations et médailles », résume l’action du colonel Pétré à Buchenwald :«Devant l’avance alliée (les Américains avaient traversé le Rhin au confluent de la Lippe à Wesel, à 80 km du camp de Annen), le camp de Buchenwald fut évacué le 28 mars 1945. Les déportés, encadrés par les SS furent dirigés à pied vers l’est, en traversant toute la Rhur. Ils marchèrent nuit et jour, sans ravitaillement autre que 200 grammes de pain par jour. Quiconque tombait de fatigue était abattu aussitôt. Déjà désigné comme chef de la Résistance dans le camp, le Lt-colonel Pétré fut de suite considéré comme le chef de la colonne par les déportés français, belges et hollandais et ils se tinrent en liaison étroite avec lui. Le soir du 31 mars, la colonne complètement épuisée, arriva à Lippstadt vers 11 heures du soir. On la parqua dans un cinéma. A cinq heures du matin, un tank américain pénétra dans la ville et les SS s’enfuirent. Mais un officier de l’armée allemande prit les déportés en main et, profitant du repli momentané du tank, remit la colonne en route vers l’est. C’est alors que le lieutenant-colonel Pétré, n’hésitant pas à entrer en contact avec cet officier allemand à la faveur de la panique commençante, obtint de prendre sous son commandement les déportés français, belges et hollandais auxquels se joignirent les espagnols. Les autres déportés (polonais, ukrainiens, yougoslaves, etc.) essayèrent de s’enfuir, mais la garde tira sur eux et nombreux furent ceux qui tombèrent. Le Lt-colonel Pétré réussit à maintenir l’ordre jusqu’à la nuit et à ramener sa colonne vers la ville, à l’aube. Il se présenta au commandement américain (major O’Donnel) qui le chargea du commandement des déportés, des STO et des PG alliés de Lippstadt, soit environ 3000 personnes. Il fallut loger, habiller, nourrir, encadrer ce personnel. Aidé par un groupe de camarades (dont M. Freychet, directeur des caves ce Roquefort et M. Chambon, consul de France à Boston) le Lt-colonel pétré réussit à la satisfaction générale. Il organisa le rapatriement et ses déportés, PG et STO furent les premiers rentrés en France. Il rentra le dernier, complètement épuisé (pesant 46 kilos) le 26 avril 1945».

 

Tous les documents indiqués et décrits ci-dessous se trouvent au domicile de Mme Jeanne Duny-Pétré, Hegitoa, Eiheraberri auzoa, 4, Uluntzeko bidia, 64220 Donibane Garazi. Tél :  05.59.37.04.91. Ce travail de compilation a été réalisé par Arnaud Duny-Pétré, filleul du colonel Pétré, à Bayonne, Tél : 05.59.59.37.64. arnaud.duny-petre@laposte.net.


Présentation : 1- Numéro d’ordre ; 2- Auteur ; 3- Titre, et/ou contenu ; 4- Date ; 5- Support : nombre de pages, nature et couleur du papier, manuscrit, tapé à la machine ronéotypé, imprimé, format, état (piqué, déchiré, etc.).

 

Liste de documents et leur contenu

1- Centre de rassemblement français, note indiquant le départ des prisonniers civils, signé par le commandant du centre civil, le lieutenant colonel Pétré. Feuille tapée à la machine, format 210 mm x 270 mm.


2- Texte bref sur les conditions de vie et de souffrance au camp de Buchenwald et l’arrivée des forces armées alliées le 1er avril 1945. Trois prisonniers ont pris alors l’initiative de créer un centre de regroupement français. Il s’agit de Jean Pétré, chef  régional de l’AS pour la région de Marseille (sept départements), assisté de M. Chambon, consul de France, délégué du CNR pour la région Ouest et de M. Freychet, directeur de la société Les caves de Roquefort, chef des FFI dans la région de Montpellier. Feuille blanche tapée à la machine, format 270 mm x 300 mm.


3- Drapeau tricolore en tissus, format ? mm x ? mm. Une fiche manuscrite l’accompagne : «Drapeau tricolore ramené d’Allemagne le 23 avril 1945. Ce drapeau a été hissé le 15 avril 1945 au mat de l’usine évacuée et changée en «Groupe sanitaire» 17  Hospitalstrass à Lippstaad, lieu de libération des déportés de Vitten-Annen évacués de ce camp le 28 mars 1945 et libérés à Lippstaadt par la 9e AA et 2e Air Born le dimanche 1er avril 1945. Ce drapeau a été évacué avec les fra (?) suivants :

Bleu : donné par un PG du ‘camp de Chamonix’ à Lippstaadt.

Blanc : toile trouvée en l’usine évacuée et ayant appartenu aux SS femmes.

Rouge : toile provenant d’un vieux drapeau hitlérien trouvé au garage de l’hopitalstrass
lors des évacuations.

Ce drapeau a été cousu par une Allemande… »


4- Drapeau tricolore et triangulaire en tissus, format 250 mm x 112 mm. Une fiche manuscrite l’accompagne : «Libération du camp le dimanche 1er avril 1945 par les troupes américaines. Le colonel Pétré fut alors adopté par les combattants de l’armée des Etats-Unis sous le nom de 'French Colonel'. Une voiture Jeep fut mise à sa disposition, elle portait le petit fanion gardé ici en souvenir».

 

DRAPEAU BUCHENWALD 2 crop

Le drapeau du colonel Pétré (document n° 4)


5- Modèle réduit du Block n° 7. Carte manuscrite de A. G. Allaume : «Au colonel J. Pétré en souvenir de notre déportation au camp de Witten-Annen. Reproduction de notre Block 7 que j’ai quitté avec votre aide et celle de ‘Roquefort’ le 28 février 1945 pour aller à l’infirmerie. Avec mes bons souvenirs.
Modèle réduit du Block n° 7 du camp de Vitten-Annen (Westphalie), camp annexe de Buchewald. Ce camp a été évacué le 26 mars 1945 par les déportés considérés comme ‘valides’ et le 28 mars 1945 par les ‘invalides’ en direction de Lippstaadt où tous ont été libérés le dimanche 1er avril 1945 à 10 h par la 9e Armée américaine».

Maquette block Buchenwald 2 crop


6- Coffret contenant deux morceaux de fil de fer barbelé. Sur une étiquette, la mention manuscrite «Buchenwald, 20-4-1946, fil de fer du crématorium», accompagné du dessin d’un insigne: triangle rouge avec F au milieu. Au verso du coffret, le texte suivant: «Souvenir du pèlerinage des anciens DP et leur famille au camp de Buchenwald le 20 avril 1946, signé G. Allaume. Morceaux de fil de fer barbelés coupés sur le circuit entourant le four crématoire et le dépôt des cadavres (fil des fer soupé en fraude malgré l’interdiction des autorités occupantes. Au Lt Cl Pétré, en souvenir de notre captivité  et notre camaraderie. G. Allaume».

 

FIL DE FER BARBELÉ BUCHENWALD 2 crop

Fil de fer barbelé du crematorium de Buchenwald (document n°6)

 

7- Laisser-passer en anglais au nom de Jean Pétré, tampon des Allied expeditionary  force. Daté du 12 avril 1945. Feuille blanche ronéotypée et tapée à la machine, format 210 mm x 150 mm.


8- Le Lt. Colonel Pétré, commandant le camp des prisonniers et travailleurs civils français, belges et hollandais de la région de Lippstadt, rend son véhicule de service aux autorités américaines le 22 avril 1945. Feuille blanche tapée à la machine, format 210 mm x 150 mm.


9- Facture d’un magasin de vêtements allemands à Lippstadt. Daté du 22 avril 1945. Feuille blanche imprimée, format 210 mm x 150 mm.


10- Laisser-passer temporaire en anglais, au nom de Jean Pétré, valable jusqu’au 5 mai 1945. Feuille blanche imprimée, format 210 mm x 150 mm.


11- Etat des effectifs numériques au Centre de regroupement français, classés par catégories, total de 3185 personnes. Lippstadt le 19 avril 1945. Feuille blanche tapée à la machine, format 210 mm x 150 mm. Deux exemplaires.


12- Liste de 19 noms, malades, tuberculeux. Manuscrit sur formulaire en allemand, format 205 mm x 150 mm.


13- Note de service n°4 du Commandement des camps français de la région de Lippstadt demandant l’arrêt des réquisitions. Signé par le colonel Robert, daté du 11 avril 1945. Feuille de papier bleu tapée à la machine, format 210 mm x 135 mm. Deux exemplaires.


14- Note de service n°5 du Commandement des camps français de la région de Lippstadt signalant deux cas de typhus. Signé par le colonel Robert, daté du 13 avril 1945. Feuille de papier bleu tapée à la machine, format 210 mm x 135 mm.


15- Note de service n°16 du Commandement des camps français de la région de Lippstadt  demandant aux militaires et civils de ne plus circuler en ville. Signé par le colonel  Robert, daté du 19 avril 1945. Au verso, papier à en-tête allemand avec croix gammée. Feuille de papier blanc tapée à la machine, format 210 mm x 150 mm.


16- Ordre de service n°2 du centre de regroupement des Français, secteur de Lippstadt, indiquant aux anciens prisonniers le comportement à tenir. Signature du colonel Robert. Feuille blanche tapée à la machine, format 280 mm x 210 mm.


17- Note de service n°11 du Commandement des camps français de la région de Lippstadt organisant la circulation en ville des anciens prisonniers. Signé par le colonel Robert, daté du 14 avril 1945. Feuille de papier bleu tapée à la machine, format 210 mm x 270 mm.


18- Note de service n°13 du Commandement des camps français de la région de Lippstadt demandant aux militaires et civils de ne plus réquisitionner en ville. Signé par le colonel Robert, daté du 18 avril 1945. Feuille de papier blanc tapée à la machine, format 210 mm x 150 mm. Deuxième exemplaire su papier bleu-vert avec annotation manuscrite.


19- Rapport sur la situation faite à Lipppstadt aux français, civils et militaires émanant du Commandement des camps français de la région de Lippstadt. Thèmes abordés : discipline, nourriture, habillement, réquisitions, situation des officiers et des personnalités civiles. Signé par le colonel Robert, daté du 19 avril 1945. Feuille recto-verso de papier blanc tapée à la machine, format 220 mm x 290 mm.


20- Rapport du colonel Robert Gaston sur les officiers prisonniers et civils déportés qui ont rendu des services après leur libération, Commandement des camps français secteur de Lippstadt. Souligne «le dévouement de cinq déportés politiques de Buchenwald qui, malgré leur extrême fatigue, se sont spontanément chargés, dès le 1er avril, de rassembler et de faire vivre tous les Français de la région (...), ce sont Messieurs Pétré Jean, Lt-colonel de réserve, Chef-régional pour l’AS, région de Marseille (Bouches du Rhône, Var, Alpes Maritimes, Hautes et Basses Alpes, Vaucluse, Gard) (...)». Daté du 23 avril 1945. Deux feuilles blanches tapées à la machine, format 210 mm x 297 mm.


21- Nomination par le colonel Meunier du Lt-colonel Pétré au recensement des déportés politiques, centre de regroupement de Français, secteur de Lippstadt. Daté du 10 avril 1945. Feuille blanche tapée à la machine, format 210 mm x 297 mm.


22- Note sur «245 prisonniers politiques travaillant dans une usine de guerre à Aanen, près Witen, venus à pied par étapes forcées et encadrés par leurs gardiens SS jusqu’à Lippstadt», leur état physique et psychique très détérioré, la nécessité de les rapatrier rapidement. Cite cinq d’entre eux, dont «M. Pétré, chef régional de l’AS pour la région de Marseille», qui ont pris l’initiative de créer le centre de regroupement français. Liste des 245 prisonniers accompagnés de leur n° matricule. Daté du 16 avril 1945. Quatre feuilles blanches tapées à la machine en double exemplaire, format 210 mm x  297 mm. Liste de noms sur 10 feuilles blanches tapées à la machine, format 210 mm x 297 mm.


23- Brouillon du texte introductif de la note précédente. Daté manuellement du 24 avril 1945. Feuille blanche tapée à la machine, format 210 mm x 297 mm.


24- Liste de noms et prénoms au 1er avril 1952. «Buchenwald» en notation manuscrite de Jean Pétré. Feuille blanche tapée à la machine, format 210 mm x 268 mm

 
25- Enumération numérotée de catégories de listes ou de prisonniers. Feuillet manuscrit au crayon, format 98 mm x 142 mm.


26- Liste de noms et prénoms de travailleurs civils français, en quatre exemplaires. Quatorze feuilles blanches tapées à la machine, format 210 mm x 297 mm.


27- Un exemplaire du journal Rouge-midi, quotidien régional du PCF, n°218 du 28 avril 1945.

 

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Le lieu où ils gisaient, il avait un nom, il n'en avait pas

Ils ne gisaient pas là. Quelque chose gisait en eux

Ils ne voyaient pas à travers.

C'est moi, moi,

Je gisais entre vous, j'étais ouvert, étais audible,

Je tendais les doigts vers vous, votre souffle obéissait,

c'est toujours moi, vous dormiez, n'est-ce pas?

Paul Celan

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  • : Colonel Pétré, la Résistance à Marseille
  • : Biographie du Lieutenant-Colonel Jean-Baptiste Pétré, chef régional de l'Armée Secrète AS à Marseille. Archives de l'AS, de la déportation, de l'épuration. Campagne de France et Résistance durant la 2ème guerre mondiale.
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